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Répartir les migrants en zone rurale : le coup de grâce porté aux campagnes

Lors d’une réunion avec des préfets, ce jeudi 15 septembre, Emmanuel  a annoncé qu’un projet de loi relatif « à l’asile et donc à l’immigration dans la République sera déposé dès début 2023 ». Parmi les mesures de ce futur texte, le chef de l’État a annoncé sa volonté de mieux répartir les migrants dans les campagnes, régions pourtant en détresse, abandonnées des pouvoirs publics.

Les campagnes abandonnées par l’État

Il suffit qu’Ursula von der Leyen encourage les pays européens à « gérer les migrations avec dignité et respect » dans son discours sur l’état de l’Union pour qu’Emmanuel Macron, dès le lendemain, se saisisse du sujet migratoire. Le chef de l’État a ainsi présenté aux préfets les contours du futur projet de loi sur l’immigration qui devrait voir le jour à l’aube de l’année 2023. L’un des volets majeurs de ce texte n’a pas manqué de faire réagir les plus attentifs. En effet, Emmanuel  s’est dit favorable à une nouvelle répartition des migrants, notamment « dans les espaces ruraux qui, eux, sont en train de perdre de la population ». Selon le président de la République, la campagne pourrait accueillir ces migrants dans de « bien meilleures » conditions, contrairement aux « zones qui sont déjà densément peuplées, avec une concentration de problèmes économiques et sociaux massifs ». Si cette idée est loin d’être nouvelle – déjà, en 2015, Jean-Pierre Raffarin entendait « sauver les campagnes » en y envoyant des migrants –, elle fait fi des lourdes difficultés auxquelles sont confrontées les zones rurales.

La crise des gilets jaunes a permis de révéler au grand jour le sentiment d’abandon des populations habitant en zone rurale. Loin d’être un simple sentiment, un rapport parlementaire de février 2020 atteste du recul des services publics à la campagne. Déserts médicaux, réseaux de transport peu denses, zones blanches, taux de chômage élevé… Les zones rurales en  doivent faire face à de nombreux défis. Ainsi, à titre d’exemple, l’Association des  ruraux de France, en juillet dernier, qui alertait sur la situation de « plusieurs millions d’habitants des zones rurales [...] privés de médecins traitants ». À cela s’ajoute une disparition progressive des commerces. Selon l’INSEE, 59 % des communes rurales ne disposent plus de commerces de proximité et un habitant sur deux est contraint de parcourir plus de deux kilomètres pour trouver une boulangerie. Conséquence de cet abandon des zones rurales, les jeunes, dans leur grande majorité, rechignent à s’y installer et préfèrent rejoindre les zones urbaines. L'INSEE note ainsi, pour ce qui concerne la région Bretagne, que si 51,4 % des  vivent à la campagne, ils ne sont plus que 38 %, à 18 ans, à y rester.

Mais les difficultés des zones rurales ne s’arrêtent pas là. Depuis quelques années, elles connaissent, à l’instar des zones urbaines, une hausse de l’insécurité. En 2020, les services de la gendarmerie nationale ont ainsi comptabilisé une augmentation de 8 % de la violence. Dans certaines régions rurales, la délinquance explose comme en Bretagne (+20 %) ou en Gironde (+15 %).

Pour les habitants de ces campagnes délaissées, il y a bien d’autres priorités que d’accueillir des migrants. Contrairement à ce que laisse penser Emmanuel Macron, depuis plusieurs années, les zones rurales concentrent elles aussi d’importants problèmes économiques et sociaux. Le gouvernement devrait plutôt tenter de secourir les campagnes tant qu’il est encore temps, plutôt que de vouloir changer leur visage.

Clémence de Longraye

https://www.bvoltaire.fr/repartir-les-migrants-en-zone-rurale-le-coup-de-grace-porte-aux-campagnes/

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