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Elu local, Philippe Vardon refuse que la ville de Nice soutienne indirectement SOS Méditerranée

« Nous avons un problème avec la mutuelle choisie par la municipalité de Christian Estrosi. Cette mutuelle, la Solimut, est en réalité un soutien de SOS Méditerranée ». En plein conseil municipal de Nice le 13 octobre, le leader de l’opposition de  Philippe Vardon (Reconquête) jette un pavé dans la mare. L'affaire part d'un choix anodin de la métropole azuréenne : proposer une mutuelle communale afin d’offrir un meilleur niveau de vie aux Niçois les plus modestes. Des villes comme Orange ou Béziers ont fait ce choix, avec des résultats positifs. Si Philippe Vardon ne trouve rien à redire à l’offre commerciale du prestataire retenu par la municipalité, il pose néanmoins un veto clair et net : pas un sous des Niçois ne doit aller dans la poche de ceux qui soutiennent l’association SOS Méditerranée.

Cette position lui a valu sur Twitter une réponse de Pierre Mery, chargé par la Solimut de l’animation du réseau militant : « Je suis la personne que vous citez : merci de me rendre encore plus fier de mon action !, lance Pierre Mery. Au-delà des contre-vérités, les maladies n’ont ni couleurs, ni frontières. Agir c’est permettre à tous d’être en bonne santé. Simple bon sens quand on n'attise pas la haine… ». L'auteur de cette réponse n'est pas inconnu. Pierre Mery est un ancien membre actif de l’Union nationale des étudiants de France (UNEF), il a siégé au bureau national de l’association étudiante entre 2011 et 2014. Ex-secrétaire général de La Mutuelle des étudiants, Pierre Mery est aussi le créateur de l’association Prévention étudiante selon le propre site de la mutuelle qui loue « son parcours militant ». Un parcours que d’aucuns considéreraient comme très marqué à gauche...

Qu’est-ce que SOS Méditerranée ?

L’association SOS Méditerranée est notamment connue pour être l'armateur de l’Aquarius, un navire destiné à recueillir les migrants qui tentent de traverser la mer Méditerranée pour rejoindre le continent européen. Plus largement, cette association s’attache à secourir par voie maritime toute personne en difficulté. Elle a été fondée au printemps 2015 « grâce à la mobilisation de citoyennes et de citoyens résolu.e.s à agir face à la catastrophe humanitaire des naufrages en Méditerranée centrale », nous apprend son site internet.

On peut donc s’interroger. Pourquoi une association qui organise des sauvetages en mer est-elle ainsi la cible d’attaques politiques ? Car c'est cette même association dont les locaux ont été investis par des militants de l’association aujourd’hui dissoute Génération Identitaire en octobre 2018. Pour cette action, onze militants risquent jusqu’à un an de prison ferme.

La réponse est simple, selon ses opposants, l’ONG ne se cantonnerait pas au seul secours des migrants en mer mais remplirait un rôle de passeur. Le sénateur RN  et l’eurodéputée Nadine Morano (LR) ont d’ailleurs écopé d’une plainte en diffamation émanant de SOS Méditerranée pour avoir tenu de telles accusations. « Quand Génération Identitaire écrit SOS Méditerranée, complice du trafic d'êtres humains, je vais vous choquer : je suis d'accord ! », avait notamment déclaré l’ancienne ministre de Nicolas Sarkozy. Des accusations du même ordre avaient même été émises par l’ancien ministre de l’Intérieur  qui avait déclenché une polémique en avril 2019. Castaner avait pointé « une réelle collusion, à certains moments, entre les trafiquants de migrants et certaines ONG » en Méditerranée centrale, jugeant que les ONG « ont pu se faire complices des passeurs ».

Pourquoi cela bloque à Nice ?

Ainsi, à Nice, Philippe Vardon ne décolère pas contre la mutuelle choisie par la municipalité. Solimut « a invité SOS Méditerranée à intervenir dans leurs différents événements, constate-t-il. En choisissant cette mutuelle comme partenaire de la ville de Nice et donc en mettant nos moyens d’information et de communication au service de cette entreprise, indirectement, on contribue à demander aux Niçois de financer SOS Méditerranée : c’est inacceptable ! ». En effet, sur son site internet, Solimut évoque bien en termes laudatifs son partenariat avec SOS Méditerranée. A l'occasion du 43e congrès de la mutuelle, Sos Méditerranée avait mis en place une exposition « Eclaireuses d’humanité : visages et parcours de femmes en Méditerranée ». L'exposition montre « la réalité des opérations de sauvetage en Méditerranée et célèbre le pouvoir d’agir des femmes à travers plusieurs regards ».

A la mairie de Nice, contactée par BV, on évacue le sujet : « Cette mutuelle a juste donné de la visibilité lors d’une table ronde à ce que cette association fait en terme de sauvetage en mer ». Une position curieuse, car, historiquement, le maire de Nice  a toujours adopté un langage de fermeté sur l'immigration, bien loin de la position de SOS Méditerranée : en novembre 2016, alors président du Conseil régional, il avait fait adopter une « motion anti-migrant » avec le soutien du groupe RN. "Accueillir plus de 1.000 clandestins d'ici à la fin 2016 semble à la fois irréaliste et irresponsable", énonçait le texte voté à l’époque. Ce texte avait provoqué l’ire de la gauche et déclenché de nombreuses pétitions. En 2018, interrogé par  sur le port de Nice qui pourrait s’ouvrir aux migrants, Estrosi avait tranché net : « Jamais. Nice n’est pas Lampedusa. Moi, maire de Nice aujourd’hui, j’approuve la décision du président français ne de pas laisser l’Aquarius aborder les cotes françaises

Mais cela, c’était hier. Aujourd’hui,  propose de s’accorder avec une mutuelle soutenant activement ceux qui étaient considérés par ses anciens amis et alliés politiques comme passeurs. De son coté, Philippe Vardon persiste et signe : « SOS Méditerranée se cache derrière une action humanitaire pour mener une action clairement politique. La municipalité de Nice se cache derrière l’aspect mutualiste alors qu’elle a choisi une mutuelle dont la démarche et l'action sont politiques ». Contactées par BV au téléphone ce 17 octobre, la mutuelle Solimut et l'association SOS Méditerranée n'ont pas souhaité s'exprimer.

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