Mais si ce meurtre nous touche autant, c’est aussi parce que nous savons qu’il aurait pu être évité. Et à la répulsion et l'écœurement que nous ressentons face à ces faits immondes s'ajoutent l'indignation et la colère devant une injustice totale : Lola n'aurait jamais dû se trouver en présence de cette femme mise en examen pour ce crime.
Arrivée en France en 2016 grâce à un titre de séjour étudiant, voie d’immigration dont on connaît tous les abus, cette Algérienne se trouvait en situation irrégulière depuis 2019, avec la péremption de son titre de séjour. Le 21 août dernier, une obligation de quitter le territoire français, sous un délai de 30 jours, lui était délivrée. Le jour du meurtre de Lola, elle ne devait pas se trouver en France.
Le gouvernement français porte donc une responsabilité directe dans cette affaire.
Pour tenter d'y échapper, l'accusation facile est celle de « récupération politique » envers ceux qui mettent en cause cette responsabilité. Ce procédé, déjà usité à maintes reprises, n’a pour seul objectif que de détourner l’attention générale afin de couvrir l’inaction fautive du pouvoir en place. Les faits sont pourtant là, implacables. Ces deux dernières années, 92 % des OQTF n’ont pas été exécutées. Combien d’attaques au couteau, de meurtres, d’agressions sexuelles et de viols auraient pu être évités si la loi était simplement appliquée ? Nous le savons et le répétons depuis des années, le lien entre immigration et insécurité est manifeste. « À Paris, un délit sur deux est commis par un étranger, souvent en situation irrégulière », a déclaré l’ancien préfet de Paris Didier Lallement, ajoutant qu’il « est clair qu’une partie des primo-arrivants s’intègre par la délinquance ». Quel aveu !
À la tête de l’État, il est du devoir des gouvernants d'anticiper tout risque pour la population et de mettre tout en œuvre pour la protéger. Au point où nous en sommes, la reprise en main de la politique migratoire et des contrôles aux frontières devrait être une priorité pour le gouvernement français et les instances européennes.
Mais c'est exactement l'inverse qui se passe. Et cela résulte, non pas d'une incompétence ou d'une irresponsabilité, mais bien d'une volonté politique européenne relayée par des pays complaisants comme la France.
En 2022, le nombre d'entrées irrégulières dans l'Union européenne a nettement augmenté, atteignant son niveau le plus élevé depuis 2016. L’UE ne protège pas les frontières de l’Europe, elle facilite au contraire la submersion migratoire. Le 26 avril 2022, la Cour de justice de l’Union européenne a rappelé qu’en vertu du principe de libre circulation dans l’espace Schengen, un État membre ne peut rétablir des contrôles à ses frontières intérieures pour une durée excédant six mois, sauf apparition d’une nouvelle menace distincte de la précédente. La Cour fait d'ailleurs une application très restrictive de ce principe. Il faut croire que la mise en danger de la vie de nos concitoyens ne constitue pas une menace suffisante aux yeux des institutions européennes.
Quant au Parlement européen, il accueille en son sein des eurodéputés, notamment du centre et de la gauche, dont la principale occupation consiste à attaquer régulièrement Frontex, l’agence européenne en charge de la protection de nos frontières extérieures. Par leurs plaidoyers en faveur de l’immigration incontrôlée, ces députés ont eux aussi une part de responsabilité dans la situation actuelle.
En ne protégeant pas les frontières de l’Europe comme elle s’y était engagée, l'Union européenne se rend complice de la submersion migratoire de notre continent et de toutes ses conséquences. L’espace Schengen est une passoire par laquelle se déversent des millions de migrants, parmi lesquels de futurs délinquants. S’ils veulent éviter de nouveaux assassinats et infractions de toute nature, les États doivent retrouver au plus vite la pleine maîtrise et le contrôle de leurs frontières.
C’est la seule façon d'éviter de nouveaux drames, d'éviter le pire.
Jean-Paul Garraud