Parmi les bonnes feuilles, celle qui est devenue chroniqueuse dans « Les Grosses Têtes » nous révèle le projet - que, gouailleuse, elle s'amuse à décrire phallique - de Brigitte Macron pour Notre-Dame de Paris : « Quand je rentre rue de Valois, le cabinet est en stress : l'Élysée rêve d'un "geste architectural" et m'accuse de n'en faire qu'à ma tête. Bon, ce ne sera pas la dernière fois. Je ne regrette pas cette insubordination quand, déjeunant quelques jours plus tard avec Brigitte Macron, elle me montrera un projet culminant avec une sorte de sexe érigé, entouré à sa base de boules en or... »
Face à la première dame, le ministre de la Culture ne lâche rien, elle se décrit sur RTL comme « une vieille bête de la politique ». De même que lorsque le clergé avait émis, en 2020, « l’hypothèse d’intégrer des vitraux d'art contemporain et du mobilier du XXIe siècle » dans la cathédrale de Paris, cette dernière avait répondu : « La chose est pour moi irrecevable. » Par deux fois, donc, Roselyne Bachelot a su préserver l’authenticité de Notre-Dame de Paris, vent debout contre les polémiques.
Mais attention à ne pas lui donner le bon Dieu sans confession. Elle est quand même celle qui est capable d'affirmer, lors de la promotion de son livre, qu'Emmanuel Macron « a été formidable durant ces 682 jours ». Roselyne Bachelot affiche de plus un conservatisme à deux vitesses. Si elle a soutenu François Fillon dans sa course à la présidentielle en 2015, candidat également soutenu par Sens commun, émanation de la Manif pour tous, l’ex-ministre a toujours manifesté pour le mariage homosexuel. Autre paradoxe : autant on lui doit donc une restauration de la flèche et de Viollet-le-Duc à l’identique, autant elle est restée insensible au sort de la chapelle Saint-Joseph à Lille en officialisant le rejet d’une demande de classement de l’édifice, permettant ainsi aux pelleteuses de déconstruire (en février 2021) une part de notre passé, et ce, malgré la mobilisation d’une association de sauvegarde du patrimoine et de plusieurs personnalités politiques ou du monde culturel, dont Stéphane Bern.
Comme dans toute chose et toute personne, il convient donc de distinguer le bon grain de l’ivraie. Mais pour l’heure, réjouissons-nous et rions avec elle de cette idée complètement saugrenue à laquelle nous avons échappé !
Iris Bridier