Qui a dit que le Rassemblement national ne parlait plus d’immigration ?
Causeur. Pourquoi ne pas avoir profité de votre niche parlementaire, cette semaine, pour proposer des textes sur l’immigration à l’Assemblée nationale ?
Edwige Diaz. Je vous rassure tout de suite, le RN n’a pas abandonné le sujet immigration. Il y a un projet de loi immigration qui arrive à l’Assemblée, nous aurons tout le loisir de débattre de ce sujet majeur pour l’avenir de notre pays. Nous avons préféré consacrer notre niche aux préoccupations quotidiennes des Français, à cette France qui travaille, qui se lève tôt, qui ne parvient pas à vivre décemment de son salaire. Notre proposition de loi sur la suppression des ZFE l’illustre très bien.
Gérald Darmanin présentera son projet de loi sur l’immigration en conseil des ministres la semaine prochaine, avec la contribution d’Olivier Dussopt concernant le travail des immigrés, semble-t-il. Alors que nous connaissons une délinquance endémique dans ce que la presse de gauche continue de qualifier de « quartiers populaires », que nous prenons chaque jour connaissance de l’interminable chronique des violences à Mayotte et sortons à peine du pathétique épisode de l’ « Océan Viking », devoir une nouvelle fois légiférer sur l’immigration, n’est-ce pas un aveu de faiblesse du ministre de l’Intérieur ?
Absolument ! Et ce projet de loi ne changera rien. Nous avons été reçus au ministère de l’Intérieur, le 21 novembre, avec mon collègue député Yohann Gilet. Nous avons pu poser des questions au ministre sur son projet, et ses réponses sont inquiétantes. « Allez-vous revenir sur le droit du sol ? » lui ai-je d’abord demandé. A cette question, majeure lorsque l’on aborde le sujet de l’immigration, il m’a répondu : « – Non, on ne touche pas au droit du sol ! » J’ai ensuite poursuivi : « Allez-vous revenir sur le regroupement familial, et les élargissements que vous aviez accordés en 2018 ? » « – On ne touche pas au regroupement familial », a-t-il riposté. Notre troisième question concernait le délit d’aide à l’entrée et au maintien de manière illégale sur le territoire national. Allons-nous par exemple, sanctionner Cédric Herrou, connu pour ses actions envers les migrants ? Je ne posais pas innocemment cette question, car une semaine avant l’entrevue avec le ministre, Monsieur Herrou faisait carrément du prosélytisme dans un établissement scolaire de Vendée. Autre douche froide : non seulement le gouvernement n’entend pas sanctionner ceux qui aident les migrants à rentrer et se maintenir en France de manière clandestine, mais surtout, on autorise donc le prosélytisme et l’idéologie dans les établissements scolaires ! Bref, sur tous ces points que nous avons abordés, il n’y a aucune amélioration prévue dans les projets du ministre. Gérald Darmanin n’envisage pas non plus d’interdire les subventions aux associations potentiellement complices avec les passeurs. Je pense à SOS Méditerranée, dont les liens avec les passeurs manquent singulièrement de clarté…
J’ai aussi eu des échanges avec notre ministre du Travail. Monsieur Dussopt se félicite d’une grande avancée : pour prétendre à une autorisation du droit d’asile, vous savez qu’il faut passer un examen visant à certifier le niveau de français du candidat. En plus des 600 heures de cours payés par l’argent public, Monsieur Dussopt – imbu de cette remarquable réforme – s’est réjoui que le candidat valide son entrée grâce à l’obtention du niveau… A1, soit le niveau le plus bas. Soyons sérieux, c’est dérisoire! A l’Assemblée, nous allons tenter d’aller le plus loin possible dans tous les ajustements techniques du projet du gouvernement, pour lutter contre l’immigration. Nous demanderons, par exemple, que le candidat à l’asile valide a minima un niveau A2, idéalement un B1…
Enfin, tout le volet sur les métiers en tension est un point majeur de la loi immigration. Il s’agit du plus grand danger que nous ayons identifié. Le projet dit qu’il faudra régulariser les clandestins travaillant dans des métiers en tension. Lorsque l’on a déjà cinq millions de chômeurs et quelques centaines de milliers d’offres d’emplois disponibles non pourvues, je considère qu’il faut d’abord proposer ces métiers aux Français inscrits à Pôle emploi, ou les former à ces métiers vacants.
… Et si les citoyens français ne veulent pas prendre ces postes, comment fait-on ?
Je pense que c’est un mythe. Il y a 300 000 à 400 000 emplois disponibles, certes, mais il y a plus de cinq millions de chômeurs. On ne me fera pas croire que ces offres d’emploi ne peuvent pas être pourvues ! Jeudi, dans notre niche parlementaire, notre groupe a proposé un texte visant une revalorisation de 10% sur les bas salaires. Un deal gagnant-gagnant, puisque les patrons seraient exonérés de charges patronales. Mais sur l’autel du sectarisme idéologique, les autres partis politiques ont préféré sacrifier cette mesure qui allait vers plus de justice sociale.
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