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Equalis : les folles dépenses d’une association d’aide aux plus précaires financée par l’État

 Clémence de Longraye 14 février 2023

Déjà épinglée en septembre 2021, , une association qui vient en aide aux sans-abri et aux migrants, est une nouvelle fois soupçonnée de mauvaise gestion des fonds publics. 

Salaires mirobolants, séminaires de luxe, parc automobile… Dans un long rapport, les services de l’État pointent du doigt l’argent public dilapidé par les dirigeants de l’association.

Salaires exorbitants et avantages injustifiés

Cœur sur la main et main sur le portefeuille. Révélée par Le Canard enchaîné, l’enquête menée par des inspecteurs de la préfecture de Seine-et-Marne lève le voile sur les folles dépenses des dirigeants d’ à leur profit. Sept inspecteurs ont analysé l’ensemble des comptes de la structure qui bénéficie de 83 millions de subventions publiques, dont au moins 14 millions d’euros uniquement pour l’accueil des demandeurs d’asile. Les résultats sont accablants pour cette association qui assure pourtant agir en faveur des plus démunis. Ainsi, en 2020, Arthur Anane, alors directeur général de l’association, percevait 203.000 euros bruts. Un salaire bien supérieur à celui prévu par la législation française ! En effet, une telle rémunération « nécessiterait que l'association ait un chiffre d’affaires supérieur au milliard d'euros », notent les inspecteurs. Or, le budget annuel d’ culmine à 81 millions d’euros… Logé aux frais d’Equalis, ce même dirigeant profitait également d’une carte de 5.000 euros pour ses sorties au restaurant ou ses nuits d’hôtel, de préférence dans des établissements quatre étoiles.

Deuxième anomalie relevée par l’enquête : les effectifs de direction. Alors qu’une association normale se contente au mieux d’un directeur général, d’un directeur général adjoint, d’un directeur des ressources humaines et d’un directeur administratif et financier,  s’offre les services de 29 directeurs. Tous bénéficient de voitures de fonction (carburant pris en charge), de cartes de crédit prépayées avec un plafond entre 2.000 et 10.000 euros, et huit d’entre eux perçoivent un salaire annuel supérieur à 100.000 euros. À cette « dérive salariale » dénoncée par les inspecteurs s’ajoutent les nombreux avantages que s’octroient les dirigeants. « De nombreux cadres utilisent leur carte de paiement pour des dépenses de restauration dont les montants ne se justifient pas », notent les services de l’État. Et d’ajouter, comme le révèle Le Parisien : « Les infractions routières sont prises en charge par l’entreprise. » Mais le plus étonnant reste sans nul doute les « achats injustifiés » d’électroménager, de mobilier et de décoration destinés au domicile de l’ancien directeur et financé par les deniers d’Equalis.

À ce tableau déjà accablant viennent s’ajouter les séminaires dispendieux organisés par la direction. Séminaire à Marseille avec apéritif sur un voilier (71.000 euros), « Journée partenaires » au théâtre du Trianon (123.000 euros), soirée à Malakoff (140.000 euros)… « Il n’y a manifestement peu, voire pas, d’attention portée au bon usage des fonds publics octroyés alors même que ceux-ci sont alloués […] pour permettre à l’association la mise en place d’actions à destination des personnes en difficulté sociale », se désolent les inspecteurs.

Enquête pour abus de confiance

Après Viltaïs, association qui œuvre notamment pour la répartition des réfugiés dans les zones rurales, épinglée par la Cour des comptes, c’est donc au tour d’Equalis, également engagée en faveur des migrants, de se retrouver dans le viseur des services de l’État. En septembre 2021, les premières révélations sur le salaire « scandaleux » de l’ancien dirigeant, finalement licencié, avait conduit les employés d’Equalis à manifester contre leur direction et se mettre en grève. Dans la foulée, le parquet de Meaux lançait une enquête pour « abus de confiance », enquête toujours en cours.

Alors qu’en 2021, un membre du conseil d’administration confiait au Canard enchaîné « Ils ont perdu pied, ils ont perdu de vue l’objet social de l’association », la nouvelle direction assure reprendre les choses en main. Nommée en novembre dernier, Claire Dupond, la nouvelle directrice générale, promet de veiller « à ce que les moyens alloués à l’association servent la lutte contre la pauvreté, à ce que chaque centime dépensé soit bien destiné à l’accompagnement des personnes en situation de précarité ». Étant donné qu’il s’agit d’argent public, cela semble être la moindre des choses a priori

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