Mardi 14/2, le Parlement européen se prononçait à Strasbourg sur l’une des mesures emblématiques du paquet climat visant à la neutralité carbone en 2050 : l'interdiction à la vente des véhicules neufs (voitures ou camionnettes) dotés de moteur essence ou diesel à horizon 2035. Une disposition loin de faire l’unanimité : 340 voix pour mais 279 contre, dont celles du Parti populaire européen (PPE, droite), le plus important dans l’hémicycle.
La lutte contre le réchauffement climatique ne ferait-elle plus consensus ? Ou ne s'apercevrait-on que maintenant des conséquences d’une telle réglementation sur l’industrie automobile du Vieux Continent et ses 12,5 millions d’emplois ? A fortiori dans un contexte de guerre commerciale et technologique accrue avec les Etats-Unis et la Chine. Découvrirait-on aussi la révolution culturelle et économique qu’elle suppose pour les populations ? Même questionnement un peu tardif des élus sur les véhicules électriques : ne se tire- t-on pas une balle dans le pied alors que l’on ne dispose pas des métaux nécessaires à l’élaboration de leurs batteries ? Que ne s’est-on posé la question plus tôt? Que n’a-t-on écouté les appels à la vigilance des industriels plutôt que de les taxer de lobbying ?
Fixer un cap est une chose. S'assurer que derrière, l’intendance suit, en est une autre. La ville de Lyon vient d'en prendre conscience en faisant - un peu - marche arrière sur le sujet des zones automobiles à faible émission (ZFE). « L’auto est toujours le moyen de transport numéro un », a tweeté Christian Lindner, le ministre libéral des Finances allemand, ajoutant que « la route continuera d’être un mode de transport clé. Une politique contre la voiture ne peut évidemment pas être dans l'intérêt du peuple ». Un appel à teinter les grands principes de davantage de pragmatisme.
Olivier Baccuzat – L’Opinion 15/2/2023