par Patrick Reymond
Il y a, à travers les travers du complexe militaro industriel US et occidental, une lourde tare.
Ce n’est pas bien connu, sauf des milieux militaires. De fait, le matériel est rarement conçu pour être déployé en zone de guerre.
On a de plus en plus entendu parler de ces chars occidentaux trop lourds pour l’Ukraine, et notamment les ponts, qui ne peuvent supporter plus de 50 tonnes, idéal pour les chars soviétiques et russes, mais pas pour les occidentaux. De fait leurs caractéristiques n’ont jamais tenu compte de la réalité.
En ce qui concerne les ponts du génie français, dans les manœuvres, on évitait d’aller sur des endroits non aménagés préalablement, devant à la fois le risque qu’on faisait courir au matériel, et devant la méfiance qu’il inspirait. Et aussi, malgré tout, parce que le personnel était très insuffisamment formé.
Évidemment, si l’on s’en tient à la documentation militaire, c’était génial. Mais comme on peut le constater avec les chars, ceux-ci sont trop lourds, doivent donc combattre sur un terrain pré-fabriqué, et dans des conditions idéales. Le F22, par exemple, ne peut pas voler dans la pluie, à cause de sa coûteuse peinture. Donc, à part le Sahara comme champ de bataille…
En un mot, les occidentaux fabriquent largement de la merde comme armement, ce phénomène touche aussi désormais largement l’aéronautique, avec le foireux F35.
On se gausse des Russes qui ont modernisé leurs vieux T-62 pour les utiliser en Ukraine. Gaussons nous, gaussons nous, mais en face, ils n’ont plus de chars du tout, et même un T-62, c’est quand même une batterie mobile très efficace, disposant d’une surabondance soviétique d’obus.
La doctrine d’emploi est souvent plus importante que le matériel lui même, et en la matière, il est évident que les Russes ont toujours su tirer parti de leur matériel même obsolète. En 1945, les BT-7 restants, totalement dépassés, furent utilisés de manière habile en Mandchourie pour exploiter les percées. Bien plus rapide et autonome que le T-34, le BT-7 fit merveille. En effet, le ravitaillement était compliqué et peu évident dans un pays aussi grand, 1 550 000 km2 avec peu d’infrastructures…
On a vu, en France, le char Leclerc, finalement inutile. Ceux employés dans les interventions extérieures étaient des Amx-10. Se débattant dans les problèmes techniques et financiers, la plupart des programmes occidentaux ne sont finalement là, de plus en plus, que pour une façade qu’il est difficile de ne pas voir décrépite.
En fait, en occident, on était basé sur le tout aviation, celle-ci compensant totalement les insuffisances du reste. On peut y rajouter que les ennemis attaqués étaient eux mêmes, très faibles.
Face à la gourmandise des industriels du secteur, il n’y a pas de contre-feux. Encore ceux-ci produisent ils peu, mais des produits extrêmement onéreux. Ces enfoirés de Russes n’ont rien compris, ils produisent beaucoup, bon marché et fiable… Mauvais pour les affaires…
En Ukraine, il faut rappeler les paroles de Liddell Hart, sur la « puissance de la défensive moderne », illustrée à merveille par les pratiques du général Heinrici, la bataille de Bir Hakeim (les pertes françaises eurent surtout lieu lors de la percée), celles de Brest Litovsk, et la dureté d’entamer une ligne fortifiée, comme celle du Donbass.
Plus près de nous, les bombardements OTAN sur la Yougoslavie n’avaient entamé en rien l’armée serbe, ce qui fit plier le gouvernement, c’est la destruction systématique du pays et les victimes civiles.
Ici, pour la première fois, l’armée ukrainienne a fait ce que l’ennemi attendait d’elle, se faire massacrer, en bouchant les trous dans le matériel par la chair à canon.
Exemple éclatant de dé-modernisation, jamais observé jusqu’ici. On avait tendance à remplacer de plus en plus le facteur humain par du matériel, ici, on fait le contraire, n’ayant plus de matériel, on revient à l’humain, sans se soucier des pertes.
Les contre-attaques ukrainiennes aussi, n’aboutissent qu’à faire massacrer leurs propres hommes. Falkenhayn l’avait espéré en 1916 à Verdun, « l’artillerie conquiert, l’infanterie occupe », mais cela n’avait pas fonctionné. Les attaques allemandes étaient trop précoces et les survivants encore assez nombreux pour tenir le terrain avec l’effet indésirable de les rendre complétement fous et les changer en diables avides de tuer. Au bout de 72 heures, au contraire, certains soldats furent fait prisonniers, endormis…
« Verdun, la bataille qui a tué la stratégie ». On ne voit pas, ici de stratégie américaine. Un simple bluff de joueur de poker qui s’est révélé creux. Le joueur a joué et a perdu, et selon F. Asselineau, il faudra des décennies pour regarnir des arsenaux occidentaux déjà peu garnis, à leur niveau antérieur… Bref, des années pour revenir à de la misère… Teddy Roosevelt avait dit qu’il fallait parler doucement mais avoir un gros bâton. Ils tonitruent, menacent, jurent et tempêtent, en ayant une brindille.
Ils veulent dominer le monde ??? En promenant des B-52 dont on connait désormais la rareté ? Certains promenaient leurs sangliers et leurs menhirs, les Américains promènent LE B-52 disponible (en 2019, il en restait 74), le reste étant éparpillé sur le reste de la planète.
source : La Chute