Une étude très récente de l’École de guerre économique alerte les autorités françaises sur le rôle occulte joué par les fondations politiques allemandes financées à hauteur de 90 % par le gouvernement fédéral. Sous couvert d’objectifs culturels, éducatifs, humanitaires ou encore écologiques, deux d’entre elles ont fait du nucléaire français leur cible privilégiée.
Pour comprendre, il faut revenir en arrière. L’Union européenne est née sur les cendres d’un continent dévasté par un conflit qui a fait plus de 50 millions de morts. Aussi, son dessein initial fut « de rendre la guerre en Europe matériellement impossible en créant un marché unique du charbon et de l’acier (la Communauté européenne du charbon et de l'acier), les deux principaux ingrédients requis pour fabriquer des chars et des canons », nous avait confié Valéry Giscard d’Estaing lors d'une rencontre personnelle. Des premiers pas réussis grâce à un projet structurant recherchant paix et stabilité.
Une solidarité de façade ?
Hélas, après 70 ans d’existence, l’Union européenne n’a jamais consolidé la « communauté de destin » rêvée par ses protagonistes. Elle est aujourd’hui révélatrice de la faillite d’un modèle sans leadership : une structure technocratique produisant une batterie de normes inutiles, un Parlement sans réel pouvoir agissant dans « l’occupationnel », un Conseil incapable de gérer collectivement les grands problèmes de société et ne représentant finalement qu’une « somme d’égoïsmes nationaux » (sources : J. Arthuis (2016) Discours personnel. Club Perspectives et Réalités – L’Île aux Moines, 27 août 2016).
Derrière une solidarité de façade, les nations européennes se livrent une impitoyable guerre souveraine résultant d’intérêts économiques et sociétaux divergents, de craintes sécuritaires et d’orientations géopolitiques parfois opposées. Les exemples sont multiples : achat par la Pologne d’armes américaines pour s’assurer de la protection des États-Unis face à l'ennemi russe, excédents commerciaux allemands plombant le cours de l’euro, rôle occulte des Pays-Bas en tant que comptoir d’importation puis de distribution des produits chinois sur le continent européen. L’énergie n’est pas en reste.
Pour des raisons aussi politiques qu’idéologiques, l’Allemagne a engagé depuis une quinzaine d’années une stratégie énergétique nationale très coûteuse (l’Energiewende) avec, comme principaux objectifs, la sortie du nucléaire et l’instauration d’un mix énergétique comptant 80 % d'énergies renouvelables et 20 % de gaz. En conséquence, le prix de l’électricité allemande est aujourd’hui deux fois supérieur à celui de la France. Grâce à son nucléaire historique, l’Hexagone bénéficie d’un avantage compétitif significatif. Cette situation étant inacceptable outre-Rhin, l’Allemagne utilise tous les moyens possibles pour nuire à la filière nucléaire française. Ainsi, sous couvert technique (déchets, risques nucléaires), elle s’est toujours fermement opposée à ce que l’Europe intègre le nucléaire dans la taxonomie verte. Elle refuse également de modifier le système électrique européen indexant le prix du MWh sur le prix du gaz. En dehors de ses positions officielles, le gouvernement allemand opère aussi en sourdine par personne interposée.
Notamment, donc, via ces fondations politiques.
Rapports au vitriol
La fondation Heinrich-Böll, qui possède une antenne à Paris, a produit de nombreux documents pseudo-scientifiques stigmatisant la politique énergétique française axée autour de l’atome à l’aide d’arguments économiques (coûts des EPR ou du grand carénage), techniques et sécuritaires (risques nucléaires, production et stockage des déchets). Dans un document intitulé « Nucléaire : la France à l’heure du choix », Heinrich-Böll, associé à la revue économique française d’extrême gauche Alternatives économiques, dresse un panorama cataclysmique du nucléaire tout en présentant les énergies renouvelables (ENR) comme la panacée.
Sans surprise, Heinrich-Böll travaille main dans la main avec les écologistes d'EELV mais aussi avec plusieurs ONG fondamentalistes comme Greenpeace, Les Amis de la Terre, le collectif Sortir du nucléaire ou encore le réseau Action Climat, directement financé par Heinrich-Böll. Rapports au vitriol, actions chocs en collaboration avec des activistes, ces associations malsaines suscitent la peur pour inoculer une vision négative du nucléaire et diviser l’opinion publique française.
De son côté, la fondation Rosa-Luxembourg (proche de la mouvance extrême gauche du groupe The Left incluant LFI) mène des action violentes contre l’industrie nucléaire française à l’international en poussant, par exemple, les pays producteurs d’uranium (le Niger, notamment) à réduire leurs activités minières. Les arguments mis en avant sont de grands classiques : pratiques néocoloniales exploitant les populations locales tout en orchestrant une catastrophe écologique, humaine et sociale.
Pour lutter contre cet écosystème nuisible opérant en toute impunité sur le territoire français avec la complicité de certains partis politiques et d’ONG, l’Ecole de Guerre Economique propose la création d’une mission interministérielle de vigilance dédiée. On est décidément bien loin de l'idéal européen, cette communauté de destin engageant l’avenir collectif des peuples membres. Le rôle détestable joué aujourd’hui par ces fondations allemandes ne peut, au contraire, que renforcer le rejet.