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« 35 % des parlementaires sont francs-maçons, sommes-nous en démocratie ? » (2/2)

Dans cette seconde partie d'entretien, Serge Abad-Gallardo, auteur de Franc-maçonnerie et politique (Artège), dévoile les tractations politiques secrètes permettant de choisir un candidat aux élections ou de faire passer des lois inspirées de l'idéologie progressiste maçonnique...

Iris Bridier. Quelles lois peut-on attribuer à l’influence de la franc-maçonnerie ? 

Serge Abad-Gallardo. Toutes les lois dites sociétales, élaborées et votées depuis la Révolution ! De manière non exhaustive : le divorce et ses divers assouplissements, la crémation, l’avortement, le PACS, le mariage pour tous et bientôt, malheureusement, l’euthanasie (ce que j’avais annoncé dans un précédent livre), la PMA pour les couples de femmes et les femmes célibataires…

I. B. Vous expliquez également qu'elle œuvre pour la promotion de la crémation et de l’androgynie. Pourquoi ? 

S. A.-G. Vous évoquez là un exemple parfait d’insertion de la doctrine maçonnique dans les lois de la République. Et cela, de manière totalement subreptice. Je montre dans le livre que la crémation fut présentée, à l’origine, comme un progrès hygiéniste. Or, il n’en n’est rien. Il s’agit, en réalité, d’une conception issue de la doctrine maçonnique qui considère que le feu est purificateur. Ce caractère purificateur est d’ailleurs présent dans le rituel dès la cérémonie d’initiation à la fin du « troisième voyage ». La franc-maçonnerie considère, sur la base de conceptions alchimistes, que le feu permet la « régénération » et le retour au « Grand Tout ». En fait la crémation, prenant exemple sur le symbole du Phénix, permettrait l’accès à l’immortalité. Il faut remarquer que la loi sur la crémation ne fut en rien une demande sociale. Pour preuve, elle fut votée en 1887 et, cent ans plus tard, la crémation ne concernait, en 1980, que 1 % des obsèques.

S’agissant de l’androgynie, je montre dans le livre comment la théorie du genre est liée à la conception maçonnique de la masculinité et de la féminité. Tout d’abord, au travers du rituel qui attribue aux francs-maçons, selon leur niveau initiatique (apprenti, compagnon, maître), respectivement des caractéristiques féminines, masculines, puis féminines et masculines en forme de synthèse. Puis de certaines conceptions théologiquement erronées, travestissant même les textes bibliques, en vertu desquelles Dieu lui-même serait androgyne ! Tout comme, prétendument, Adam et Ève ! La conclusion de ces approches est que l’être parfait serait seul capable de réintégrer sa « nature divine ».

I. B. Vous écrivez que la franc-maçonnerie est à l’origine du Planning familial et de l’Association pour le droit de mourir dans la dignité afin de diffuser son idéologie. Quels sont ses autres leviers ? 

S. A.-G. Je l’écris, sur la base de mon expérience personnelle, parfaitement confirmée par des écrits maçonniques. Il s’agit, en l’espèce, du livre de Pierre Simon, ex-grand maître de la Grande Loge de France, De la vie avant toute chose, dans lequel il témoigne de la création du Planning familial par la franc-maçonnerie comme instrument de propagande en vue de légaliser l’avortement. Avec comme objectif futur, à l’époque, l’euthanasie. Ce qui rejoint la théorie de l’androgyne citée plus haut, puisque tout récemment, le Planning familial a diffusé des affiches montrant « un homme enceint », exemple parfait de la théorie du genre dissociant le genre de la nature biologique. De même, je montre que l’Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD) fut créée par un franc-maçon célèbre et homme politique (de gauche, évidemment), Henri Caillavet, afin de diffuser dans le public les idéaux maçonnique concernant l’euthanasie. De nombreuses associations nationales et internationales sont, en réalité, ce qu’un ami historien espagnol appelle des « organisations-écrans » de la franc-maçonnerie. Comme la doctrine et les travaux maçonnique se déroulent dans un temple dont l’accès est interdit aux « profanes », le seul moyen pour la franc-maçonnerie de diffuser ses idéaux, en les travestissant, sont la presse et les « associations-écrans ». Parmi celles-ci, la Ligue des droit de l’homme, la LICRA, la Ligue de l’enseignement, le Club Bilderberg, l’ONU…

I. B. Vous insistez sur le rôle de la Fraternelle parlementaire...

S. A.-G. La Fraternelle parlementaire est un groupe de francs-maçons parlementaires agissant secrètement aux fins d’introduire dans le dispositif législatif national l’idéologie maçonnique. Que l’on ne m’accuse pas de complotisme : ce fut son créateur Henri Caillavet, aidé par le président du Conseil de l’époque, Paul Ramadier, franc-maçon également, qui imagina qu’il fallait, « afin de faire passer en lois les idées réformistes, construire un cheval de Troie ». Selon les dires de l’un de ses ex-présidents, le nombre des parlementaires francs-maçons appartenant à la Fraternelle serait d’environ 35 % du nombre d’élus parlementaires. Selon ce même président, s’il arrive à jouer correctement son rôle, « les députés francs-maçons de droite comme de gauche voteront ensemble ». Je considère que la Fraternelle parlementaire est un véritable scandale et porte atteinte à la démocratie dans la mesure où les élus qui en font partie n’ont pas été élus par les citoyens pour « porter auprès des Assemblées les idéaux élaborés dans les loges » (déclaration de Fred Zeller, ex-grand maître du Grand Orient) mais pour représenter la population. Or, les francs-maçons, en France, représentent 0,34 % des électeurs, alors que le nombre des parlementaires francs-maçons s’élève à 35 % des parlementaires ! Sommes-nous vraiment en démocratie ? La seconde conclusion qui s’impose est que si, comme je le démontre, la franc-maçonnerie est une religion à part entière, la loi de 1905 n’est-elle pas ainsi violée ?

I. B. Quel est le lien entre cette Fraternité parlementaire et l’Élysée ou Matignon ?

S. A.-G. Le lien de la Fraternelle, et au sens plus large de la franc-maçonnerie, avec l’Élysée et avec Matignon est direct. En effet, d’une part, chaque année, les loges produisent un rapport synthétisant l’opinion de la franc-maçonnerie sur des sujets sociétaux, c’est-à-dire politiques. Ce rapport est remis par les instances nationales maçonniques au chef de l’État ainsi qu’au chef du gouvernement et à divers ministres ou élus nationaux qui en font la demande. Que dirait-on si l’Église ou les instances religieuses musulmanes agissaient de la sorte ? Une récente et excellente thèse de doctorat, parfaitement documentée, démontre l’influence politique de la franc-maçonnerie : « Le maçon est amené à influer sur l’élaboration de la norme de deux façons : d’abord à l’Assemblée ou au Sénat, il dispose de l’initiative, ensuite, les maçons élus – notamment- se retrouvent au sein de la Fraternelle parlementaire, une structure privilégiée de l’exercice de l’influence. »

I. B. Vous écrivez qu’en 2017, Marine Le Pen a bénéficié « d’un traitement de faveur » avec le front républicain. Qu’entendez-vous par là ? 

S. A.-G. Lors des élections présidentielles de 2017 et 2022, les sept principales obédiences maçonniques, que je cite dans le livre, ont appelé à voter pour Emmanuel Macron afin que Marine Le Pen soit battue. D’ailleurs, une Fraternelle maçonnique, nommée Camille Desmoulins, destinée à appuyer la candidature d’Emmanuel Macron fut créée spécifiquement par nombre de francs-maçons en soutien de l’actuel Président. C’est pourquoi, comme l'écrivait Raphaël Stainville, « de l’aveu d’un fin connaisseur de la Macronie, le chef de l’État dispose désormais de relais dans chaque obédience ».

I. B. Votre ouvrage met en lumière l’influence qui semble sans limite de la franc-maçonnerie, au détriment de la démocratie. Existe-t-il un moyen de la contrer ? 

S. A.-G. Je ne suis pas politologue. Je ne suis qu’un témoin et un lanceur d’alerte. Ce qui est certain, c’est qu’il est anormal que 0,34 % des électeurs influence l’élaboration et le vote de lois concernant 99,66 % des citoyens simples profanes. Tout se passe comme si la franc-maçonnerie entendait détenir les clefs de la vérité et faire le bonheur de l’humanité bien malgré elle ! L’Angleterre décida, en 1998, de contraindre les juges à déclarer leur qualité de franc-maçon. On se souvient du scandale d’un certain juge du TGI de Nice auquel s’attaqua le procureur Montgolfier. Ce dernier fut curieusement sanctionné ensuite. Sanction, d’ailleurs, ensuite annulée comme infondée juridiquement par les tribunaux ! La solution consisterait sans doute à lever le secret d’appartenance maçonnique. La démocratie, c’est le gouvernement du peuple par le peuple, et non le gouvernement du peuple par une faible minorité d’initiés se considérant comme « plus éclairés » que les « profanes » ! Je n’ai aucune animosité contre les francs-maçons en tant que personnes. Mais je conteste qu’une institution, se prétendant porteuse d’une idéologie illuminée, dirige, sur le fondement de sa doctrine ésotérique, une population prétendument « dans les ténèbres ». À remarquer, pour conclure, que la laïcité ne fut pas inventée par les laïcards et politiques francs-maçons du XIXe siècle, mais par le Christ : « Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu. » La franc-maçonnerie, si elle voulait être véritablement laïque, serait très inspirée de rendre au Grand Architecte de l’Univers ce qui appartient au Grand Architecte de l’Univers et de ne plus se mêler de politique !

Iris Bridier

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