Hortense Dufour est l’auteur d’un grand nombre de romans ainsi que quelques biographies de personnages féminins tels que Cléopâtre, Marie-Antoinette ou George Sand. Cette fois, elle nous propose un “pavé” consacré à Victoria, reine et impératrice (1819-1901).
Rien n’était évident à la princesse Victoria, devancée par cinq oncles rois et qui allait pourtant devenir, à l’âge de 18 ans, la plus importante souveraine de son époque. Son oncle Léopold de Saxe-Cobourg-Gotha est le premier roi des Belges. Il y a entre eux une grande affection réciproque qui influencera son choix d’épouser Albert de Saxe-Cobourg-Gotha malgré les pressions de son autre oncle, Guillaume IV, roi d’Angleterre, qui voulait qu’elle épouse le fils du roi des Pays-Bas pour être certain qu’elle ait un mari protestant. Le grand-père de la princesse Victoria était le roi George III, atteint d’un type de folie qu’on appelle porphyrie. Parmi ses quinze enfants, six filles et neuf garçons, il y a le duc Edouard de Kent, père de Victoria. Un père colonel détesté de ses soldats sur lesquels il fait régner le fouet. Sa férocité est telle qu’on la relie à la folie de son père George III. Mais Victoria ne connaîtra pas ce père sadique qui meurt alors qu’elle n’a qu’un ans.
Hortense Dufour nous rappelle que la dynastie du Hanovre est montée sur le trône d’Angleterre en 1714. Il s’agissait de bannir à jamais du trône anglais un souverain catholique comme les Stuarts. C’est pour cela que le Parlement anglais avait voté une loi écartant la descendance du second mariage catholique de Jacques II Stuart, au profit de la protestante Sophie de Hanovre.
La mère de Victoria est une Hanovre. Devenue veuve, elle s’entiche d’un homme manipulateur, Conroy qui va durant des années intriguer en espérant tirer profit d’un rôle de beau-père de la future reine, réclamant qu’elle fasse de lui officiellement son conseiller privé durant son adolescence, ce qu’elle refuse obstinément.
Victoria lit parfaitement le français, l’allemand, l’italien. Son oncle Guillaume IV, vieillissant et mourant, est conscient de la popularité dont bénéficie déjà sa jeune nièce. Le peuple britannique a hâte d’assister à un définitif coup de balai des wicked uncles; ces souverains fous, malveillants, qui jamais n’eurent le souci de leur peuple. Il meurt en 1837. Victoria a tout juste 18 ans. Elle choisit d’emménager à Buckingham, un palais qui tombait en décrépitude, sentait le moisi et dont le sous-sol était infesté de rats.
Elle épouse Albert de Saxe-Cobourg-Gotha en 1840 et inaugure une nouvelle coutume. On ne se marie plus le soir mais dans la matinée. On laisse désormais aux mariés quelques jours à eux-mêmes. On inaugure ainsi le “voyage de noces”. Victoria a une hantise de la grossesse mais elle tombe rapidement enceinte ce qui la met en colère. Elle qui ne voulait que peu d’enfants en eut neuf ! Son époux meurt en 1861. Reine veuve, elle ne portera plus que le noir.
Mais cette biographie de la reine Victoria, impératrice des Indes aborde aussi, bien sûr, les grands événements politiques et militaires qui surviennent durant son règne : les troubles en Afrique du Sud, l’armée anglaise exterminée par les Afghans à Gandamak, le siège de Sébastopol et la guerre de Crimée qui coûte la vie de 95.000 Français. les révoltes en Inde et les massacres contre les compagnies anglaises, la révolte des cipayes, la révolte musulmane à Kampur, les défaites de l’armée du Bengale, la guerre des Boers,… Le prestige de l’armée britannique ne cesse d’être ébranlé. C’est par ailleurs une époque de turbulences en Europe, où s’opposent notamment Napoléon III et Bismarck.
Ce livre permettra de mieux connaître cette souveraine et cette période de l’histoire de l’Angleterre aux conséquences multiples de par le monde ainsi que les innombrables imbrications entre les différentes familles royales d’Europe.
Victoria : reine et impératrice, Hortense Dufour, éditions du Rocher, 638 pages, 26 euros
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