Sexe, drogue et corruption. Décidément, la vie politique américaine ne cesse d’osciller entre la tragédie et la farce bouffonne. Après le feuilleton des frasques libidineuses de Donald Trump avec une ancienne star du porno, c’est au tour de la famille Biden de faire l’actualité avec Hunter, le fils de l’actuel président, empêtré dans de multiples scandales mêlant prostitution, toxicomanie, détention illégale d’arme à feu et accusations de malversations financières.
Une bien mauvaise publicité pour Joe Biden, engagé dans la campagne pour sa réélection et qui, tout comme son fils, se passerait donc bien d’un procès susceptible d’alimenter la chronique jusqu’aux prochaines échéances électorales pour la plus grande joie du camp républicain. Autant dire que se débarrasser de l’encombrant rejeton constitue aujourd’hui une priorité pour des démocrates pressés de voir Donald Trump retrouver au plus vite le devant de la scène judiciaire.
Le mois dernier, l’objectif semblait en passe d’être atteint avec l’annonce de la conclusion d’un accord entre Hunter Biden et la Justice dans le cadre d’une procédure de plaider coupable pour ses affaires de fraude fiscale et d’une procédure parallèle de déjudiciarisation lui permettant d’échapper à des poursuites dans l’affaire de la détention illégale d’arme à feu.
Pas de quoi satisfaire les républicains, qui ont immédiatement dénoncé la mansuétude d’une Justice politisée et une volonté d’étouffer ce qui représente pour eux le cœur de l’enquête : la potentielle implication de Joe Biden lui-même dans les affaires douteuses de son fils avec des hommes d’affaires ukrainiens et chinois.
Il est vrai que les élus républicains ne ménagent pas leur peine pour poursuivre au Congrès leurs investigations avec l’objectif clairement annoncé de faire aboutir une procédure de destitution à l’encontre de l’actuel président.
En juin dernier, deux fonctionnaires de l’Internal Revenue Service (IRS), le fisc américain, qui ont été amenés à travailler sur l'affaire d'évasion fiscale de Hunter Biden ont affirmé devant le Congrès avoir subi les ingérences du ministère de la Justice dans le but de retarder et d’entraver leur enquête. « Nous savons maintenant que le ministère de la Justice de Biden s'est activement engagé dans une dissimulation pour empêcher les Biden de faire face à la Justice. Nous savons maintenant, également, que les preuves essentielles contenues dans le dossier de corruption Biden du FBI n'ont pas été partagées avec les enquêteurs fiscaux qui ont, depuis, révélé qu'ils avaient découvert des preuves potentiellement corroborantes au cours de l'enquête », a alors déclaré le républicain James Comer, président du comité de surveillance de la Chambre des représentants.
Ce mercredi, Hunter Biden était attendu devant le tribunal fédéral de l'État du Delaware pour entériner l’accord conclu avec la Justice, mais rien ne s’est passé comme prévu. Le juge Maryellen Noreika a refusé de donner sa validation, déclarant qu’elle avait besoin de plus d’informations pour se prononcer. Face à ce revirement inattendu, le fils du président américain a finalement décidé de plaider non coupable de fraude fiscale.
Le plus inquiétant, pour le camp démocrate, étant que les procureurs, après avoir reconnu devant le juge que Hunter Biden faisait toujours l’objet d’une enquête sur ses activités commerciales, ont déclaré qu’un éventuel nouvel accord ne le mettrait pas à l’abri de nouvelles accusations. Les espoirs d’immunité se sont envolés et une épée de Damoclès reste bien vissée au-dessus de la campagne de Joe Biden.
Dans le même temps, les républicains se frottent les mains et sont bien décidés à poursuivre leurs auditions. Prochainement, Devon Archer, un ancien associé de Hunter, devrait témoigner devant le Congrès afin de confirmer ses déclarations d’après lesquelles Joe Biden, lorsqu’il était le vice-président de Barack Obama et son homme de confiance pour l’Ukraine, intervenait régulièrement auprès des partenaires commerciaux étrangers de son fils. À l’époque, Hunter Biden siégeait au conseil d'administration de la société gazière ukrainienne Burisma (de 2014 à 2019) avec un confortable salaire de 83.000 dollars par mois.
Le 20 juillet dernier, le sénateur républicain Chuck Grassley a publié une note confidentielle du FBI rapportant que le propriétaire de Burisma, Mykola Zlochevsky, avait déclaré à un agent, en 2016, lors d'une rencontre dans un café à Vienne, en Autriche, avoir embauché Hunter pour « [les] protéger, par l'intermédiaire de son père, de toutes sortes de problèmes », tout en ajoutant : « Il en coûte 5 (millions) pour payer un Biden, et 5 (millions) pour un autre Biden. »
À ce stade, des allégations et non des preuves mais dont la gravité et l’impact médiatique font apparaître que Hunter Biden pourrait bien devenir le principal obstacle à la réélection de son père.
Frédéric Lassez
https://www.bvoltaire.fr/loeil-americain-hunter-biden-obstacle-a-la-reelection-de-son-pere/