« Il n’y avait aucun fonctionnaire de la police nationale dans la nuit du 29 au 30 juillet à Béziers », confirme, auprès de BV, Robert Ménard, maire de cette commune depuis 2014. L’élu, un temps proche de Marine Le Pen, peut compter sur « une importante police municipale », armée depuis 2015, pour assurer un service minimum. Mais cela ne suffit pas. « Comme maire, cette crise me pose un vrai problème pour la sécurité de la commune, notamment les week-ends », nous explique-t-il. « J’ai demandé jusqu’à quand les policiers de Béziers seraient en arrêt maladie. Et pour certains, cela va jusqu’au 15 août. Or, à Béziers, les 13, 14 et 15 août, nous accueillons près d’un million de personnes pour la feria. J’espère qu'on trouvera une solution », s’inquiète-t-il. Pour autant, l’édile, qui salue en chemin des policiers venus communiquer auprès des Biterrois, reste aux côtés des forces de l’ordre. « Même si je suis inquiet pour la sécurité de Béziers, je les comprends totalement », commence-t-il. Et de préciser : « On a l’impression qu’on traite moins bien un policier qu’une crapule. J’ai le sentiment qu’on trouve plus facilement une place de prison pour placer un policier en détention provisoire que pour y mettre un délinquant. »
Mal-être des forces de l’ordre
Robert Ménard, bien qu’en désaccord sur la ligne politique du gouvernement, salue également la prise de position de Gérald Darmanin en faveur des policiers. « J’applaudis son courage, surtout qu’il a dû se mettre à dos toute une partie de la majorité », tient-il à ajouter. Pour rappel, le ministre de l’Intérieur, quelques heures avant de recevoir les syndicats des forces de l’ordre, a affirmé « comprendre [la] colère » des policiers. Lors des émeutes, ils « ont été valeureux, courageux. Aujourd’hui, ils ont une émotion, une colère, une tristesse. Je veux leur assurer tout mon soutien et que l’immense majorité de la population les soutient », a ainsi affirmé le locataire de la place Beauvau. Une déclaration qui fait suite à celle de Frédéric Veaux, directeur général de la police nationale, qui avait rappelé dans les colonnes du Parisien qu’« avant un éventuel procès, un policier n’a pas sa place en prison ». Une position que soutient le maire de Béziers. « Les policiers n’ont pas le droit à l’impunité. S’ils ont fait une connerie, ils doivent être sanctionnés. Mais ils ne sont pas en dessous des lois non plus », assène le maire. Il se dit favorable à une présomption de légitime défense pour les forces de l’ordre, proposition soutenue par son épouse, Emmanuelle Ménard, à l’Assemblée nationale, ainsi que par Marine Le Pen et Éric Zemmour, lors de la dernière campagne pour l’élection présidentielle.
Ce lundi 31 juillet, la préfecture de l’Hérault tente de rassurer les habitants et informe qu'« après un week-end à effectifs réduits, les policiers nationaux sont de nouveau sur le terrain à Béziers ». Si Robert Ménard s’en réjouit, il appelle à trouver une véritable solution à cette crise. « Les policiers ont le sentiment d’être déconsidérés, d’être des boucs émissaires. Il faut régler le problème de fond, à savoir le mal-être au sein des forces de l’ordre. » Déconsidérés dans leur travail, jugés par le peloton médiatique, pointés du doigt par une partie de la classe politique - notamment la NUPES, qui n’hésite pas à affirmer que la « police tue » -, les policiers lancent un cri d’alarme. Ainsi, 40 % d’entre eux sont aujourd’hui en situation de détresse psychologique et 24 % assurent avoir déjà eu des pensées suicidaires, selon le dernier baromètre de la Mutuelle des forces de sécurité. Autre preuve de ce mal-être : le taux de suicide chez les policiers et gendarmes est « anormalement élevé », s’inquiétait, en 2018, un rapport sénatorial. Emmanuel Macron, qui avait condamné, avant la Justice, le geste du policier responsable de la mort de Nahel, saura-t-il entendre leur cri de détresse et répondre à leur souffrance ?
Clémence de Longraye
https://www.bvoltaire.fr/fronde-et-mal-etre-a-beziers-100-des-policiers-nationaux-a-larret/