Alexandre Loukachenko a accordé une longue et vive interview à une journaliste ukrainienne, dans laquelle il a évoqué les premiers jours de l’opération militaire spéciale en Ukraine, ainsi que comment elle pourrait se terminer.
L’interlocuteur du président de la Biélorussie était Diana Panchenko : pas tout à fait une présentatrice de télévision ukrainienne typique, puisqu’elle figure sur la liste des sanctions de son propre pays. Aif.ru a rassemblé les principales citations.
À propos de la dernière chance de l’Ukraine
Si les dirigeants du pays ne s’assoient pas à la table des négociations dans un proche avenir, il ne restera plus qu’«un lambeau de terre» de l’Ukraine, a déclaré Loukachenko.
«Maintenant, la Russie va vous écraser. Vos effectifs et votre matériel. Il n’y a plus ces petits nazis motivés, ils sont déjà tous morts. Qui se bat ici ? Ceux que vous attraperez dans les rues et que vous amènerez ici ? Ils ne sont pas préparés. Et puis un peu de militaires. Ils n’y arriveront pas. Ils vous broieront, puis ils feront ce dont vous avez le plus peur : ils vous couperont jusqu’à la Moldavie, jusqu’à la Transnistrie».
À propos de la prise de Kiev
Selon Loukachenko, Kiev n’a pas été prise sous le contrôle de la Fédération de Russie dans les tout premiers jours uniquement à l’initiative de la partie russe.
«Poutine m’a dit qu’il peut rapidement prendre Kiev, en quelques jours, mais qu’un grand nombre de personnes mourront. Mais il craignait que les lance-roquettes multiples et les troupes ne se cachent derrière des écoles et des immeubles résidentiels, c’est pourquoi les forces armées russes sont restées à la périphérie de la capitale ukrainienne».
Loukachenko a laissé entendre que Volodymyr Zelensky devrait remercier certains négociateurs neutres, comme il l’a dit, «Des juifs et des catholiques». Cependant, le dirigeant biélorusse s’est arrêté là et n’a pas développé son idée plus en détail.
Sur le comportement de Zelensky aux débuts de l’opération spéciale
Selon Alexandre Loukachenko, le président de l’Ukraine au tout début de l’opération spéciale était dans une situation désespérée.
«En vain Zelensky s’attribue la victoire de Kiev. A-t-il vaincu l’armée russe ? Poutine a retiré ses troupes. Zelensky était terré dans une cave à ce moment-là. Il n’a fait face à rien ni personne, et les militaires ont vu comment cela finirait. Il n’y avait pas de troupes pour protéger le nord de Kiev. Seulement pour quelques jours».
Selon Loukachenko, si Zelensky avait vraiment gagné à Kiev, il n’aurait pas eu besoin de distribuer des armes à la population, lesquelles seront difficiles à reprendre.
Sur la discorde entre les alliés occidentaux de l’Ukraine
«L’Occident ne peut plus être qualifié d’uni et de collectif. En Europe, ils se prononcent déjà contre la guerre, ce sont les Américains qui en profitent, ils en ont besoin. Regardez, l’Occident donne des chars à son corps défendant».
À propos de Vladimir Poutine
«Poutine n’est plus le même. C’est Poutine au carré. Il est encore plus intelligent et plus rusé, plus sage. Il est mobilisé».
«Poutine sera le prochain président de la Russie. Les élections sont dans six mois. Je pense que ce sera Poutine. Il n’y a plus de rivaux pour Poutine en Russie maintenant».
Sur l’avenir de Zelensky
«Je vais vous dire, si les élections ont lieu dans un avenir proche, l’un des militaires [gagnera]. Boudanov ou quelqu’un d’autre deviendra président. Quelqu’un de l’armée, mais pas lui», a déclaré Loukachenko.
«Beaucoup de gens commencent à vraiment évaluer Zelensky. C’est pourquoi il se débat. Fixer des élections (quand vous en aurez, elles auront lieu dans un an ou deux) ou utiliser la loi martiale, les reporter. C’est très ambigu. Et il est loin d’être certain que Zelensky remportera ces élections, bien que vous lui donniez 90% de cote. C’est absurde».
À propos de la rébellion du groupe Wagner
«Même les Américains et nos ennemis ne voulaient pas de la victoire de cette SMP, ils s’inquiétaient des armes nucléaires. Qui l’aurait eu ? Jenia Prigojine ? Excusez du peu».
«La Russie a tiré des conclusions après la rébellion de la SMP. Dans un avenir proche, de telles rébellions seront impossibles. Personne ne renversera Poutine aujourd’hui», assure Loukachenko.