En date du 5 septembre, Rachida Dati, maire du 7e arrondissement, aujourd'hui porte égide de la droite parisienne, brandissait l'étendard de la protestation et de la mauvaise humeur de ses électeurs. Il est vrai que les taxes foncières, dans la Capitale comme ailleurs, ont pris cette année un sérieux coup de multiplicateur, aboutissant en moyenne à une hausse de 62 %.
Son groupe "Changer Paris", ciblant les fautes, les erreurs, et parfois les mensonges, de Mme Hidalgo, ne peut évidemment que bénéficier d'un capital de sympathie de la part des électeurs, des contribuables et même des amoureux de Paris, s'il en existe encore.
Les arguments qu'elle développe, tout en étant recevables par ailleurs, restent pourtant éloignés du dossier qu'elle cherche à ouvrir. Avec Anne Hidalgo, en effet, et Mme Dati n'a pas tort de le rappeler, les recettes fiscales et les tarifs de services publics ont augmenté de 43 %, et depuis 2001, date de la conquête d'une municipalité jusque-là séculairement bien gérée, la dette de la Ville est passée de 1 à 10 milliards d'euros. La vie quotidienne s'est également quotidiennement dégradée. Et, fait significatif, plus de 12 000 Parisiens quittent leur ville chaque année, de telle sorte aussi que 3 200 élèves manquent à l'appel, conduisant à autant de fermetures de classes.
Tout ceci ne peut qu'inciter à censurer la petite coterie de bobos et de gauchos qui, nomadisant à l'Hôtel de ville, s'y incrustent depuis plus de 20 ans.
Ce n'est plus un bail : c'est une emphytéose.
Oui, mais.
La hausse délirante de la taxe foncière cette année, doit être considérée comme la conséquence directe d'une politique fiscale dont, pour une fois, Mme Hidalgo ne saurait être tenue pour responsable.
L'idée folle remonte au candidat Macron et à sa promesse, dès 2017, hélas tenue, de supprimer la taxe d'habitation, impôt dont le principe était juste, puisqu'il s'agissait de faire payer les services municipaux par ceux qui les utilisent. Elle ne sera plus supportée que par ceux qui précisément y font le moins recours : les vilains propriétaires des résidences secondaires. Rarement le mot d'ordre des communistes de juin 1936, le "faites payer les riches" lancé par Maurice Thorez n'a reçu un écho aussi franc et massif. Bien évidemment l'idée de faire supporter la fiscalité locale sur les seuls assujettis à la taxe foncière, c'est-à-dire les propriétaires, cela va dans le même sens – le même contre-sens. Les plus touchés se révèlent, à vrai dire, les bailleurs – car les propriétaires habitant ne payeront guère plus que l'addition qu'ils supportaient à l'époque des deux taxes. Et ceci pénalisera un peu plus le marché du logement locatif, déjà fortement impacté... Merci qui ? Merci Macron, merci les Macroniens. Ce constat n'enlève rien à la sottise et à l'incapacité de Mme Hidalgo.
Comme en 2020, hélas, les macroniens imaginent coiffer au poteau la droite parisienne et s'emparer de la Municipalité à la fin de la deuxième et déplorable mandature de Mme Hidalgo. Le sémillant Attal se place singulièrement sur les rangs. Rappelons à ce sujet la carrière du personnage. Cet ancien directeur de cabinet de Marisol Touraine au ministère de la Santé exerce aujourd'hui ses talents en qualité de ministre de l'Éducation nationale. Il s'attache, Valeurs actuelles dixit, à "séduire la droite" grâce au dossier légèrement inflaté de l'abaya. Or, si l'on se perd dans l'océan de ses compétences, on peut noter aussi qu'il officia, de mai 2022 à juillet 2023 en tant que Ministre délégué chargé des Comptes publics.
En 14 mois, on ne l'a pas vu, hélas, résoudre la pagaille fiscaliste résultant, dans les comptes des collectivités locales comme dans celles de l'État central parisien, de l'application d'une promesse électorale aussi irresponsable que la suppression de la Taxe d'habitation.
Il se pose en homme d'ordre en direction de l'électorat bourgeois. Que n'a-t-il mis de l'ordre dans ce dossier cumulant le désordre et la démagogie ?
Il paraîtrait donc plus que paradoxal qu'à ce titre il puisse, lui qui s'est faire élire en 2014 conseiller municipal de Vanves, puis en 2017 député d'Issy-les-Moulineaux, briguer la succession d'Anne Hidalgo. En 2020, Mme Buzyn porta la responsabilité de la réélection de cette Mégère. En négligeant de porter le choc contre la Macronie, en omettant de mettre en cause la pagaille fiscaliste, la combattive Mme Dati me semble se tromper d'ennemi.
JG Malliarakis