On a beaucoup dit que le gouvernement de Giorgia Meloni, élu sur un programme très à droite, ne tenait que timidement ses promesses.
On disait que la dirigeante italienne était tétanisée par les règlementations européennes sur l’immigration, qu’elle était pieds et poings liés et que, somme toute, il y avait, dans ce « populisme » qui avait donné tant d’espoirs aux méchants fachos, assez peu de contenu crédible. Les récentes décisions du président du Conseil italien semblent pourtant aller à l’encontre de cette opinion familière aux pessimistes de droite.
Giorgia Meloni s’est rendue la semaine dernière à Cavaiano, près de Naples. Il y a quelques mois, dans cette banlieue gangrenée par la Camorra, deux fillettes de dix et onze ans ont été violées en réunion par d’autres enfants. Ces faits divers atroces et récurrents, qui montrent une criminalisation croissante au sein d’une jeunesse amorale et sans repères, interviennent alors que les « baby gangs » comme les appellent nos voisins transalpins, ces bandes d’adolescents recrutés par les chefs mafieux, sèment la terreur dans les banlieues. Le décret qu’elle vient de promulguer s’appelle donc symboliquement « Décret Cavaiano ».
Ce décret, présenté en conférence de presse avec plusieurs ministres, prévoit la possibilité d’arrêter les adolescents de 14 à 18 ans, alors qu’aucun dispositif légal n’encadrait jusqu’alors la délinquance juvénile. Les mineurs pourront être arrêtés pour détention d’arme blanche (l’équivalent, chez nous, du célèbre Opinel dans la chaussette) et un juge pourra même leur interdire de détenir un téléphone portable. Par ailleurs, le gouvernement veut également de responsabiliser les parents : ceux dont les enfants ne vont pas à l’école pourront faire de la prison (alors que seule une amende de 30 euros les menaçait auparavant). Jusqu’à deux ans si l’enfant est tout bonnement décrocheur avant l’âge de seize ans, un an si son taux d’absentéisme est élevé.
Le décret Cavaiano s’inscrit dans la volonté plus globale de lutter contre ce que l’on pourrait appeler la perte des valeurs morales parmi la jeunesse italienne. Ainsi, dans cette même conférence de presse, Giorgia Meloni révèle que l’âge moyen du premier visionnage de film pornographique en Italie se situe entre six et sept ans. « Il est absurde de ne payer que 30 euros pour ne pas envoyer les enfants à l’école, affirme Giorgia Meloni. À 6-7 ans sur des sites pornographiques ? Je suis terrifiée. » (Orizzonte Scuola Notizie).
Giorgia Meloni elle-même reconnaît que ce décret n’est qu’une solution - ponctuelle et partielle - à plusieurs problèmes de fond. L’accès des mineurs à la pornographie, la démission des parents, l’absence de discipline en famille et à l’école, l’inculture généralisée, le culte de la violence, la submersion migratoire (et, partant, culturelle), sont autant de facteurs de risque contre lesquels le rempart d'une loi parait bien mince. Mais la politique intérieure de Giorgia Meloni a pour elle une bonne dose de courage.
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