Laxisme judiciaire
Deux mois se sont écoulés depuis le viol barbare subi par Mégane. Après plusieurs semaines dans le coma, la jeune femme de 29 ans, toujours hospitalisée, remonte doucement la pente. « Sur le plan physique, c’est chaque jour un peu mieux, mais il y a des hauts et des bas. Psychologiquement, c’est plus compliqué… » nous confie son père. Son agresseur présumé, quant à lui, dort derrière les barreaux.
Alors que l’enquête se poursuit et qu’un procès devrait avoir lieu d’ici deux ou trois ans, Ludovic n’espère plus rien de la Justice. « Au début, j’ai même pensé à me faire justice moi-même pour qu’il paie vraiment… » admet-il, après avoir finalement renoncé à ce projet. « Je pense comme Madame Monguillot. On a une justice à deux balles, dans notre pays. L’agresseur de ma fille n’avait rien à faire dans la rue. Si la Justice avait fait son travail, ma fille n’aurait pas été agressée », poursuit le père de Mégane. En effet, malgré de multiples condamnations par le juge des enfants pour des faits de violences et d’atteintes aux biens, une procédure de viol sur mineur (finalement classée sans suite) et une enquête pour agression sexuelle sur sa sœur, Oumar N. n’a jamais été envoyé en prison.
Aujourd’hui, si l’agresseur présumé de sa fille encourt la réclusion criminelle à perpétuité, Ludovic n’y croit plus. « Il ne faut pas être dupes… Au mieux, il prendra 15 ans, sortira au bout de 10 ans et recommencera. Ma fille, une petite Française sans histoire, a pris perpète. Lui non… Je pense comme Madame Monguillot : la Justice n'est pas du côté des victimes », dénonce-t-il. Et d’ajouter : « Ce que je redoute le plus, c’est qu’on lui cherche des excuses ou qu’on le déclare déséquilibré et qu’il échappe au procès. »
Le silence du gouvernement
Depuis l’agression d’une violence inouïe subie par sa fille, Ludovic est également en colère contre l’exécutif. « On a reçu – et on en reçoit encore - beaucoup de soutien d’anonymes. Mais le gouvernement a gardé le silence », regrette-t-il. Il y a quelques jours, Bérangère Couillard, ministre délégué à l’Égalité femmes-hommes, assurait pourtant, au micro de BFM TV, avoir « souhaité entrer en contact » avec la famille de Mégane. Faux, rétorque Ludovic. « On n’a jamais été informés qu’elle avait essayé de nous joindre », nous explique-t-il. « On était à la rue, complètement largués. On ne savait pas quoi faire. On ne s’attendait pas non plus à une grande aide du gouvernement, mais au moins à une main tendue. On ne voulait pas une déclaration de soutien impersonnelle », ajoute le père de famille.
Pour Ludovic, derrière ce silence « assourdissant » se cache une « gêne ». « Le gouvernement fait l’autruche. Il ne veut pas prendre conscience du problème. Je reste persuadé que cette affaire a été étouffée parce qu’elle les dérangeait », accuse-t-il. Un sentiment partagé par Véronique Monguillot qui, dans son récent entretien auprès de BV, déclarait : « L’État ferme les yeux. Nous, les "petites gens", nous ne sommes rien. On a eu du soutien du gouvernement, mais ce sont des mots. Il faut des actes. Il y a plein de choses à faire pour que la violence s’arrête. »
Malgré cette inaction de l’exécutif, Ludovic refuse de laisser Mégane tomber dans l’oubli. « Aujourd’hui, c’était ma gamine, mais demain, d’autres femmes, comme la sexagénaire violée à Versailles, seront victimes », s’inquiète le père de famille, qui promet désormais de tout faire pour protéger ses filles.
Clémence de Longraye
https://www.bvoltaire.fr/soutien-a-madame-monguillot-le-pere-de-megane-denonce-une-justice-laxiste/