Certes, le service minimum macronien a été assuré. Coup de téléphone à Benyamin Netanyahou, sans oublier d’autres communications avec les principaux chefs d’État de la région. Mais rien de tangible ni de fracassant, si ce n’est cet appel, lancé hier, lors d’un séminaire franco-allemand tenu à Hambourg, avec son homologue le chancelier Olaf Scholz, visant à « ce qu'aucun autre acteur hostile à Israël ne cherche à tirer avantage de ces attaques ». L’Iran en ligne de mire, donc. C’est tout. C’est peu. On ne voit pas, on n'entend pas Macron.
L’Allemagne commence à en rabattre
Comme si la montée électorale de l’AfD, en passe de devenir la deuxième force politique d'Allemagne, ou du RN changeait la donne. Cité par Le Figaro du 9 octobre, Jacob Ross, chercheur à la Société allemande de politique étrangère (DGAP), estime que « l’époque où Berlin pouvait se permettre de manifester une certaine condescendance à l’égard du voisin français où le Rassemblement national a su s’imposer est terminée. Les deux pays sont aujourd’hui dans le même bateau. » Jacob Ross voit là un « moyen de ressouder l’unité franco-allemande autour de l’adversaire commun d’extrême droite, en vue des élections européennes ». Bref, pour l'Élysée, la percée électorale du populisme semble plus alarmante que celle, militaire, du Hamas palestinien.
Pourtant Macron, élu par les Français, semble de plus en plus occupé par... l'Europe. Le samedi 7 octobre, alors que les terroristes de Gaza frappaient Israël au cœur, Ursula von der Leyen était l’invitée d'honneur du campus de Renaissance, le parti présidentiel. Une invitation décalée, au moment justement où von der Leyen montre son impuissance dans le drame d'Israël. Et alors que les Français se détournent de l'institution européenne.
Où est la voix de la France ?
Mais Macron, c'est l'Europe, et l'Europe, c'est Macron. Ce que résume la députée RN Edwige Diaz : « En invitant la présidente de la Commission européenne au campus du parti Renaissance à Bordeaux, Emmanuel Macron fait un aveu : le bilan d’Ursula von der Leyen, c’est le sien ! »
Peut-être ce double bilan d'Emmanuel Macron est-il trop lourd à porter ? Peut-être son impuissance lui pèse-t-elle ? Marine Le Pen, invitée de Sonia Mabrouk sur Europe 1, ce mardi, a beau jeu d’affirmer, à propos de cet hypothétique « rôle » diplomatique de la France et de l’Europe : « La France n’est plus audible. Elle n’a plus d’aura, elle n’a plus de diplomatie. Elle s’est soumise à la diplomatie de l’Union européenne, qui est un canard sans tête ; voire même toxique sur un certain nombre de sujets. » Et de poursuivre : « Il faut que la France retrouve une voix particulière qui permette de rapprocher les points de vue les plus éloignés. »
En bonne macroniste qui parle beaucoup et agit peu, von der Leyen a affirmé que le seul ennemi demeure le « fondamentalisme islamique » et non point tel ou autre peuple, ou telle ou telle religion. Le général de Gaulle sut incarner ce discours respectueux des peuples. François Mitterrand et Jacques Chirac aussi, en une moindre mesure. Mais décidément pas Macron.
Nicolas Gauthier
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