Le téléphone était caché entre la commode et le mur de la chambre de Malik (le prénom a été changé), 15 ans. Découvert en perquisition, l’iPhone a révélé les obsessions mortifères de ce collégien de la banlieue de Tours (Indre-et-Loire). Il y a d’abord cette vidéo. Sous le nom de guerre « Abou Souleyman Al-Faransi », l’adolescent, dont le visage poupin trahit l’extrême jeunesse, se filme vêtu d’un qamis blanc, un keffieh sur la tête et un holster supportant un pistolet d’alarme à l’épaule.
Après avoir pointé l’arme face à la caméra, il menace : « Oh Occident, (…) nous rentrons chez vous pour vous tuer comme vous avez tué nos femmes et nos enfants au Sham. Allah Akbar ! » Il y a aussi ces recherches sur la fabrication d’explosifs, ces téléchargements d’articles relatant des attentats commis en Israël par Daech… Et, surtout, ces intrigantes conversations avec de nombreux autres mineurs radicalisés de toute l’Europe.
Malik est au cœur d’un projet d’attentat récemment déjoué par les policiers de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI). Une affaire surprenante qui illustre avec acuité la menace terroriste actuelle et la nouvelle génération du djihad. Avec plusieurs complices, Malik est soupçonné d’avoir fomenté une attaque antisémite contre une ambassade israélienne, en particulier celle implantée près de Bruxelles.
Les investigations ont mis au jour une cellule terroriste entre la France et la Belgique impliquant des adolescents de diverses nationalités connectés par les messageries chiffrées et les jeux vidéo. « Cette cellule avait une volonté manifeste de reconnaissance internationale et pour objectif d’être adoubé par l’État islamique (EI), relève la DGSI dans un rapport. (…) Souhaitant tuer les civils résidant en Occident, sa haine s’est orientée vers la communauté juive. »
Prosélytisme dans la cour de récré
Pour l’heure, quatre suspects ont été interpellés en France et en Belgique. Trois ont été mis en examen à Paris par un juge antiterroriste pour « association de malfaiteurs terroriste criminelle » les 31 août et 8 septembre derniers. Il s’agit d’un Français de 15 ans – Malik – et de deux Russes de 16 ans d’origines tchétchène et ingouche. Le dernier, un Belge de 16 ans, a été mis en examen pour terrorisme à Bruxelles.