Que s’est-il passé ?
Selon Le Figaro, le fournisseur de services monétiques Worldline a connu une panne entre 12 h 30 et 13 h 15. Ce n’était ni une « cyberattaque » ni un « problème du réseau de paiement CB », explique le groupement Carte bancaire. Pour Jean-Baptiste Giraud, d'Économie Matin, « cette panne majeure des paiements par carte bancaire illustre la dépendance croissante envers les paiements électroniques et la nécessité, pour les infrastructures de paiement, de rester robustes et sécurisées afin de minimiser les interruptions et les inconvénients pour les commerçants et les consommateurs ».
Quarante et un millions de transactions par carte bancaire se font tous les jours, en France, un geste automatique pour les Français, tant le paiement électronique est entré dans les mœurs depuis l’invention de la carte à puce, dans les années 70. Aujourd’hui, la part des paiements en espèces baisse significativement, même si elle se maintient à 50 % en France, au profit d’autres moyens de paiement, cartes bancaires en tête.
Pourtant, selon une récente étude de la Banque de France, 57 % des consommateurs en France considèrent qu’il est important d’avoir la possibilité de payer en espèces, 60 % pour la zone euro, « ils soulignent deux avantages associés à ce mode de paiement : une meilleure gestion des dépenses et la protection de la vie privée », souligne le rapport.
Dématérialisation des transactions, tout numérique, promotion de l’identité numérique : autant de techniques qui, si elles semblent faciliter la vie quotidienne, restent à la merci d’une faille technique, comme l’a montré l’épisode de samedi dernier, qui n’est pas le premier de ce type.
La fin de l'anonymat : une menace « extrêmement grave »
Mais au-delà de l’aspect purement technique, on peut y voir également un appel à la réflexion : n’y a-t-il pas, effectivement, une menace directe pour l’exercice de nos libertés individuelles ?
Contacté par BV, Nicolas Dupont-Aignan réagit : la fin des paiements en liquide, « c’est la fin de l’anonymat et la traçabilité de tous les paiements, martèle-t-il. Aujourd’hui, les banques n’ont pas le droit, sauf réquisition judicaire, de transmettre à l’État [les données des cartes bancaires]. […] Quand vous aurez un euro numérique, il n’y aura plus la frontière de la banque. […] En Autriche, le chancelier a dit qu’il constitutionnaliserait les espèces. »
En effet, « en Autriche, argumentait récemment le chancelier Karl Nehammer, 47 milliards d’euros sont retirés, chaque année, aux distributeurs automatiques de billets et, en moyenne, chaque Autrichien transporte 102 euros en espèces. […] C’est pourquoi, en tant que chancelier de cette République, je m’engage à faire en sorte que l’argent liquide soit protégé par la Constitution en tant que moyen de paiement. » La fin de l'argent liquide impose a minima un changement de mode de vie. « C’est une société abominable de traçabilité et de fin de l’anonymat, reprend Nicolas Dupont-Aignan. Même Christine Lagarde a reconnu la fin de l’anonymat avec l’euro numérique. […] La jonction euro numérique-identité numérique-monnaie unique est mortelle pour l’individu et les libertés individuelles. Et c’est tellement proche qu’il faut lancer une grande mobilisation dans le pays. Tout est écrit, c’est pour 2027-2028, avec l’identité numérique en 2030. Ce qui se prépare est extrêmement grave, ce n’est pas du tout anodin pour la liberté d’entreprendre, pour la liberté de consommation, la liberté de se déplacer. Cela paraît de la science-fiction, mais c’est demain matin. »
Comment réagir ?
Nicolas Dupont-Aignan croit à la force du peuple, à une réaction « par des mouvements d’opinion comme cela s’est fait en Suède ou en Autriche. Je demande, par exemple, aux militants de retirer, chaque semaine, 20 euros et de payer en espèces. […] On a, ici, un combat magnifique où chaque personne, individuellement, peut changer le cours des choses. Il faut bloquer ce que j’appelle cette tentation totalitaire. » Il avertit : « L’étape d’après, c’est le paiement par reconnaissance faciale comme en Chine. L’homme sera alors devenu un robot. »
Il ne s’agit évidemment pas d’aller contre le progrès qu’offrent la numérisation des moyens de paiement, gain de temps et de productivité, et la fluidité des transactions. L’usage qui peut en être fait est, en revanche, problématique. Et avec le projet européen de l’euro numérique (2027-2028) et celui de l’identité numérique, une menace considérable pèse sur l’existence même de nos libertés individuelles. C’est pour demain !
Marie d'Armagnac
https://www.bvoltaire.fr/panne-des-paiements-par-carte-bancaire-la-menace-du-tout-numerique/