Saison 1 : le sénateur, rallié au mouvement Horizons (le parti d'Édouard Philippe, pour ceux qui auraient du mal à suivre), connaît deux grands malheurs dans la même journée. Sa visite à un ami en phase terminale du cancer l'a bouleversé. Par ailleurs, son chat avec qui il file une parfaite amitié depuis vingt ans est sur le point de mourir. Se souvenant qu'un collègue lui a remis une substance euphorisante au lendemain de son épuisante réélection, arrivé chez lui, Joël Guerriau en dépose quelques gouttes dans une coupe de champagne. Il va pouvoir aller s'éclater sur le dance floor, faire tournoyer son attaché-case et, ainsi, oublier cette maudite journée. Mais il se ravise. Sans Gérard Larcher aux manettes des platines, la soirée sera monotone. Il range donc ce verre dont il n'a pas vidé le contenu.
Saison 2 : au lendemain de ces funestes événements, le « tuffeur » triste invite en son domicile la députée MoDem Sandrine Josso afin de fêter la fameuse réélection qui le laissa exsangue. À ce moment (roulement de tambour)... Joël Guerriau sort deux coupes du placard, dont celle contenant encore le produit versé la veille. Trinquons à la santé des électeurs ! Distraite par les misères de son interlocuteur, Sandrine Josso se trompe de verre ! Musique d'angoisse. Elle boit le cocktail que son hôte s'était préparé au soir des obsèques annoncées de son matou. Sur le chemin la menant à l'Assemblée pour un vote nocturne, la députée chancelle. Visite à l'hôpital, examen. Une présence d'ecstasy est détectée dans son organisme.
Y a plus de saison : le conteur-avocat reconnaît la maladresse de son client qui débute dans l'écriture de téléfilms pour France 2 : « Ça peut vous paraître surprenant, tiré par les cheveux, tout ce que vous voulez, mais il n'y a pas que des vérités lisses, simples, simplistes. C'est sa version et je le crois complètement. » Conscient de la mission périlleuse qui l'attend, l'avocat se préparerait à un plaidoyer chanté avec chorégraphie et reconstitution du tour de passe-passe en présence de Patrick Sébastien.
Sur un dernier point, la polémique fait rage. D'après BFM TV, « des traces d'amphétamines, d'opiacées, de cannabis, de cocaïne, de méthadone et de MDMA ont été retrouvées dans le sang du parlementaire ». Le cascadeur des prétoires, maître Remi-Pierre Drai, dément fermement ce rapport d'analyse : « Dans son sang, dans ses cheveux, dans ses urines, on n'a constaté absolument aucune trace de drogue. Toutes ces fausses informations, c'est assez insupportable. » Que croire ? En tout cas, sans attendre l'issue de l'affaire, Édouard Philippe a suspendu le sénateur du mouvement virtuel qu'il dirige. Quitter ce paradis artificiel serait la pire épreuve que Joël Guerriau aurait à affronter.
Jany Leroy
https://www.bvoltaire.fr/satire-a-vue-la-version-hallucinante-de-joel-guerriau/