Dans ce flot macabre de faits divers quotidiens, certains semblent nous toucher plus que d’autres. Pourquoi celui de Crépol et du jeune Thomas nous a-t-il tous saisis ?
Marine Le Pen. Parce qu’un gamin est mort dans des circonstances qui n’auraient jamais dû exister. Ce drame correspond au sentiment que beaucoup de Français ressentent désormais : plus personne ne se trouve à l’abri nulle part. Un nouveau seuil a été franchi. On assiste à une attaque organisée, émanant d’un certain nombre de banlieues criminogènes dans lesquelles se trouvent des « milices » armées qui opèrent des razzias.
Je connais tant de maires de petites communes qui n’organisent plus de fêtes de villages… Certains subissent des pillages et des dégradations extérieures qui abîment économiquement ces collectivités modestes. D’autres craignent sérieusement des agressions physiques. Tout cela laisse augurer une forme de méthode qui se répète : des attaques gratuites, des cités qui servent de base arrière et, à la fin, la sidération des autorités publiques qui n’ont aucune réponse à apporter si ce n’est leur indignation et leur compassion.
On a parfois l’impression de regarder deux France irréconciliables s’affronter…
Nous n’en sommes pas là. Aujourd’hui, la criminalité impose sa loi. Ce qui ne touchait que les quartiers difficiles des grandes villes dans les années 1980 se répand aux villes moyennes, puis aux petites communes. Désormais, cette vague atteint nos villages. Mais je vous l’assure : il est encore trop tôt pour le pessimisme. Rien n’a été tenté, réellement, par les pouvoirs successifs pour endiguer le phénomène. (…)
Que vous dit cette « France des oubliés » face à l’arrivée de la montée, chez eux, de la violence ?
Pour beaucoup d’entre eux, le fait de vivre dans la ruralité profonde leur apparaissait comme un antidote efficace pour ne pas devenir les victimes qu’ils voyaient à la télévision. Ils prennent désormais conscience que ce n’est plus vrai. Ils ont parfois l’impression d’être du gibier. (…)
Comment réagissez-vous à la manipulation sémantique d’une partie de la presse, qui préfère parler de simple « rixe » ?
On a l’impression de se retrouver face au syndrome de Cologne. Personne ne veut voir la réalité dès qu’elle met en cause l’immigration ou des personnes issues de l’immigration. Il faut nommer les choses pour mieux les combattre. Nous assistons à de véritables descentes punitives dans des villages commises par des criminels équipés d’armes blanches. (…)