Yves Thréard
Cinq jours après la mort de Nahel, jeune Franco-Algérien de 17 ans, tué à Nanterre par un policier fin juin, la France avait déjà été mise sens dessus dessous, saccagée nuit après nuit. Dans une partie de la population, les accusations fusaient : contre les violences policières, les flics racistes, les cités abandonnées, les discriminations, les injustices... Cinq jours après la mort de Thomas, jeune villageois de 16 ans poignardé à la fin d’une soirée dimanche à Crépol, dans la Drôme, l’émotion est vive, mais sa mère ne crie pas vengeance juchée sur la plateforme d’un camion, et le pays n’est pas défiguré par des casseurs. Pour lui, pas de minute de silence observée à l’Assemblée nationale.
Pourtant, le fait que certaines questions demeurent étrangement sans réponse devrait susciter l’indignation. Le profil et les motivations des suspects seraient loin, en effet, d’être anodins... Deux poids, deux mesures ? Pas d’amalgame ni de comparaison hasardeuse, prévient la police de la pensée. Gare à la récupération, à l’exploitation, à l’instrumentalisation politique!
Il est pourtant des réalités qui sautent aux yeux. Les circonstances terrifiantes de la mort de Thomas prouvent une nouvelle fois que la violence n’a plus de frontières. Crépol et ses 500 habitants, son clocher, son équipe de rugby, son ramassage scolaire, ses bistrots et son bal du samedi soir ne sont pas plus à l’abri de la criminalité qu’une cité de banlieue, qu’un quartier mal fréquenté. À la campagne, comme à la ville, règnent désormais la délinquance, le trafic de drogue, le racisme, y compris dans sa version anti-Blancs. La tragique histoire de Crépol n’est pas un drame local sous haute tension nationale, comme veulent le croire certains commentateurs. C’est la France telle qu’elle est à présent, telle qu’elle se déglingue depuis des années. La France «Orange mécanique» au délitement de laquelle sont mêlés de plus en plus de mineurs.
Emmanuel Macron voit en la mort de Thomas un «terrible assassinat» tandis que Gérald Darmanin dénonce « la faillite générale de notre société». Les mots sont justes, mais qu’ont-ils fait, ainsi que leurs prédécesseurs, pour l’éviter?
Source : Le Figaro 24/11/2023