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Journée internationale contre les violences faites aux femmes, ou comment viser toujours à côté de la cible.

Aujourd’hui 25 novembre, c’est la journée internationale contre la violence faite aux femmes. Une bien noble cause, qui repose sur un drame on ne peut plus réel. Or, en se trompant de cible et en ignorant de nombreuses causes qui la génèrent, on risque encore une fois de prêcher dans le désert.

Les violences conjugales sont le lot de bien des Françaises, c’est presque tous les deux jours que l’une d’entre elles meurt sous les coups qui lui sont portés. Les agressions sexuelles et les viols augmentent, la prostitution est bien là et dans de nombreuses parties du monde on pratique encore mariage forcé et mutilations génitales… parties du monde qui s’invitent volontiers chez nous. Il peut donc paraître louable de marquer un temps d’arrêt pour se focaliser sur un si vaste et tragique phénomène. Or, la grande majorité des débats et des initiatives de la journée en est réduite à un procès au mâle : tout homme serait un assassin ou un violeur en puissance. Peu de chance, donc, de retenir quelque chose de cette journée.

Au lieu de regarder l’actualité en face, on divague encore et toujours sur le fantasmagorique patriarcat, cette main invisible et omniprésente qui pousserait les hommes à battre ou à assassiner leur compagne, leur ex, ou la femme convoitée. On radote, sans jamais évoquer l’absence d’une véritable éducation. Pas celle qui se propose de rééduquer le mâle, de le démasculiniser, de briser les stéréotypes et autres balivernes dont on entrevoit tous les jours les conséquences, mais son contraire absolu : celle qui prépare à la vie. Celle qui forme, celle qui apprend à se contenir, à maîtriser sa force, qui inculque les limites à ne jamais franchir. En Occident, le moteur des violences faites aux femmes n’est pas le «patriarcat», ni la délirante «culture du viol», mais la culture capitaliste, celle de la satisfaction immédiate, du «oui» à chaque caprice, la culture du «tu auras ce que tu voudras dans la vie», conséquence du «mon enfant doit tout avoir» dans laquelle nous baignons depuis un demi-siècle. C’est la frustration évincée des contes de fées, c’est le passage en classe supérieure des fainéants qu’on ne fait plus redoubler pour ne pas les froisser… Comment peut-on prétendre que des enfants élevés dans l’abondance, dans l’absence de refus et de contrariété sauront se comporter une fois adulte? Comment pourront-ils affronter le moindre échec, le moindre rejet? Les faibles d’esprit sombreront plus aisément dans la violence, chacun le sait… mais il est à parier que nous ne l’entendrons pas aujourd’hui.

Par contre, on nous dira qu’il faut «traquer le sexisme ordinaire». En langage de tous les jours, cela signifie mettre sur le même plan une blague lourde et un viol. Non, la plaisanterie du blaireau de la machine à café n’a pas la même portée que la gifle reçue dans la rue parce que «Wallah, tu avais qu’à me filer ton 06!» Non, le type qui écarte un peu trop les jambes assises dans le métro n’est pas de la même nature que le pervers qui vous suit dans un parking. Il faut remettre les choses à leur place. Cette confusion ne débouchera sur rien. Sinon à dévaluer les véritables violences que des femmes subissent chaque jour. Des femmes. Car là aussi, faire de toutes les femmes des victimes revient à nier celles qui le sont à un moment ou à un autre. Comment une génération qui compare un «regard appuyé» à une agression sexuelle serait-elle prête à affronter la rue? La plupart des filles ne savent même plus comment répondre à un commentaire déplacé. Apprenons-leur la répartie. À se défendre. À se mettre en situation. Cela aura sûrement plus d’impact que de leur inculquer le recours au tribunal ou à quelque risible numéro vert.

Pour lutter contre le harcèlement et les agressions de rue, véritable plaie à laquelle les citadines sont quotidiennement confrontées, il faudrait penser aussi à réapprendre à nos garçons à réagir. Car ces violences ont aussi lieu parce que la plupart des messieurs tournent le dos ou le regard lorsqu’une femme est brutalisée devant leurs yeux… normal quand on les éduque comme des eunuques depuis 70 ans. Mais le fait est là : certaines populations qui ont une vision de la femme radicalement différente de la nôtre et une bien piètre opinion des Occidentales, attaquent, violent, frappent les filles dans la rue, parce qu’ils savent bien qu’elle leur appartient, parce qu’ils savent que personne ne la leur barrera. Et parce qu’ils jouissent d’une immunité totale. À quoi bon porter plainte contre «un jeune de type exotique en survêt’»? Quelle chance de le voir arrêté et puni, si tant est qu’on le retrouve jamais? Aucune. Voilà encore une bien triste vérité qui ne sera pas dite aujourd’hui.

Et freinons ce féminisme nocif, agressif, hypocrite, qui crétinise nos filles et les rend insupportables et hargneuses! En roue libre, se croyant tout permit. Dont le seul rapport avec les garçons et plus tard les hommes est un rapport de force. Parce que cette idéologie leur a fait croire que nous sommes identiques, interchangeables, au centre d’une vaste compétition avec eux. Rien n’est moins vrai. Nous sommes différents et surtout, incomparables. Ce fléau les persuade que nous avons une revanche à prendre sur ces derniers. Or, cette guerre entre homme et femme est le mouvement le plus mortifère qui soit, plus stérile que la stérilité qu’il induit : puisque au lieu de formuler quelques propositions constructives, le féminisme 2.0 se propose simplement de déconstruire l’homme.

Il ne fait qu’accroître ce contre quoi il prétend lutter. Car à mesure qu’il augmente, augmente aussi le dit masculinisme, sa conséquence logique et mathématique. Beaucoup des misogynes qui le composent n’étant autres que de simples gars qui en ont ras-le-bol de se voir accablés de tous les maux de la planète par des femmes qui ne valent rien (et oui, mesdames, il y en a aussi!), toujours plus nombreuses et plus bruyantes.

Il y aurait encore beaucoup de choses à dire et à dénoncer. Mais les discours divergents resteront inaudibles et ne seront pas relayés par les médias de masse. Ce genre de célébration restera ce qu’il est : un entre-soi où l’on ressasse des banalités — graves, mais connues de tous — s’adressant à des personnes déjà convaincues.

Audrey D’Aguanno

Crédit photo : DR (photo d’illustration)
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