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[Edito] Jordan Bardella, un gros caillou dans le godillot macroniste

Ce 5 décembre, le président du RN était invité en fin du JT de Gilles Bouleau sur TF1. Une prestation propre, solide, sans faille, à l'image du bon élève du RN, devant 5,35 millions de Français. Du billard. Depuis 2012, 50 attentats ont fait, en France, de près de 300 morts et des milliers de victimes, constate Bardella. « La guerre contre l’idéologie islamiste n’est pas menée, accuse-t-il. Chaque attentat est une bataille perdue. » Il se fait le porte-voix des Français, rappelant l'évidence. « J’ai le sentiment, comme beaucoup de Français, qu’on ne tire jamais les enseignements de ces drames qui se multiplient. Le gouvernement refuse d’affronter le problème, allume des contre-feux et fait diversion » pour « diluer sa responsabilité. » Mise au frais pour intelligence avec l’ennemi pour les fichés S français, expulsion du territoire pour les étrangers fichés S, rétention de sûreté : « Mon obsession, c’est de protéger le peuple français », conclut Bardella, qui appelle à « un sursaut pénal et sécuritaire ».

Détourner les voix... et l'attention

Pas de quoi enrayer la hausse dans les sondages du candidat RN aux européennes. Le Rassemblement national culmine, avec 28 % des intentions de vote, près de dix points devant la majorité présidentielle (19 %), le Parti socialiste (9 %), Europe Écologie Les Verts, Les Républicains (8 %), La France insoumise et Reconquête (7 %). Emblématique, La Tribune Dimanche, lancé pour faire face au JDD du groupe Bolloré, titre son édition du 3 décembre : « Six mois avant les européennes, comment arrêter Bardella ? » Ce qui inquiète le quotidien ? « Le président du RN veut séduire les milieux économiques. » Il est vrai que les patrons n’ont aucune raison de battre des mains sur le bilan du Président qu’ils ont poussé à l’Élysée lors de deux scrutins. On passera sur la croissance en berne, sur le commerce extérieur en ruine et sur la dette démesurée. Qui ferait pire ?

Comme un écho de la panique ambiante, l’Élysée est fortement soupçonné, non sans raisons, d’être derrière la candidature du lobbyiste chasseur Willy Schraen et sa liste Alliance rurale. Objectif : retirer quelques précieux points dans le vote rural, de plus en plus massif en faveur du Rassemblement national. Car l'actualité apporte tous les jours de l'eau au moulin des candidats patriotes.

« C'est en train de s'emballer »

Les Français ont ainsi vu se dessiner nettement le risque de confrontation entre les communautés. Le nouveau récit des événements de Crépol livré par Le Parisien du 4 décembre tente maladroitement d'inverser la charge. Les forces de l’ordre ont parlé, elles ne l’ont pas fait sans une autorisation qui vient de haut. La Macronie manœuvre tous azimuts, donnant une légère impression de panique. Chez les macronistes, on abandonne le cadavre encore chaud de la NUPES, désormais divisée et minée par ses excès. On tourne les armes vers le parti de Bardella. La consigne est passée de rediaboliser le RN et de l’attaquer avec agressivité, notamment au Parlement. Olivier Véran s’y emploie.

Au RN, on sent l'embellie. « Il y a des basculements dans l’opinion avec la participation du RN à la manifestation contre l’antisémitisme et avec Crépol », nous confie un dirigeant stratège du parti, interrogé par BV. Ce qui accroît la dynamique.

La mâchoire du RN se resserre : Bardella attire en masse les jeunes et les anciens électeurs de la droite classique. Au Salon de l’agriculture, le jeune président surprend son entourage : il est assailli de jeunes qui le connaissent par les réseaux sociaux et lui ménagent un accueil de rock star. Le phénomène se répète à chaque sortie. De son côté, Marine Le Pen séduit les milieux plus populaires, les femmes et les actifs. « Le tandem Marine Le Pen-Jordan Bardella fonctionne très bien et c’est en train de s’emballer », se réjouit-on au RN.

Un pouvoir dos au mur

Dans les rangs de la majorité présidentielle, on attend la faille, l’embûche qui fera trébucher ce parti aspiré dans les sondages. Mais le RN donne peu de prise, parle peu, ne soutient pas les ratonnades, ne croit pas à la guerre civile et s’en tient à la lutte contre l’immigration sauvage et à la sauvegarde de l’autorité de l’État. Une proposition simple, moins complète et moins offensive que celle de Reconquête mais plus rassembleuse et plus facile à défendre.

Attaqué de toutes parts, de Marion Maréchal à la NUPES, ébranlé à chaque acte de terrorisme qui exaspère les Français et ramène le pouvoir à sa faillite migratoire, le Président et son Premier ministre semblent le dos au mur. « Le gouvernement est comme un boxeur qui tape dans le vide, analyse notre dirigeant du RN. Il ne maîtrise plus rien. » Macron sera-t-il celui, horresco referens, qui laissera les clés du pouvoir en France à la droite nationale ? La crainte existe, mais on n’en est pas là. Rien n’est acquis d’avance et la mobilisation des électeurs, véritable inconnue, la survenue d'une erreur ou d'un événement peuvent toujours rebattre les cartes, comme Zemmour l’a éprouvé durant la campagne présidentielle avec la guerre en Ukraine. Enfin, cette vieille maxime politique reste vraie : le système gouverne mal, mais il se défend bien.

Marc Baudriller

https://www.bvoltaire.fr/edito-jordan-bardella-un-gros-caillou-dans-le-godillot-macroniste/

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