Le billet de Patrick Parment
Seules élections avant la présidentielle, les européennes focalisent les énergies du marigot politique. Tous les sondages le confirment, le Rassemblement national arrive largement en tête. Il fallait s’y attendre, tant on assiste dans toute l’Europe à une montée de ce que l’on appelle les partis populistes qui oeuvrent moins pour la fin de l’Europe que sur un réaménagement de l’administration Bruxelloise et la fameuse Commission. Ce qui ne manque pas de sel à l’heure où on enterre un Jacques Delors à l’origine de ladite Commission. C’est la raison pour laquelle on est en droit d’attendre quelques bouleversements au sein de l’exécutif européen.
Bien évidemment quelques beaux esprits en profitent pour extrapoler et calquer les résultats des européennes sur la prochaine présidentielle française. Quelle erreur. Faut arrêter de prendre les Français pour des ouins ouins ! Les enjeux des européennes n’ont que peu à voir avec la présidentielle. Mais bien évidemment, s’agissant de faire peur, la presse de gauche s’en donne à cœur joie en plaçant derechef Marine Le Pen à l’Elysée. Si un tel scénario n’est pas à exclure – tout dépendra en grande partie de l’état d’esprit des Français à ce moment là -, la seule certitude que l’on puisse avancer est que la gauche ne figurera parmi les choix possibles de nos concitoyens.
Alors, balle au centre ou à droite ? Mais qu’est-ce que le centre ? Les copains de François Bayrou où les brebis égarées des Républicains passées à l’essoreuse macronienne ? On pense à Edouard Philippe en premier lieu. Mais qui connaît réellement ce garçon qui n’a pas laissé de traces en tant que Premier ministre. Il faut bien avouer qu’avec un Macron jouant les deus ex machina, l’espace du Premier ministre est retreint. On le voit bien avec Elisabeth Borne. Par ailleurs, la cote de Macron n’est pas non plus au mieux de sa forme auprès des Français qui ne comprennent pas grand-chose à cet ovni politique, incapable de leur expliquer le monde en général et la France en particulier. Il est surtout un homme qui a beaucoup œuvré pour le patronat et fort peu pour les « Gilets jaunes », cette France du labeur et qui paie tous les pots cassés. Il s’est emmêlé les crayons avec la réforme des retraites et rebelote avec sa piteuse loi sur l’immigration. Autant dire que l’héritage est lourd à porter.
Reste la droite ! Quelle droite ? Les Républicains messire ! Ici aussi la part de non-dit est révélateur de l’écroulement de ce parti taraudé entre des centristes qui se réfèrent à un soi-disant gaullisme social – en fait la remise à jour perpétuelle de la participation en entreprise – et une aile dure qui pourrait emprunter non pas à Marine Le Pen mais bien à Jean-Marie Le Pen du temps de sa splendeur et appliquer ce mot de Charles Pasqua de « terroriser les terroristes ». En un mot déborder le Rassemblement national sur sa droite depuis que celui-ci ne cesse de jouer au centre. Difficile de traiter un gaulliste de fasciste ! Quoique. Car les Français attendent d’un homme politique qu’il passe à l’action et ne donne pas dans le verbiage comme l’a fait Sarkozy. C’est sur cette crête, à mon humble avis, que se jouera la prochaine présidentielle. Pour ce qui est des européennes, on peut considérer que c’est bâché sans que cela fasse avancer pour autant le schmilblick !
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