On ne va pas se mentir : la République est en danger. Là, tels que vous êtes, vous sortez de deux semaines de trêve des confiseurs ; le 31 décembre, vous avez (ou pas) écouté le marchand de sable venu vous souhaiter la bonne année ; ce week-end, vous avez tiré les rois en famille et la semaine prochaine vous en ferez de même au bureau, dans votre club de tir ou de boules, que sais-je où encore. Maintenant, il serait donc grand temps de se réveiller : la République, disions-nous, mais aussi la démocratie, les droits de l’homme (pardon, les droits humains) et sans doute beaucoup d’autres choses sont en danger. Heureusement qu’il y a des hommes comme Olivier Faure (c’est qui lui, déjà ?) ou encore des institutions comme Mediapart pour veiller au grain. Janvier sera le mois du réveil ou ne sera pas.
D’abord, Olivier Faure, ce chef d’un micro-parti qui jadis gouverna la France pour la conduire là où on sait. Il y a trois jours, il a signé une tribune dans Le Huff : « Face à la normalisation des idées de l’extrême droite, jeunesses, levez-vous ! » « Magnifique ! », comme dirait Laurent Gerra imitant Michel Drucker. Rien que dans le titre, tout est dit, pas la peine d’en lire plus. Y a pas, Zola avec son « J’accuse » est relégué au musée des ringardises. Une remarque tout de même en forme de question : pourquoi ce pluriel accolé à « jeunesse » ? Parce qu’il y a plusieurs jeunesses, banane ! Ah, très bien. La gauche aime bien le pluriel, c’est sa façon de se singulariser. Souvenez-vous de la « gauche plurielle » au temps de Jospin. Souvenez-vous encore que, sous Hollande, le ministère de la Famille devint celui des Familles, histoire de définitivement en finir avec ce qu’il restait de relents pétainistes dans notre belle République. Donc, appel aux « Jeunesses ». Jeunesse des banlieues, jeunesse dorée, jeunesse des 16-24 qui, selon un sondage, à 60 % ignore quand le mur de Berlin est tombé (Ah bon, y a un mur qu’est tombé à Berlin ?). Jeunesses socialistes (il en reste)… Dans cette tribune, Olivier Faure en appelle à l’Histoire, à la mémoire : la guerre (quand on dit « la guerre », évidemment, on parle de la Seconde Guerre mondiale) et tout ça... Ce serait peut-être l’occasion de rappeler que tous les grands anciens de la SFIO, ancêtre du micro-parti d’Olivier Faure, ne furent pas tous des parangons de résistance. Je dis ça, je dis rien… En tout cas, magnifique, cette tribune !
Mais c’est pas tout, en cette semaine du grand réveil. Plus fort que la tribune d’Olivier, l’appel de 201 « personnalités » dans Mediapart et L’Humanité à marcher le 21 janvier (rien à voir avec la mort de Louis XVI, c’est tout simplement parce que c’est un dimanche) pour demander à ce que la loi Immigration dictée par les « marchands de haine » ne soit pas promulguée. En vrac, parmi ces personnalités, on trouve Sophie Binet (ça va sans dire), Pierre Arditi et Josiane Balasko (consciences de gauche inoxydables de la confrérie comédienne), Manuel Bompard (forcément), la présidente du Secours catholique (on avait jusqu'au 31 décembre pour défiscaliser ses dons de 2023...), Cécile Duflot, Olivier Faure (encore lui !), Julie Gayet (la gauche chic), Corinne Masiero (qui n’en manque pas une), Edwy Plenel (ça coule de source), Erik Orsenna (un Académicien, ça fait toujours bien), Dominique Sopo, président de SOS Racisme, Marine Tondelier, Najat Vallaud-Belkacem et… Jacques Toubon (on l'avait oublié, celui-là). Et bien sûr, tout un tas d'autres inconnus pour qui ne fait pas partie du microcosme.
Une loi « dictée par les marchands de haine » : carrément ! Il n’y a pas à dire, là, on est monté en gamme par rapport à la tribune d’Olivier Faure. Donc, rendez-vous le 21 janvier pour tous les marcheurs d’amour contre les marchands de haine. La gauche n’est jamais aussi belle lorsqu’elle joue à se faire peur. Et tout ça pour une loi qui, selon beaucoup, ne casse pas trois pattes à un canard...