Parallèlement, la France a versé 35,2 % d’aides au départ des étrangers supplémentaires en 2023 par rapport à 2022. Ces aides, allant de 400 à 1.200 euros pour les ressortissants issus de pays non dispensés de visa, sont financées par l’Office français de l’immigration et de l’intégration. En d’autres termes, les Français financent le départ de ceux qui sont illégalement venus sur leur sol sans qu’aucun des pays dont sont issus les illégaux n’aient de frais à engager.
Records pour les primo-titres de séjour
Plus on poursuit la lecture de ce rapport, plus on est désappointé. Le nombre de délivrances de premiers titres de séjour n’a jamais été aussi haut. Pour la seule année 2023, 323.260 individus ont obtenu un titre de séjour pour des motifs variés : économique (54.630, soit +5 % par rapport à 2022), familial (91.020, soit –5,1 %), étudiant (103.520, +1,4 %), humanitaire (47.680, soit +15 %) ou classés dans divers (26.410, soit –3,4 %). Très nettement en augmentation, les premiers titres de séjour ont été délivrés pour des raisons humanitaires, principalement à des « réfugiés et apatrides », des personnes sous « protection subsidiaire » ou à des « victimes de traite ou de violences conjugales ».
Principalement délivrés à des individus originaires du Maroc (36.340), d’Algérie (32.180) et de Tunisie (22.400), ces primo-demandes sont largement accordées à des personnes issues de pays non occidentaux. Outre le Maghreb, la Chine arrive en quatrième place. Suivent, dans l’ordre, les États-Unis (12.670), la Côte d’Ivoire (11.740), l’Afghanistan (10.840), le Sénégal (10.620), l’Inde (10.080) et la Turquie (9.160). Au total, ces dix pays représentent 52,9 % des nationalités primo-accédantes.
Pied-de-nez calendaire ?
Hasard du calendrier ou farce de la providence, les chiffres de l’immigration pour l’année 2023 sont tombés au même moment que la censure massive de la loi Immigration par le Conseil constitutionnel. Avec plus de trente-cinq articles censurés, le texte adopté par la commission mixte paritaire et voté à l'Assemblée est largement dénaturé et revient à ce qu’il était initialement. S’opposant aux quotas migratoires, à la prise de photos et d’empreintes digitales d’un étranger sans son consentement et à la notion de préférence nationale. Malgré le rejet des mesures que réclament une majorité de Français, Gérald Darmanin se félicite, sur X, que « le Conseil constitutionnel valide l’intégralité du texte du gouvernement ».
Laissant présager le pire pour les années à venir, le ministre de l’Intérieur ne pourra certainement pas se vanter d’avoir une balance équilibrée entre le nombre d’arrivants et de sortants, puisque le texte prévoit – entre autres – la régularisation des étrangers occupant des « métiers en tension ». Et une majorité des Français seront encore déçus par de belles promesses politiciennes. En définitive, d’aucuns diraient, pour reprendre un mot célèbre, que cette loi est « trop douce pour ce qu’elle a de dur et trop dur pour ce qu’elle a de doux ».
Julien Tellier
https://www.bvoltaire.fr/immigration-darmanin-fait-moins-bien-que-castaner/