Pacte vert
Et pour cause : celui qui, jusqu’en 2019, était président de WWF France ne s'est pas départi de son obsession écologique en rejoignant le groupe Renew. Loin s'en faut. Président de la commission de l'environnement du Parlement européen, il a même été l'un des artisans notoires du fameux « Green deal ». Dans la pratique, ce Pacte vert comprenait un paquet de nouvelles normes à faire appliquer par les agriculteurs, incluant l'interdiction de certains pesticides ou encore l'obligation de consacrer certaines terres à l'agriculture biologique. L'objectif : que l'Union européenne atteigne la neutralité climatique d'ici 2050.
Une cause noble, une écologie « ambitieuse », comme il la définit lui-même, pas peu fier. Aujourd'hui, cette même ambition lui est sévèrement reprochée par les paysans, pris à la gorge par des normes françaises et européennes toujours plus exigeantes. Auprès du Figaro, Pascal Canfin se défend : « Aucune des législations [du Green deal, NDLR] concernant l’agriculture, ni la loi sur les pesticides ni celle sur la restauration de la nature, n’est encore entrée en vigueur. La seule chose qui est entrée en vigueur, c’est la réforme de la politique agricole commune et il se trouve que les LR et les RN l’ont votée ! »
De la ferme à l'assiette
En 2021, déjà, l'eurodéputé défendait le projet « Farm to Fork » (« De la ferme à la fourchette ») qui visait à rendre « l'alimentation plus saine et plus durable en Europe », avec cinq objectifs pour atteindre cela : réduire de 50 % le recours aux pesticides, réduire de 20 % l’usage d’engrais chimiques, consacrer 25 % des surfaces agricoles au bio (contre 8,5 % en 2019), réduire de 50 % les ventes d’antibiotiques pour les animaux d’élevage, réviser les directives sur le bien-être animal. Selon différentes études, regroupées par l'iFRAP, ce projet mènerait à une forme de décroissance dont les chiffres sont très inquiétants : la baisse de la production agricole européenne se situerait entre 10 et 20 % quand les prix, de leur côté, exploseraient.
S'il se vante de mener la cause écologique de manière « ambitieuse », Pascal Canfin n'en demeure pas moins - selon ses dires - « pragmatique ». Prendrait-il donc en compte les conséquences de ses fastueux projets sur le monde agricole, par exemple ? Rien n'est moins sûr, si l'on en juge le petit accrochage survenu, en mai dernier, entre l'Élysée et le transfuge des Verts. Le 11 mai 2023, Emmanuel Macron exposait ainsi son projet pour « verdir » l'industrie et appelait en même temps à une « pause » dans la réglementation européenne afin que les acteurs locaux soient préservés de la concurrence avec les autres pays. « On ne veut pas seulement être un marché vert mais produire vert sur notre sol », avait alors expliqué le Président. Trouvant l'intervention peu à son goût, Pascal Canfin avait regretté « une phrase malheureuse qui ne traduit pas ce que la France fait. Il [Emmanuel Macron] a depuis précisé qu’il ne s’agit pas de revenir sur les législations en cours de négociation. »
Aujourd'hui, l'eurodéputé dit « comprendre » la colère des agriculteurs. « Quand je regarde un dossier PAC, c’est clair, c’est l’enfer », déclare-t-il même à nos confrères de l'Opinion. Culotté, pour quelqu'un qui n'est pas tout à fait étranger à l'importante crise qui déchire aujourd'hui le monde agricole.
Marie-Camille Le Conte
https://www.bvoltaire.fr/qui-est-pascal-canfin-cet-eurodepute-conspue-par-les-agriculteurs/