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Les démocrates vont-ils débarquer Joe Biden ?

La main sur le cœur, ils le proclament haut et fort : jamais leur loyauté ne lui fera défaut. Le candidat octogénaire peut compter sur ses troupes. Juré, craché, une fidélité à toute épreuve.

Alors, peu importe les phrases qui s'emmêlent, la mémoire qui s'évapore, les regards qui s'égarent. Au diable les guiboles qui flageolent, les arpions qui se débinent, les escaliers dégringolés. Oubliés les sondages en berne, les sous bloqués au Congrès, Trump qui s'envole, Zelensky qui s'agace, Netanyahou qui s'en fout.

Tout finira par s'arranger, tout le monde le dit autour de lui. Pensez donc, face à la perspective du retour de l'agité du bocal dans le Bureau ovale, l'Amérique finira bien par se ressaisir. N'importe qui plutôt que Donald. Ce ne sont donc pas deux ou trois « lapsus » lâchés sur un coup de fatigue qui vont détourner les électeurs du choix de la raison en novembre prochain.

Un rapport qui dérange

Oui, mais tout ça, c'était avant la semaine dernière. Avant qu’un procureur ne se mette en tête de jouer au gériatre en expliquant, au terme de son enquête sur une affaire de détention illégale de documents classifiés, qu’il ne pouvait pas poursuivre Joe Biden en raison de son âge avancé et de son déclin cognitif.

« Nous avons tenu compte du fait que lors d’un procès, Monsieur Biden se présenterait probablement au jury, comme il l'a fait lors de notre entretien, comme un homme âgé, sympathique, bien intentionné et doté d'une mauvaise mémoire », a écrit Robert Hur.

Le procureur a, en effet, constaté, lors de différents échanges avec le président, des troubles répétés. « Il ne se souvenait pas de la période où il était vice-président, oubliant, le premier jour de l'entretien, quand son mandat s’est terminé – « Si c'était en 2013, quand ai-je cessé d'être vice-président ? » - et oubliant, le deuxième jour de l'entretien, quand son mandat a commencé – « En 2009, suis-je toujours vice-président ? », note-t-il dans son rapport.

« Il ne s'est pas souvenu, même après plusieurs années, de la date de la mort de son fils Beau », ajoute le procureur, qui constate que sa mémoire est tout aussi « brumeuse » lorsqu’il s’agit d’évoquer « le débat sur l’Afghanistan qui était si important pour lui ».

L’examen de conversations enregistrées avec l’écrivain chargé de la rédaction de ses mémoires, Mark Zwonitzer, apparaît tout aussi inquiétant. Ses conversations avec lui, dont certaines datent de 2017, « sont souvent douloureusement lentes, Biden luttant pour se souvenir des événements et s'efforçant parfois de lire et de déchiffrer les notes de ses propres carnets ».

Robert Hur en conclut que les jurés ne pourront se prononcer « hors de tout doute raisonnable » sur le point de savoir si le président avait conscience qu’il partageait des informations classifiées avec l’écrivain.

Pour ces jurés, note le procureur, « les manquements et défaillances de Monsieur Biden [en 2017] apparaîtront probablement comme cohérents avec les facultés diminuées et la mémoire défaillante dont il a fait preuve dans les enregistrements de l'entretien avec Zwonitzer et dans l’entretien que nous avons eu avec lui ». On comprend donc que le déclin cognitif du président américain n’est en rien nouveau et que, sans surprise, il ne s’est pas amélioré avec le temps.

Une conférence de presse qui confirme

Le 8 février dernier, quelques heures après la publication du document, Joe Biden est apparu lors d’une conférence de presse. Il était très fâché. Après avoir salué les conclusions du rapport qui écartent toute poursuite, il a dénoncé les assertions concernant sa mémoire, et notamment le fait qu’il aurait oublié la date de la mort de son fils. « Franchement, quand on m'a posé la question, je me suis dit que ça ne les regardait pas », a-t-il déclaré. « Ma mémoire est bonne », a-t-il ensuite ajouté en réponse à la question d’un journaliste.

Apparemment, tout se passait bien. Biden apparaissait déterminé et sûr de lui. Ce n’était pas un obscur procureur qui allait lui faire obstacle en semant le doute sur ses capacités. « Je suis la personne la plus qualifiée dans ce pays pour être président des États-Unis et terminer le travail que j'ai commencé », affirmait-il. Ce qui n’empêchait pas un insolent de lui demander pourquoi il confondait les noms des dirigeants mondiaux ?

Joe Biden n’avait même pas répondu. Manque de chance, quelques minutes plus tard, il se prenait à nouveau les pieds dans le tapis et confondait le nom du président égyptien avec celui du président du Mexique. Un désastre. « Nous ne nous soucions désormais plus de savoir si Biden est apte à remplir un second mandat ; nous devrions nous préoccuper de savoir s’il est apte à terminer son premier », écrivait, le lendemain, un éditorialiste du Washington Post« La question n’est pas de savoir si Biden devrait se retirer, mais comment ? », écrivait un autre dans le New York Times.

Dans les rédactions des médias mainstream, qui voient avec horreur s’effondrer la candidature du challenger de Trump, on est, depuis, passé en mode brainstorming. C’est à celui qui trouvera le meilleur « plan B » avec un candidat démocrate à même de battre le populiste honni. Certains évoquaient Michelle Obama mais, finalement, c’est Kamala que voilà.

Interviewée à bord d'Air Force Two la semaine dernière, deux jours avant la publication du rapport du procureur, la vice-présidente acceptait de répondre à une question portant sur les inquiétudes des électeurs concernant l’âge du président. « Je suis prête à servir. Cela ne fait aucun doute »affirmait sans détour Kamala Harris. Pauvre Joe, on est toujours trahi par les siens. Mais, après tout, qu’un vieux mâle blanc cède sa place à une femme noire plus jeune, ce serait tellement woke.

Frédéric Martin-Lassez

https://www.bvoltaire.fr/loeil-americain-les-democrates-vont-ils-debarquer-joe-biden/

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