Violenté, déshabillé et laissé seul sur le bord de la route. Ce 19 février, au terme de la 25e journée de Ligue 2 au cours de laquelle les Girondins de Bordeaux affrontaient, à l’extérieur, l’équipe d’Amiens, un adolescent de 17 ans a été agressé par des supporters bordelais, membre des Ultramarines, dans le bus qui le ramenait chez lui. Selon plusieurs sources, le jeune homme aurait été contraint par deux supporters, âgés de 23 et 24 ans, de montrer son compte Instagram. Les deux Ultramarines auraient découvert qu’il suivait et soutenait Éric Zemmour et le Rassemblement national. Sur fond de « divergence d'idéologie politique », l’adolescent a alors été frappé, mis torse nu, humilié et débarqué au péage de Virsac sans ses affaires. Près d'une heure après les faits, sa mère a fini par le retrouver en localisant ses écouteurs sans fil. Le jeune garçon présentait plusieurs hématomes (trois jours d’ITT).
Agressions de jeunes militants de droite
Le lendemain, les deux suspects ont été interpellés en possession des affaires de l’adolescent et placés en garde à vue pour violences volontaires aggravées - « en réunion, sur une personne mineure et à l'extérieur d'une enceinte sportive en relation avec une manifestation sportive », précise Le Figaro. Ils ont été déférés devant le parquet ce 21 février. Cette agression est loin d’être la première à impliquer des Ultramarines.
Déjà en juillet 2022, Pierre Le Camus, ancien candidat du Rassemblement national aux élections législatives, son frère et des amis avaient été violemment agressés par plusieurs membres des Ultramarines. L’un d’eux, frappé au sol, s’était vu prescrire dix jours d’ITT. Onze mois plus tard, cinq des agresseurs écopaient, en première instance, de quatre ans de prison, dont un an ferme (sous surveillance électronique). Joint par BV un an et demi après les faits, Pierre Le Camus n'est malheureusement pas surpris par cette nouvelle agression. « Ce n’est pas particulièrement étonnant dans le sens où les Ultramarines se sont déjà illustrés pour des violences en raison d’opinions politiques. J’en suis l’exemple. » À l’époque en effet, Pierre Le Camus et ses amis avaient été ciblés à la terrasse d’un bar bordelais en raison de l’engagement ou de la proximité de certains avec le RN et Reconquête. Après la récente agression du jeune supporter de 17 ans, la Cocarde Bordeaux dénonce également la violence des Ultramarines contre des Bordelais pour « des motifs politiques ».
Mouvance antifa
Pour Pierre Le Camus, comme pour bon nombre de Bordelais, il ne fait aucun doute que les Ultramarines baignent dans la mouvance d’extrême gauche. « Ce sont des militants antifascistes parfaitement identifiés », dénonce l’ancien candidat RN dans la 2e circonscription de Gironde. Déjà lors du procès de l’agression contre les frères Le Camus et leurs amis, si les accusés réfutaient le mobile politique, plusieurs éléments tendaient à prouver une proximité entre ces supporters et l’extrême gauche. Certains d’entre eux prenaient ainsi fièrement la pose derrière un drapeau antifa. Au domicile d’un autre, des tags contre les forces de l’ordre avaient par ailleurs été trouvés (« On rêve que les poulets rôtissent »). Enfin, le soir même de l’agression, les Ultramarines scandaient « Bordeaux Antifa », comme en témoignent les vidéos récupérées. Certains des leaders des Ultramarines ont d’ailleurs pendant longtemps revendiqué leur identité « antifasciste » et « antiraciste ». « Le problème de cette tribune de supporters, c’est que le noyau dur est politisé à l’extrême gauche et utilise l’attrait pour le football comme un vecteur de recrutement, souligne Pierre Le Camus, qui ne manque pas de pointer du doigt la « lâcheté » de ces supporters. Certains jeunes qui n’étaient pas politisés mais qui suivent les leaders, se retrouvent alors dans des actions violentes. »
Et quand ils ne s’en prennent pas aux jeunes militants de droite, les Ultramarines font quand même parler d’eux aux bords des terrains de football. À Rodez, en juin 2023, un membre de leur tribune girondine s’était ainsi introduit sur le stade pour bousculer un joueur de l’équipe adverse. De plus, régulièrement, l’association de supporters se voit interdire par arrêtés préfectoraux ou municipaux les abords des stades et les stades pour risques de troubles à l’ordre public.
Une accumulation de violence qui pousse le député Grégoire de Fournas (RN) à réitérer sa demande de dissolution des Ultramarines. « Faut-il un mort pour que Gérald Darmanin fasse enfin quelque chose ? »