Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Agriculture : Rousseau, Macron et la FNSEA s’écharpent sur le protectionnisme

Ces derniers jours, on a un peu tout vu, en termes d’agriculture. Le plus médiatique ? Cette tentative totalement ratée du président de la République, qui a voulu jouer à Chirac et n’a réussi qu’à faire du Ceaușescu en bout de piste. Débat ridicule en bras de chemise (probablement parce qu’il imagine que les agriculteurs n’ont jamais de veste), évacuation misérable sous les assauts des paysans en colère… et jusqu’à ces moments surréalistes, captés par l’œil des caméras, dans lesquels, tour à tour, il perd ses nerfs face à une jeune fille ou explique comment il comprend le programme du Rassemblement national. Pour lui, le RN est le « parti du Frexit », alors que « sans Europe, il n’y a pas d’agriculture ». C’est dire deux bêtises en une phrase, ce qui ne surprendra pas les admirateurs de ce Président surdoué, qui fait tout beaucoup plus vite que tout le monde.

D’abord, le RN ne veut pas sortir de l’Union européenne, ensuite, cela fait plusieurs siècles (au bas mot) que l’agriculture française s’appuie davantage sur la remarquable qualité de ses sols et l’incroyable puissance de travail de ses paysans… bien davantage que sur une politique agricole commune tributaire des oukases européens, qui fixent le calibre des tomates, imposent tel ou tel pesticide ou obligent les exploitants à acheter, chez Monsanto, des semences qui s’autodétruisent et qu’il faut donc renouveler chaque année. Un plaidoyer pour le protectionnisme européen, si on veut.

Côté FNSEA, on s’en prend au protectionnisme (à la française, cette fois). Arnaud Rousseau, président du principal syndicat agricole, a déclaré sur BFM que le protectionnisme n’avait pas de sens… mais le seul problème, c’est qu’il cite les cas dans lesquels la France exporte son excédent de production à l’extérieur des frontières nationales. On ne parle donc pas vraiment des problèmes qui concernent nos paysans : le poulet ukrainien, la viande argentine et autres joyeusetés plus ou moins exotiques (et plus ou moins chargées en produits chimiques). Normal, puisque Arnaud Rousseau n’est pas particulièrement représentatif du monde rural : diplômé d’une école de commerce, président de la holding Sofiprotéol, qui finance des crédits aux agriculteurs, il administrerait en tout une quinzaine de sociétés en plus de son exploitation céréalière - à en croire le journal L’Humanité.

En fait, et contre toute attente, le protectionnisme en matière d’agriculture, c’est probablement Sandrine Rousseau qui en parle le mieux, et c’était sur Europe 1. Interrogée sur la nécessité de nous réapproprier notre agriculture et de mieux manger, la députée EELV a été sans détour : « Nous devons absolument fermer nos frontières à des produits d’importation de merde. » On ne saurait mieux dire. Le seul problème, c’est que Sandrine Rousseau ne va pas jusqu’au bout de son raisonnement, qui ne saurait se limiter à l’agriculture. Le geste (salutaire) qui consiste à limiter le déferlement, sur notre territoire, de produits d’importation « de merde » est exactement le même que celui qui consisterait à fermer les frontières aux flux migratoires pour éviter le déferlement de millions de sous-qualifiés, potentiellement dangereux. Ça semble relever de la plus élémentaire logique, mais on ne peut quand même pas reprocher à Mme Rousseau de commencer à discerner une partie de la plus élémentaire vérité.

Bref, tout cela explique peut-être pour quelle raison, tandis qu’Emmanuel Macron a joué à cache-cache avec des manifestants très remontés, tandis que ses ministres ont visité le Salon de l’agriculture en pleine nuit, tandis que François-Xavier Bellamy « marchait seul » dans les allées, comme l’a méchamment relayé Damien Rieu, Jordan Bardella, lui, a passé, dans les allées du Salon, huit heures triomphales sous les acclamations de la jeunesse, et Christian Convers, secrétaire général de la Coordination rurale, révélait sur CNews que de nombreux agriculteurs aimaient bien Marion Maréchal, « une fille belle comme le jour ». Les gens en ont marre des politiciens déconnectés. Le vrai protectionnisme consiste d’abord à s’en prémunir.

Les commentaires sont fermés.