Combat royaliste 11
Par Philippe Germain
Parler d’Europe « impériale », n’est-ce pas pousser un peuloin le raisonnement ? Non car les faits sont coriaces.
Première erreur à écarter : non, l’empire n’a pas nécessairement un empereur. Le dernier empire occidental fut,jusqu’en 1974, le portugais, dirigé par des présidents de la République. Tout comme l’Américain, « les Anglo-saxons » disent les Russes, et « l’empire bicéphale de Londres et de Washington » dit Maurras. En fait, l’empire est polymorphemais respecte trois attributs.
Le premier attribut impérial c’est un vaste territoire. L’empire est spatial alors que la nation est plutôt historique. Le deuxième attribut c’est l’unification de nations, peuples et cultures autour d’une loi. Celle de l’Europe, ce sont des« institutions stables garantissant la démocratie, la primauté du droit, les droits de l’homme, le respect des minorités et leur protection » et « une économie de marché » a précisé, en 1993, le Conseil européen. Le troisième attribut, enfin, c’est la frénésie d’un territoire toujours plus vaste, comme Alexandre, comme Napoléon, comme Hitler. Aujourd’hui, l’Europe vise les grandes plaines ukrainiennes. Un appétit de nations qui pousse à l’élargissement incessant. En 1973, Royaume-Uni, Danemark et Irlande ; 1981, Grèce ; 1986, Espagne et Portugal ; 1990, Allemagne de l’Est ; 1995, Autriche, Finlande, Suède ; 2004, Estonie, Hongrie, Lettonie, Lituanie, Pologne, Tchéquie, Slovaquie et Slovénie ; 2007, Bulgarie et Roumanie ; 2013, Croatie. Jusqu’où ira l’Europe impériale ?Elle veut aller très loin grâce à sa tenaille constitutionnelle.Avec ses deux ensembles, ou plutôt deux branches.
Bien sûr, il y a celle de l’« l’Union européenne » bruxelloise, forte d’un vaste territoire de 4,2 millions de kilomètres carrés, peuplée de 447 millions d’habitants et troisième puissance économique mondiale. Elle dispose de son Parlement, son Conseil, son Conseil de l’Union, sa Commission, sa Banque centrale et sa Cour des comptes. Cette branche comprenant vingt-sept pays est fédéraliste. Perfidement, elle a fait croire qu’elle appliquerait le principe de subsidiarité. C’est la branche dure de la tenaille. Maximaliste, elle vise à court terme un président/empereur de « l’Union européenne ». Et puis il y a la seconde branche, discrète mais sournoise, avec« le Conseil de l’Europe » qui compte non pas vingt-sept mais quarante-sept États. Il a adopté la Convention européenne des droits de l’homme jouant du dangereux « État de droit »faisant de l’émancipation de l’individu la règle absolue, Il a aussi créé la dangereuse Cour européenne des droits de l’homme. Cette branche est confédéraliste. Attachée à la coopération entre États, elle permet aux souverainistes édulcorés d’abriter leur collaboration derrière l’« Europe des patries ».
L’État européen est presque finalisé. Il est impérialiste en privilégiant sa branche fédéraliste, tout en endormant les contestataires avec une dose confédéraliste. La seule solution, c’est de sortir de la tenaille de l’Europe impériale. Donc c’estle Frexit des patriotes, des vrais nationalistes.
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