À en juger par les réactions des médias occidentaux, l’interview de Poutine avec Tucker Carlson a suscité une grande confusion. Le plus terrible, du point de vue des rédacteurs du New York Times, du Washington Post et des autres suspects habituels, c’est que les Occidentaux – plus de cent millions d’entre eux – ont pu écouter Poutine parler. L’interview a permis de franchir un obstacle à l’information : les médias occidentaux ne sont pas autorisés à citer directement Poutine et doivent soigneusement déformer ses propos pour les faire correspondre aux récits occidentaux approuvés. Ils n’ont donc pas été en mesure d’aborder directement le contenu de l’entretien ; incapables de le citer, ils ont été contraints de recourir à des circonlocutions, des déformations et des insinuations. Heureusement, ils sont très doués pour cela.
Mais qu’en ont retiré les plus de cent millions d’Occidentaux qui ont regardé l’interview ? Se souviennent-ils avec émotion de l’année où le prédécesseur de Poutine, Vladimir le Grand, a baptisé les Russes ? (Comprennent-ils maintenant les subtilités juridiques de la dissolution de l’URSS et les promesses faites au moment de l’indépendance de l’Ukraine (qui ont depuis été violées de toutes les manières possibles) ?) Qu’est-ce que c’était que ce cours d’histoire ?
Poutine semble avoir fait quelques recherches sur Tucker. Ce dernier a étudié l’histoire au Trinity College de Hartford, dans le Connecticut (mais n’a pas obtenu son diplôme). Étant donné que Tucker a été licencié en tant que journaliste et qu’il est actuellement au chômage (c’est-à-dire blogueur), Poutine a naturellement supposé que Tucker est un historien amateur avec une formation professionnelle incomplète qui est venu en tant qu’émissaire politique pour entendre quelques mots de sagesse de la part du dirigeant d’une grande nation sur un certain sujet spécifique – l’Ukraine. Par conséquent, Poutine a jugé parfaitement raisonnable de combler les lacunes de Tucker en lui présentant un bref aperçu des 1000 dernières années de l’histoire russe, en mettant l’accent sur le territoire qui, pendant les derniers 3 % de cette histoire, a été appelé “l’Ukraine” ou “ukraine” ou “okraina”. Ce mot se traduit par “périphérie ; frange ; périphérie ; districts frontaliers ; districts périphériques ; terres marginales”. Cette définition soulève une question évidente : “L’ukraine/okrainа de quoi ?” De la Russie, évidemment !
Tucker a semblé déconcerté par la leçon d’histoire de Poutine. Toute sa stratégie, qui consistait à poser des questions provocantes et à s’esclaffer devant les réponses, avait déraillé et il ne savait plus quoi faire d’autre. Il est donc revenu à l’essentiel, c’est-à-dire, pour tout Américain, aux affaires. Et les affaires reposent sur L’art de la négociation, écrit par le seigneur et maître de Tucker, Donald Trump. Le pauvre Tucker en a donc été réduit à poser des questions évidentes : Poutine est-il prêt à négocier ? La réponse étonnante a été que, oui, la Russie n’a jamais refusé de s’engager dans des négociations et souhaite la paix et la prospérité pour tous.
En ce qui concerne le conflit ukrainien, la Russie a failli obtenir ce qu’elle voulait à Istanbul le 22 juillet 2022, mais le gaffeur Boris Johnson est intervenu et a dit aux Ukrainiens de déchirer l’accord et de se battre. Peu importe : si les États-Unis et l’OTAN voulaient mettre fin aux hostilités en Ukraine, il leur suffirait d’interrompre l’acheminement des armes et, quelques semaines plus tard, la guerre serait terminée.
Note du Saker Francophone
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Il vient d’être réédité aux éditions Cultures & Racines.
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Traduit par Hervé, relu par Wayan, pour le Saker Francophone
Par Dmitry Orlov – Le 8 Février 2024 – Source Club Orlov