Vous êtes plutôt Mercredi des cendres ou Nuit du doute ? Abstinence ou Iftar ? Alors que les chrétiens viennent de passer la mi-carême, les musulmans entament ce lundi 11 mars leur ramadan. Le jour même de l’hommage national aux victimes du terrorisme, mais aucun rapport, tout au plus un simple hasard calendaire : le 9e mois de l’année lunaire commence.
Sans sonder les reins et les cœurs, on peut comparer la popularité du ramadan et celle du carême. Les réseaux sociaux et les médias sont d’utiles indicateurs. Le hashtag #Ramadan Mubarak l’emporte aujourd’hui dans les tendances - « Tendance France », précisément. La caractéristique de beaucoup de messages ? Souhaiter un joyeux ramadan aux musulmans, sans avoir le moins du monde souhaité un bon carême aux chrétiens le 14 février. Il est vrai que le mercredi des Cendres coïncidait cette année avec la Saint-Valentin et l’hommage à Badinter. On pouvait « oublier ». Sauf que l’oubli n’est pas nouveau : Radio France prenait acte en 2017 qu’on parlait déjà plus du ramadan que du carême, en France.
Des exemples parlants : Dati et Darmanin
Ainsi Rachida Dati s’est fendue d’un tweet des plus complaisants pour souhaiter « Ramadan Mubarak », mais le 14 février, elle félicitait le PSG qui avait gagné contre la Real Societad. Idem pour Gérald Darmanin, très aimable pour nos concitoyens musulmans en ce premier jour de ramadan mais qui, le 14 février, se félicitait de la simplification numérique pour les Français. Cela fait un moment qu’il prépare le ramadan. Le 26 février, il postait un « Message à nos compatriotes musulmans » pour annoncer qu’il allait protéger les mosquées pendant la durée du ramadan. Protéger les musulmans, mais de qui ? D’eux-mêmes ? Le Ramadan est pain béni pour les attentats islamistes, cf. 20 minutes en 2015, Le JDD en 2016, Radio France en 2017, Le Figaro en 2021…
Côté sportifs, Médias Gones, le compte X des supporters lyonnais, prend prétexte du ramadan pour se rattraper de son oubli quadragésimal : « Ramadan Mubarak à tous nos gones Musulman. Bon Carême par ailleurs à tous nos gones Chrétiens ! ». Quant au PSG, son compte arabe sur X fait défiler aujourd’hui Noirs, Arabes, Blancs, enfants, femmes, jeunes hommes, qui disent « Ramadan - Carême ». Cette année, le « Ramadan Mubarak » entre en résonance avec le conflit en Palestine. La basketteuse Emilie Gomis, radiée de Paris 2024 pour un tweet polémique et dont le compte est rempli de messages anti-israéliens, souhaite pieusement un bon ramadan mais n’a pas souhaité le carême : ce jour-là elle retweetait Aymeric Caron à propos de Gaza.
Les supermarchés sont sur la même ligne. On chercherait en vain un catalogue de promotions liées au carême. Par contre, les nourritures terrestres musulmanes sont l’objet de toutes les convoitises. Auchan et Carrefour sont explicites - « votre ramadan à petits prix »,« Tout le ramadan à petits prix » -; Leclerc et Intermarché font dans le subliminal - « Toutes les saveurs d’Orient », « Spécial Orient - Saveurs épicées à prix doux ».
“Libé” en pilier de l’islam
Et dans les médias ? Le ramadan a au moins une bonne longueur d’avance. Libé se fend d’une page catéchétique : « quels sont les obligations, interdits et traditions du mois de jeûne musulman », et va chercher l'info à la source : « le ramadan commencera bien ce lundi 11 mars, annonce la Cour suprême saoudienne ». On cherche en vain l’équivalent concernant le carême dans ce journal. Il faut pour cela lire dans Le Figaro un intéressant article sur le retour de l'ascèse chez les jeunes catholiques. La Croix, elle, organise un entretien croisé entre une religieuse et l’imam de la grande mosquée de Strasbourg. Au final, match nul. Radio France, elle, a convié dimanche l’imam de la mosquée de Saint-Ouen pour parler du ramadan, mais rééquilibre en diffusant et la messe, et les « Conférences de Carême catholique ».
En 2017, Radio France expliquait la plus grande visibilité du ramadan : c’est « un fait communautaire », alors que le carême est vécu comme un choix individuel et discret. Certes, mais la visibilité est aussi proportionnelle au poids de ce communautarisme musulman, démographique et conquérant, et que reflète sur le service public une émission comme « La nuit du ramadan » qui va fêter sa 33e année sans contrepartie chrétienne. Une complaisance pour l’altérité racisée dont la démonstration n’est plus à faire.
Samuel Martin