Comme l’a montré l’échec du Brexit sur le plan migratoire, ne pas (ou ne plus) faire partie de l’Union européenne ne garantit pas pour autant de pouvoir agir à sa guise dans ce domaine. L’exemple de la ville norvégienne de Drammen vient nous le rappeler.
En effet, le conseil municipal (de droite) de cette ville d’environ 100 000 habitants située au sud du pays avait pris la décision par 29 voix contre 28, le 13 février dernier, de n’accueillir que des réfugiés ukrainiens. Une décision motivée par le fait que ces Ukrainiens seraient « plus faciles à intégrer dans la société » que d’autres étrangers.
À l’époque, cette annonce avait suscité des réactions en Norvège et le gouvernement de centre-gauche ainsi que l’opposition avaient déclaré qu’ils considéraient la décision du conseil municipal de Drammen comme une violation des lois norvégiennes.
Des villes norvégiennes dénuées de pouvoirs de décision ?
En février dernier, le Premier ministre norvégien, Jonas Gahr Støre, condamnant cette décision et cité alors par l’agence de presse Associated Press (AP), affirmait que « les 357 municipalités norvégiennes ne peuvent pas décider elles-mêmes des réfugiés qu’elles acceptent, mais seulement du nombre qu’elles peuvent accueillir ». Selon Jonas Gahr Støre, une telle décision n’était « pas légale ».
De son côté, le conseil municipal de Drammen s’expliquait de ce vote à travers une déclaration reprise par le quotidien norvégien VG : « Nous sommes pleinement conscients que nous remettons en question les pratiques actuelles et que nous testons certaines limites de ce que nous avons la possibilité d’influencer en tant qu’élus municipaux ».
Dans un premier temps, c’est un membre du parti d’opposition au conseil municipal de Drammen qui avait signalé cette décision à la police, estimant qu’elle était contraire à la loi et à la constitution.
La décision du conseil municipal de Drammen annulée
L’affaire a pris un nouveau tournant le 9 avril dernier, lorsqu’une haute autorité norvégienne a déclaré qu’elle annulait la décision du conseil municipal de n’accueillir que des réfugiés ukrainiens, arguant que cette décision était contraire à la Constitution norvégienne et aux lois sur la discrimination en vigueur dans le pays scandinave.
Le bureau du gouverneur d’Oslo et de Viken avait demandé au conseil municipal de Drammen d’expliquer sa décision de février. Le gouverneur ayant déclaré que la décision municipale « impliquait une discrimination directe fondée sur la nationalité ».
« Nous prenons note de la décision et nous discuterons de la marche à suivre à la fois en interne au sein du Parti conservateur et entre les quatre partis » de la majorité municipale, a déclaré Kristin Surlien, l’une des figures du parti conservateur Høyre (signifiant « droite ») à Drammen, au journal local Drammens Tidende.
Près de 900 000 immigrés en Norvège
Selon les chiffres fournis par la ville, la municipalité de Drammen comptait près d’un tiers d’immigrés ou de citoyens nés en Norvège de parents immigrés parmi sa population en 2023, soit environ 31 000 individus.
L’agence Norway Statistics a indiqué qu’il s’agissait principalement de Polonais, de Lituaniens, d’Irakiens, de Pakistanais et de Somaliens. Depuis 2022, le pays scandinave de 5,5 millions d’habitants a accueilli 70 800 Ukrainiens, selon la Direction norvégienne de l’immigration.
En 2023, la Norvège comptait sur son sol 877 227 migrants, principalement originaires de Pologne, de Lituanie, de Suède, de Somalie et d’Allemagne, selon les statistiques officielles.
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