Vert de rage, il débarquait lundi dans un internat niçois accompagné du redoutable Éric Ciotti, de l'incontrôlable Christian Estrosi et du colosse Dupond-Moretti (ex-Hulk au cinéma). L'inauguration de cet établissement réservé aux potentiels futurs lyncheurs d'élèves sans histoire allait être l'occasion de dévoiler le programme auquel ils seraient soumis durant quinze jours. Ces « primo délinquants en situation de scolarisation » affichaient un air goguenard. Ils allaient déchanter. Parmi les activités les plus dures, le personnel d'encadrement allait les emmener à la « découverte d'une exposition sur Tintin ». Les têtes pensantes de l'opération n'avaient pas trouvé plus martien que de confronter des ados incultes à la naïveté charmante de l'univers d'Hergé. Au moindre désordre, les fauteurs de trouble seraient traînés de force à une expo Bécassine. L'équivalent du mitard pour les longues peines.
En réponse à un pensionnaire qui manifeste son désintérêt pour ce stage « de rupture », Gabriel Attal se fâche tout rouge : « En tout cas, tu vas apprendre plein de choses, vous allez faire plein d’activités ». Son retour vers le vocabulaire de ses quatre ans témoigne de l'émotion qui l'étreint. Dans ces moments de grande colère, le langage n'est plus sous contrôle.
À quand les colliers de nouilles?
Les plus rebelles frémissent à l'énoncé d'une autre activité. Baptisée « sortie en bord de mer », l'épreuve promet d'être rude. Initiation aux pâtés de sable, colliers en coquillage... Encore une idée qui nécessitera de réprimer ses éclats de rire. Les organisateurs n'ont pas lésiné sur l'infantilisme du concept. En attraction, le trio Ciotti, Estrosi, Dupond -Moretti interprète la comptine qui sera chantée tous les soirs à l'heure du coucher. Le ténor du barreau fait trembler les décorations en papier crépon.
Pour les rares éléments qui sont parvenus à garder leur sérieux, le Premier ministre réserve le gag du matin. Atelier « estime de soi » après le petit déjeuner. Le jeune qui fait régner la terreur au sein de son école est affectée d'une timidité maladive. À coup de poings et de pieds il fait savoir ô combien il s'estime inférieur. Il est grand temps de lui redonner confiance et qu'il soit fier de lui. Une visite au camp de déportés des Milles à Aix-en-Provence achèvera de remettre tous ces galopins sur le droit chemin. Un dernier sursaut d'autorité pour la route : avant de partir, Gabriel Attal menace de ne pas distribuer de bons points à ceux qui casseront le mobilier. Non mais là, c'est trop !
Jany Leroy