Les lanceurs d’alerte ont été méprisés
Cela fait des années que le RN et Reconquête ou des médias comme BV alertent les Français sur le danger que représente cette mouvance. Sur le frérisme, il y a eu des livres signés Bergeaud-Blackler, Chesnot et Malbrunot, Del Valle et Razavi, et, déterminant, celui de Patricia Chagnon, eurodéputée RN, sur le Qatargate. Car il n’y a pas de Frères musulmans sans Qatar, comme elle l’explique à BV : « Le Qatar pousse ses pions dans différents secteurs, commercial, institutionnel, financier, et religieux : les Frères musulmans sont la branche prosélyte de sa volonté de puissance. Ils sont financés sans limites. » Et cela fonctionne. Toute la société française est gangrenée : « le sport, l'éducation, la médecine, la justice, les organisations étudiantes et syndicales, les ONG, la vie politique, associative, culturelle », énumère Darmanin, sans oublier petits commerces et grandes marques. L’islam embrassant tous les aspects de la vie individuelle et publique, il s’agit de rendre la société française « charia-compatible ». Pour Patricia Chagnon, « c’est un peu facile de découvrir le problème des Frères musulmans en pleine campagne électorale. J’ai moi-même alerté Gérald Darmanin de nombreuses fois sur cette problématique, au Conseil régional des Hauts-de-France dont il a été vice-président jusqu’en 2020. Xavier Bertrand et lui ont toujours refusé d’agir. »
La Patrie en danger ? Il est bien temps
Par la description qu’il fait du frérisme, Darmanin montre qu’il est au courant de l’ampleur du problème. Que changera un rapport sur un phénomène parfaitement repéré, identifié, analysé ? Le rapport « est nécessaire pour convaincre la France, les institutions, les élus locaux et les décideurs », explique un de ses proches au JDD. On se demande en quoi un rapport les convaincra davantage, mais Darmanin sonne le tocsin : la République est en danger. Il parle d’« une menace d'ingérence et de déstabilisation de la République »; de « course contre la montre ».
En même temps - il est tellement plus facile de dissoudre les groupuscules d’ultradroite - il traite de « jocrisses » ceux qui voudraient faire fermer les Frères musulmans, au prétexte que ce n’est pas une structure identifiée comme telle. Pour Patricia Chagnon, structure ou pas, dire cela est un aveu de faiblesse. L’eurodéputée jugera le ministre de l’Intérieur sur ses actes : « Concrètement, des fermetures de mosquées, des expulsions. L’intransigeance totale contre l’invisibilisation des femmes au moyen du voile », nous détaille-t-elle.
Cent mille Frères en France
Darmanin aime jouer les matamores mais 60 étrangers islamistes radicaux expulsés depuis janvier (selon une information du Figaro), sont une goutte d’eau parmi les mille autres étrangers inscrits au FSPRT (Fichier des signalements pour la prévention de la radicalisation à caractère terroriste). Sur ces mille, 500 sont en prison, en CRA (Centres de rétention administratifs) ou en hôpitaux psychiatriques et 500 dans la nature sur notre sol. Ces islamistes avérés n’étant eux-mêmes qu’une autre goutte d’eau parmi les Frères musulmans qu’on estime à cent mille en France. Des « Frères » qui mettent la pression sur des centaines de milliers de musulmans pour qu’ils basculent vers un islam rigoriste. Se défendant de toute islamophobie, Darmanin joue d’ailleurs cette carte: « En agissant ainsi, nous protégeons les musulmans eux-mêmes. » Heureusement qu’il y a de gentils musulmans en France, pour que Darmanin protège, en sus, les Français de souche des méchants musulmans.
A l’Elysée et à Beauvau, l’heure de la contre-offensive a sonné. Le rapport sera-t-il suivi de décisions pratiques ou moisira-t-il aux archives ? Côté Frères musulmans, les réactions seront-elles passives (victimisation) ou actives (attentats) ? Les Frères musulmans ne sont pas, officiellement, adeptes de la méthode terroriste, mais, pour toute organisation islamiste, passer en mode attentats est une question de puissance et d’opportunité.
Samuel Martin