Un sondage révèle que le taux de participation aux prochaines élections européennes devrait être de 45 % soit 5 points de moins qu’il y a 5 ans. Ce qui donnerait au parti présidentiel composé en réalité de 4 mouvements un peu moins de 4 millions d’électeurs. Ramené au nombre total de votants inscrits cela ne représente plus que 8%. Le calcul vaut pour tous. Le RN avec le double de voix serait donc à moins de 20%, c’est mieux, mais pas bien terrible, quant aux autres… La politique n’intéresserait plus les jeunes ne se reconnaissant dans aucun parti. Les vieux, vivier de la macronie, tournent le dos au gendre idéal, ne reste plus grand monde pour exercer ce droit démocratique en passe d’être supprimé, si plus personne ne s’en sert. En cela les partisans d’un rétablissement d’un suffrage censitaire seront ravis et le peuple des abstentionnistes les gagnants de la fronde. Le scrutin du 9 juin scellera le sort des États Nations, Macron l’a expliqué dans son discours de la Sorbonne, la France n’existe plus, a-t-il en substance martelé, donnons-lui le coup de grâce. Que diront-ils les abstentionnistes une fois la dilution actée et consommée ? Ah oui, selon un vieux fantasme, c’est à ce moment-là qu’ils vont se réveiller et tout renverser.
On en rirait si ce n’était pas aussi pathétique. Force est de constater que la campagne est résolument tournée vers la pauvreté et l’unicité. Les quelques soi-disant grands débats qui ont lieu, sont organisés avec les têtes de liste des partis représentatifs. Que cache ce terme ? Dans une démocratie normale, tous les candidats seraient invités, en France non. Les organisateurs c’est-à-dire les journalistes, écartent arbitrairement tous les « petits » prétendants. Ces derniers à leurs yeux n’ont aucune valeur, jugement purement subjectif et obscène s’il en est, puisqu’ils insultent tous les électeurs qui iront voter pour ces personnes non présentes sur les écrans, signifiant à ces citoyens qu’ils ne sont rien, formule chère à notre Président. Quand bien même le résultat final montrera qu’ils n’ont pas eu la faveur de beaucoup de votants, ce ne sont pas à ces censeurs de décider qui mérite de s’exprimer et de débattre. Cette façon de faire est insupportable, ce clivage entre les « gens sérieux » et les autres est d’un dédain absolu.
Résultat des courses, nous voyons s’affronter des personnes qui pensent quasiment la même chose sur tout, les variables étant à la marge. Quel intérêt ? Aucun, et on comprend aisément la lassitude des électeurs de n’entendre qu’un unique son de cloche et l’écœurement de voir ces professionnels de la politique se donner une réplique qui sonne trop souvent faux. Un débat sans idée nouvelle, sans un affrontement direct des dogmes présentés comme inattaquables et intangibles le rend pauvre, fade, et n’attire plus personne. Comment en effet séduire un électorat qui se détourne de la clique habituelle si les trublions sont soigneusement bannis sous le prétexte qu’ils ne représentent rien, sachant que sans couverture médiatique il est impossible aujourd’hui de se faire connaître.
C’est donc l’abstention qui devrait gagner. Quelle victoire, Onfray sur Cnews, il y a quelques jours, semblait s’en réjouir, annonçant à Laurence Ferrari qu’il n’irait pas voter puisque ça ne servait à rien et que les abstentionnistes avaient tout compris. Dame, et qu’ont-ils percé du mystère des décisions politiques ? Eh bien c’est très simple, que rien ne changera par le vote et qu’il est préférable de ne pas se déplacer, car quand bien même une majorité nouvelle arriverait au parlement, ils, sous-entendu les tenants des ficelles, constitueraient une commission pour passer outre ce parlement hostile. Peut-être, mais au lieu de les pousser à la faute, l’éminent philosophe préfère leur laisser les mains libres et leur donner la pleine et entière légitimité pour détruire ce qui reste de nos libertés et des nations. Et que fera-t-il ensuite pour marquer sa désapprobation et sa colère ? Ben la révolution voyons… Les électeurs ne changeront rien, mais les abstentionnistes non plus, depuis le temps que ce parti gagne les élections on le saurait non ? C’est tout de même curieux de voir ces prétendus politiques faire l’apologie de l’abstention. C’est un peu comme si un prêtre vous affirmait que croire en Dieu c’est de la foutaise, ou qu’un médecin refuse de vous soigner au motif que la vie se termine toujours mal. Il est difficile de penser que l’on peut animer une émission politique en prônant l’abstention comme unique moyen efficace de lutter contre un système qui se frotterait les mains à l’idée d’instaurer une cooptation à la Chinoise, écartant une bonne fois pour toute le peuple des urnes. On peut être considéré comme naïf en s’accrochant au droit de vote, mais n’est-ce pas irréfléchi de s’en remettre à l’abstention pour changer ce que seuls les élus peuvent modifier ?
Nous l’avons déjà écrit dans nos colonnes, une voix qui ne s’exprime pas, n’existe pas. Les abstentionnistes subiront comme les autres les décisions mortifères et penser que les scrutins les plus importants sont nationaux est une erreur pour le moment. Que certaines règles soient réformées pour rendre les élections à la fois plus attractives et transparentes, nous y sommes favorables au RPF. La première serait d’en finir avec ces débats entre gens choisis selon leur importance présumée. Tous les candidats doivent pourvoir s’affronter et il est curieux que l’ARCOM n’intervienne pas pour dénoncer cette pratique anti démocratique. Une question pourrait se poser au niveau européen lui-même. Que pourront penser des Etats ou la participation sera importante et qui ne se verront attribuer qu’un nombre pré établi et restreint d’élus par rapport à la France, qui va obtenir une grande quantité de sièges alors que les votants seront peut être moins nombreux ? Il y a là un souci de représentation qui pourrait surgir. Après tout, si nous boudons les urnes, ce n’est pas le problème des autres nations. La proportionnelle devrait jouer à plein et répartir les élus en fonction de l’intérêt réel que les électeurs ont manifesté. On donnerait ainsi une prime aux bons élèves et cela inciterait peut-être les partis à se renouveler dans leurs propositions. Est-il normal qu’une forte mobilisation dans un pays se trouve réduite dans sa représentation alors que son grand voisin qui déserte les urnes, bénéficie toujours d’une surreprésentation ? Une pondération en fonction du taux de participation serait à minima, juste. Quoi qu’il en soit avant de prétendre envisager que même si le parlement bascule à droite la commission se débrouillera pour passer outre, le mieux c’est quand même d’aller voter, et de voir si les prédictions se réalisent ou pas.
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Par Gilles La-Carbona : secrétaire national du RPF au suivi de la vie parlementaire