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Les Russes ont flanqué une grosse fessée à Macron devant Xi Jinping

Les Russes ont flanqué une grosse fessée à Macron devant Xi Jinping

parEdouard Husson 
10 mai 2024

Macron a été humilié par le gouvernement russe en pleine visite de Xi Jinping. 

Ne comptez pas sur les médias subventionnés pour vous en parler. A la rigueur on vous aura dit que le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a évoqué, dans un entretien la “russophobie d’homme des cavernes” d’Emmanuel Macron. Mais la réalité est moins folklorique. Le ministère russe des Affaires étrangères, a publié lundi, en coordination avec le ministère russe de la Défense, un texte reliant les exercices russes avec des armes nucléaires tactiques aux déclarations belliqueuses récurrentes d’Emmanuel Macron. Pierre Lévy, ‘ambassadeur français à Moscou a été convoqué au Ministère des Affaires étrangères. C’est ce contexte qui explique qu’Emmanuel Macron ait dû réaffirmer, devant Xi Jinping, que “ni la Russie ni le peuple russe” n’étaient les ennemis de la France; et qu’il n’était pas question de renverser le régime russe en place…. A la différence de ses collègues de l’Union Européenne et du G7, l’ambassadeur de France en Russie était présent à l’inauguration du nouveau mandat du président Poutine, le 8 mai.

 

Pierre Lévy, ambassadeur de France à Moscou

Les médias subventionnés français n’ont pas rendu compte des échanges très tendus entre Paris et Moscou depuis qu’Emmanuel Macron a relancé, dans The Economist, le sujet de l’envoi de soldats français. Et pourtant, nous avons un enchaînement qui est presque un cas d’école. Rappel et informations nouvelles:

Déclarations belliqueuses de Macron et Cameron (2-3 mai)

Nous avions rapporté et commenté les propos d’Emmanuel Macron dans The Economist. Ils ont coïncidé avec d’autres déclarations, belliqueuses elles aussi, du ministre britanniques des Affaires étrangères, David Cameron, qui avait affirmé que l’Ukraine devrait pouvoir frapper le territoire russe (hors territoires disputés passés sous souveraineté russe entre 2014 et 2021) avec les missiles que lui livrait Londres.

Les “révélations” de Steven Bryen (4 mai)

Le journal Asia Times publie, le 4 mai un article sur la présence se soldats français de la Légion étrangère en Ukraine:

La France a envoyé ses premières troupes officiellement en Ukraine – les soldats issus du 3e régiment d’infanterie français, qui est l’un des principaux éléments de la Légion étrangère, déployés en soutien à la 54e brigade mécanisée indépendante ukrainienne à Slavyansk – selon une information du service d’information russe Sputnik, elle-même sourcée à la chaîne russe Telegraph Military Chronicle.

Top War, un autre site russe, note qu’il existe une version légèrement différente dans laquelle le numéro d’unité de la brigade ukrainienne recevant ces renforts n’est pas la 54e mais la 7e. « Pour notre part », prévient Top War, « nous ne pouvons ni confirmer ni infirmer cette information, tout est donc laissé à votre appréciation. En même temps, il n’y a pas de fumée sans feu ».

Asia Times, 4 mai 2024

L’important est moins le contenu – tiré de médias russes et sur lequel nous avons à plusieurs reprises mis un gros point d’interrogation pour nos lecteurs – que le fait que ces informations non confirmées sortent de la sphère médiatique russophone, et sous la plume d’un journaliste américain respecté, considéré comme fiable. Nous avions aussi fait remarquer que M.K. Bhadrakumar, autre sources sérieuse, reprenait les informations.

Tout cela était le signe que la Russie avait décidé de monter d’un cran dans les messages qu’elle faisait passer aux Occidentaux. On se rappelle en effet que chaque article russe parlant de la présence de soldats français était accompagné de la promesse que ces soldats seraient immédiatement la cible de l’armée russe. La nouvelle prise de parole d’Emmanuel Macron signifiait que le message n’était pas passé. Il fallait mettre, du point de vue russe, les points sur les i.

La dramatique journée du 6 mai

Le 6 mai au matin, le Ministère français des Affaires étrangères tentait de désamorcer la situation en criant aux “fake news”:

Mais les Russes n’allaient pas mollir pour si peu. Le Ministère des Affaires étrangères russes publiait un premier communiqué général (c’est nous qui soulignons):

En ce qui concerne les prochains exercices militaires russes organisés pour s’entraîner à l’utilisation d’armes nucléaires non stratégiques, nous voudrions souligner que ces exercices devraient être considérés dans le contexte des récentes déclarations militantes faites par des responsables occidentaux et des actions hautement déstabilisantes prises par plusieurs pays de l’OTAN pour accroître la pression militaire sur la Fédération de Russie et créer des menaces supplémentaires pour la sécurité de notre pays dans le cadre du conflit en Ukraine et de la situation qui l’entoure.

Il s’agit avant tout de la déclaration ouverte de soutien et d’assistance directe aux attaques terroristes contre la Russie menées par le régime de Kiev à l’aide d’armes occidentales de plus en plus perfectionnées qui lui sont fournies. Comme ces frappes visent souvent délibérément des installations civiles, elles font de nombreuses victimes civiles. Cependant, les parrains de la junte de Kiev, qui continuent de l’inciter à commettre de nouveaux crimes, s’en accommodent parfaitement. En particulier, le ministre britannique des affaires étrangères David Cameron et les représentants de plusieurs autres pays de l’OTAN ont ouvertement déclaré que l’Ukraine avait le droit d’utiliser les armes qu’ils fournissent pour frapper des cibles sur le territoire russe.

Outre les missiles à longue portée britanniques et français, qui sont utilisés depuis longtemps en Ukraine, nous avons pris note des modèles de missiles ATACMS fabriqués aux États-Unis, qui ont été récemment envoyés en Ukraine et qui sont capables d’atteindre des cibles à l’intérieur de la Russie.

Dans le même temps, tentant de créer des menaces de missiles multiformes pour la Russie, les États-Unis ont ouvertement et manifestement lancé le déploiement dans le monde entier de missiles terrestres à portée intermédiaire et à courte portée, qui étaient auparavant interdits en vertu du traité FNI. Après avoir rejeté les initiatives russes visant à maintenir la viabilité de ce traité, notamment en réglant les préoccupations mutuelles sur la base de mesures de vérification réciproques, Washington a délibérément détruit le traité, qui a été pendant des années un pilier de la sécurité internationale et de la stabilité stratégique. Après cela, les États-Unis ont immédiatement relancé la création et les essais de cette classe de missiles et ont commencé à former des unités militaires spécifiques à la région et à travailler à la mise en place de l’infrastructure correspondante. Aujourd’hui, les États-Unis déploient ces systèmes de missiles en Europe et dans la région Asie-Pacifique, prétendument pour la durée d’exercices militaires organisés conjointement avec leurs alliés, ce qui montre que la fabrication et les essais de ces armes battent leur plein.

Nous déclarons expressément par la présente que nous nous réservons le droit de répondre en nature, quel que soit le lieu de déploiement des missiles américains à portée intermédiaire et à courte portée, ce qui reviendrait à mettre fin au moratoire unilatéral de la Russie sur le déploiement de ces systèmes d’armes. En réponse aux actions américaines, la Russie accélérera la mise à niveau et commencera à fabriquer des systèmes de missiles similaires. Cela ne devrait pas prendre beaucoup de temps, compte tenu des projets de R&D déjà annoncés et des progrès de l’industrie de défense russe. Si une décision de déploiement est prise, nous nous réservons le droit de déployer ces armes à notre discrétion.

Les chasseurs multirôles F-16 fabriqués aux États-Unis devraient bientôt être déployés sur le théâtre de guerre ukrainien. La Russie a souligné à de nombreuses reprises que nous ne pouvions pas ignorer le fait que le F-16 est un avion à « double capacité » qui peut transporter des armes conventionnelles et nucléaires. Les avions de cette classe ont constitué le noyau du pool utilisé pour les « missions nucléaires conjointes » de l’OTAN. Quelle que soit la modification apportée à ces avions, nous les considérerons comme dotés d’une capacité nucléaire et nous considérerons cette action des États-Unis et de l’OTAN comme une provocation délibérée.

Dans ce contexte, nous avons pris note des déclarations des dirigeants polonais selon lesquelles Varsovie a délibérément et concrètement demandé à Washington d’envisager le déploiement d’armes nucléaires en Pologne.

Nous considérons les déclarations du président français Emmanuel Macron sur la possibilité d’envoyer des troupes françaises et d’autres troupes de l’OTAN en Ukraine comme totalement irresponsables et imprudentes. En outre, les médias occidentaux ont rapporté qu’un certain nombre de mercenaires de la Légion étrangère française se trouvent déjà en Ukraine. Cela ne peut être considéré que comme une preuve de la volonté et de l’intention d’entrer dans une confrontation directe avec la Russie, ce qui équivaudrait à un choc militaire frontal entre puissances nucléaires. Nous avons pris note d’un certain nombre d’actions de la France, y compris des exercices militaires et d’autres activités, qui sont probablement conçues pour renforcer les déclarations de Macron avec la démonstration de la capacité nucléaire de Paris.

Ces actions et plusieurs autres menées par les pays de l’OTAN montrent en fait qu’ils tentent délibérément d’intensifier la crise ukrainienne jusqu’à une confrontation militaire ouverte entre les pays de l’OTAN et la Russie dans le cadre de leur politique hostile visant à infliger une « défaite stratégique » à la Russie.

Nous déclarons par la présente que les efforts agressifs des pays de l’OTAN pour saper la sécurité de la Fédération de Russie prennent de l’ampleur. À cet égard, nous souhaitons rappeler à tous que la protection garantie de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de notre pays est la priorité absolue de la politique de sécurité militaire de la Russie, y compris en ce qui concerne la dissuasion nucléaire.

Le régime de Kiev et ses maîtres à penser occidentaux devraient enfin admettre que leurs mesures imprudentes rapprochent de plus en plus la situation d’un point de basculement explosif. Les risques militaires qui en découlent et les menaces qui en résultent pour notre pays ont été clairement décrits dans la doctrine militaire de la Fédération de Russie et dans les principes fondamentaux de la politique d’État de la Fédération de Russie en matière de dissuasion nucléaire.

Ces points de vue ont servi de base à la décision d’organiser des exercices militaires impliquant une partie de nos unités et de nos ressources de dissuasion nucléaire, ce qui devrait envoyer un signal qui donne à réfléchir à l’Occident et à ses marionnettes à Kiev.

Nous espérons que ces exercices refroidiront les têtes brûlées des capitales occidentales, leur ouvriront les yeux sur les conséquences catastrophiques potentielles des risques stratégiques qu’elles génèrent, et les empêcheront de soutenir les attaques terroristes du régime de Kiev et de s’impliquer dans une confrontation militaire directe avec la Russie.

Ministère russe des Affaires étrangères, 6 mai 2024, 17h44 (donc 16h44 en France)

On peut difficilement faire plus explicite pour rappeler la base de la dissuasion nucléaire. En particulier, Emmanuel Macron est nommé, tout comme David Cameron. Et la possibilité d’une confrontation nucléaire avec la France est envisagée!

Une heure plus tard, on comprenait, par un communiqué, que l’ambassadeur de France à Moscou, Monsieur Pierre Lévy, avait été convoqué le même jour au Ministère des Affaires étrangères (un autre communiqué concernait son homologue britannique):

En raison des déclarations de plus en plus belliqueuses des dirigeants français et des informations reçues sur l’implication croissante de la France dans le conflit autour de l’Ukraine, l’ambassadeur de France en Russie, Pierre Levy, a été convoqué au ministère des affaires étrangères le 6 mai.

La partie russe a fait part de son évaluation fondamentale de la ligne destructrice et provocatrice de Paris, qui a conduit à une nouvelle escalade du conflit. Il a été souligné que les tentatives des autorités françaises de créer une certaine incertitude stratégique pour la Russie avec leurs déclarations irresponsables sur un éventuel envoi de contingents militaires occidentaux en Ukraine sont vouées à l’échec. Les buts et objectifs de l’opération militaire spéciale seront atteints

Ministère des Affaires étrangères russe, 6 mai 2024, 18h50 (17h50 à Paris)

Quand Macron essaie de dissimuler sa retraite de Russie devant le président chinois

Finalement, tout ce dont la presse subventionnée française aura parlé ce jour-là, c’est l’expression cocasse de Sergueï Lavrov affirmant que Macron développe une “russophobie d’homme des cavernes”: