Le mouvement dextrogyre se poursuit dans la presse française : si vous avez aimé l’épisode sur la reprise du JDD, vous allez apprécier la reprise de Marianne. Selon Mediapart, le tchèque Daniel Kretinsky s’apprête à vendre l’hebdomadaire Marianne au milliardaire Pierre-Édouard Stérin, fondateur de Smartbox, catholique convaincu. Il ne manquerait plus qu’on le croise sur la route de Chartres ce week-end…
Denis Olivennes, patron de CMI, la filiale presse du groupe du milliardaire tchèque (qui détient aussi Elle et Franc-Tireur), a annoncé son intention d’entrer en négociation exclusive avec le groupe Otium, la holding de Pierre-Édouard Stérin. L’objectif est de signer mi-juin, pour un changement de main définitif cet automne. Il faut dire que Marianne a perdu 3,5 millions d’euros en 2023, auxquels il faut ajouter plus d’un million d’euros facturés par le groupe de Daniel Kretinsky au titre des frais de gestion, de marketing et autres services. Lourd déficit pour un chiffre d’affaires tournant autour de 12 millions d’euros.
Pierre-Édouard Stérin s’est engagé à investir dans l’entreprise, il promet de garantir l’indépendance de la rédaction, en reconnaissant notamment la charte éditoriale et de maintenir Natacha Polony à son poste de directrice de la rédaction. Mais les salariés ont déjà voté en assemblée générale les points qu’ils souhaitent imposer à leur futur repreneur : adoption d’une « charte éthique actant la non-intervention de l’actionnaire sur le journal », mais aussi validation par 60 % de la rédaction de toute nouvelle direction et mise en place d’un conseil d’administration offrant la moitié des sièges à des représentants de la rédaction.
Selon Mediapart, Pierre-Édouard Stérin est un ancien militant de l’UNI, syndicat étudiant de droite, et a participé à Idées actions, le mouvement d’Alain Madelin. Si c’est vrai, ça fait très peur…
Après avoir fait fortune avec ses coffrets cadeaux Smartbox, il a lancé Otium Capital, un fond d’investissement. Il a placé une partie de son argent dans un fonds de dotation « fonds du bien commun », dont la mission est de financer des projets associatifs, comme Meditatio, une application de méditations chrétiennes, ou Maman vogue, une application pro-vie.
Pierre-Édouard Stérin se dit « libéral, conservateur et patriote ». Dans un plaidoyer qu’il cosignait dans Les Échos en décembre 2023, il appelait à l’
« embrasement de valeurs longtemps oubliées, évacuées de nos sociétés car déléguées à notre État-providence, relais inefficace de nos solidarités naturelles ».