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[EDITO] NFP et Macronie : spectacle de clowns sur un navire en feu

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Dernière minute. Le PS, les Écologistes et les communistes passent du rouge au vert. Les trois partis ont proposé, le 15 juillet au soir, Laurence Tubiana au poste de Premier ministre à LFI, selon France Télévisions. Cette économiste a été ambassadrice pour les négociations de la COP21 et a présidé la Convention citoyenne pour le climat. Elle dirige la Fondation européenne pour le climat.

L'article. Ils jettent l’éponge. Les responsables du PC et de LFI pensaient sincèrement que le nom d’Huguette Bello, patronne ex-communiste de La Réunion, provoquerait l’enthousiasme irrésistible du peuple de leurs électeurs et de leurs élus. N’était-elle pas de gauche ? Femme ? Et « racisée », ainsi que l’avait précisé Mélenchon lui-même ? Et ouste, « sancto subito ! », comme disent les Italiens. Sauf que la vertu de nos socialistes ne va pas jusqu’au suicide collectif derrière une pasionaria inconnue en métropole qui réaffirmait fièrement, en 2021 encore, son ancrage dans une idéologie communiste qui a provoqué de menus dégâts, ce dernier siècle.

La déception se lit à travers les lignes du communiqué tombé ce 15 juillet sur le site de La France insoumise« Nous déplorons l’impasse dans laquelle le Parti socialiste a mis le Nouveau Front populaire pour son choix de candidature à la fonction de Premier ministre », écrit LFI. « Il y a un traître parmi nous », comme disent les staliniens. Et comme d’habitude, c’est un social-traître, un socialiste opposé à cette figure providentielle, descendue du ciel autoritaire où baigne la Mélenchonie. « Ainsi, alors que la proposition du nom d’Huguette Bello avait trouvé un soutien large et enthousiaste dans l’opinion de gauche (sic), alors qu’elle n’avait d’abord soulevé aucune objection parmi les composantes du Nouveau Front populaire, le Parti socialiste l’a refusée, sans explication ni motivation », fulminent les mélenchonistes. L’unité et la concorde en marche. Ils feraient pourtant mieux de s’en prendre à eux-mêmes…

Car, en allant chercher à l’extrême gauche de l’extrême gauche la personnalité censée faire l’unité, les fins limiers de LFI auraient pu se douter que les socialistes tordraient le nez. Et que les macronistes ne frétilleraient pas d’enthousiasme à l’idée d’expliquer à leurs électeurs pourquoi, pour la première fois de son Histoire, la France envoyait à Matignon une communiste, avec leur soutien ! Même les Verts sont restés prudemment cois.

Écœurés, les LFistes déplacent la bataille : « Pour l'heure, nous ne participerons à aucune discussion supplémentaire sur la formation du gouvernement tant que la candidature unique à [la présidence de] l'Assemblée nationale ne sera pas acquise et que le vote n’aura pas eu lieu », écrit LFI.

Heureusement que le ridicule ne tue pas… Quelques minutes à peine s’étaient écoulées après l'annonce des résultats des législatives, dimanche dernier, que Jean-Luc Mélenchon expliquait, le verbe haut et le menton péremptoire, pourquoi le président de la République devait lui apporter les clés de Matignon séance tenante, en chemise et la corde au cou, façon bourgeois de Calais. Qu’en aurait-il fait ? En réalité, il n’avait personne à qui les confier…

Au fond, le NFP révèle aujourd’hui sa vraie nature : celle d’une caravane de partis croupions, sans ordre, sans chefs et sans idées, fuyant désespérément vêtus de guenilles idéologiques devant l’avance inexorable du rouleau compresseur RN. Pas de quoi susciter des milliers de vocations pour Matignon.

Car ce qui attend cet introuvable chef n’est guère réjouissant : des guéguerres internes sans fin à gauche, une alliance impossible avec la Macronie, l’opposition sans faille d’un parti surpuissant, le RN, fort de ses dix millions de voix, et une France qui fait entendre chaque jour les craquements sinistres d’une maison en ruine. Après la dégradation des notes d’agences de notation, après les chiffres du déficit de l'État, de la dette et du commerce extérieur, la Cour des comptes tire aujourd'hui, à son tour, la sonnette d’alarme.

Les intitulés des quatre chapitres de cette note pas rassurante donnent le ton : « 1) L’année 2023, une très mauvaise année en matière de finances publiques, 2) Des risques importants sur la nouvelle trajectoire de finances publiques dès 2024, 3) La trajectoire jusqu’en 2027 : des objectifs peu réalistes, enfin 4) Un impact du changement climatique et de la transition énergétique à intégrer dans la programmation des finances publiques ». Chaque minute compte. Le spectacle de clowns se poursuit sur un navire en feu.

Marc Baudriller

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