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JO : bagatelles pour un suicide de masse

JO : bagatelles pour un suicide de masse

N’y aurait-il pas quelque chose de pourri, pas seulement dans le Paris olympique, mais dans le royaume de France ? N’en déplaise aux conservateurs, la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques ne fut pas seulement la célébration d’une déchéance, celle de la capitale, mais bel et bien d’un pays exsangue peuplé de zombies trans. On a beaucoup cité Philippe Muray depuis 48 heures pour décrire ce nouvel « Transhomo festivus », c’est à Louis-Ferdinand Céline, autre maître, qu’en appelle Tom Benejam.

C’est étrange la fin du monde quand le bateau tangue sur le cadavre d’un vieux pays ; c’est là une drôle de fin qui ne semble jamais vouloir véritablement finir. On a beau partouzer comme il faut, au milieu de centaines de milliers d’imbéciles venus bêtement vous applaudir, drapeau tricolore à bout de bras, on a beau se serrer bien fort et remuer du cul entre Daphné Bürki et Philippe Katerine, cajoler frénétiquement l’Internationale des transsexuels multicolores sous ecstasy, ça sent quand même toujours un peu la merde à la fin une partouze. Et puis on se réveille le lendemain, empli d’un sentiment un peu bizarre, d’une gueule de bois qui vous flotte comme l’eau poisseuse de la Seine en travers de la gorge, et on se demande après tout si cela n’était pas qu’un cauchemar de plus, rien d’autre qu’un énième cauchemar supplémentaire ? Mais l’odeur d’une transpiration exotique vous prend déjà au nez, vos vêtements trop grands pour vous sont sales et vous collent désagréablement à la peau. Tout est souillé en vous et pourtant la souillure n’existe plus ; un vide immense vous monte au creux du corps comme un reflux gastrique d’ampleur cosmique. Non, ça ne remplit pas son homme, la partouze, pas même son posthumain ; alors il faudra tout recommencer demain, recommencer sans cesse la même partouze jusqu’à la fin, la métisser sans cesse davantage, y convier toujours plus de monde, jusqu’au dernier selfie, jusqu’au selfie final.

Métropole-périphérie, même combat

Le monde postmoderne est une immense partouze. Et la France, même morte, continue de porter le flambeau qui éclaire le monde. Oui, Paris est une Pride, Paris est une fête bien triste, la seule fête possible après la fin du monde, la fête des fêtes de la fête, la tautologie finale la plus poussive qui soit, la fête qui n’a plus rien d’autre à fêter que l’accomplissement et la célébration de sa propre fin. Oui, Paris est dégueulasse ; je sais, j’y suis allé un jour pour rendre visite à des amis. Ses rues sont aussi sales que ses habitants ; les jeunes y vivent en tas, ils boivent des canettes de bière le long des canaux et au milieu des places, par terre, comme ça, entre les crottes de chien qui sèchent et les migrants qui déambulent ; tout y semble d’ailleurs en perpétuelle réparation. Mais je n’ai rien contre Paris et les Parisiens en particulier, qu’on ne s’y méprenne pas ; j’ai vu la même fin du monde à Marseille et Montpellier, la même post-humanité descendre la Cannebière et se vautrer au soleil sur la place de la Comédie. On ne me fera pas non plus le coup de la France périphérique encore une fois, l’arnaque du petit peuple français sain et inviolé, garant officieux d’une illusoire « décence commune ». Je connais la France périphérique ; je croise un peu les gens moi aussi, je les écoute sans rien dire, je lis les commentaires çà et là sur les réseaux, comme ça un peu au hasard, par-ci par-là. Je lis les conneries qu’ils racontent les gens, l’immense conspiration de tous ces inconnus contre l’intelligence, toutes ces conneries mirifiques qu’aucun algorithme ne pourra jamais concurrencer. L’intelligence artificielle, au rythme où vont les choses, peut dormir bien tranquille ; la connerie, même post-humaine, a de beaux jours devant elle et l’homme ne sera jamais un robot comme les autres.

La France périphérique nouvelle génération, c’est ce ramassis de post-humains tatoués jusqu’à la raie, ce florilège d’abrutis orelsanisés et gavés de pornographie jusqu’à la moelle, ces spectateurs morbides de « Quatre mariages pour une lune de miel » en quête de dîners presque parfaits, ces éternels adolescents ectoplasmiques biberonnés à la « culture Web », une file interminable de clones siliconés, spirituellement aya-nakamuraïsés et lexicalement nabilaïsés – à moins que ça ne soit l’inverse ? –, traînant leur pauvre vie de réseau social en réseau social, comme une piètre télé-réalité manquée. La France périphérique, c’est le rap en bande originale toute la journée et le pétard à la bouche dès quatorze ans ; et vogue la galère avec les neurones, déjà restreints, qui s’amenuisent au fil des ans. C’est la France des grands frustrés de la mondialisation, ceux qui voudraient bien à leur tour un peu plus de partouze et de pouvoir d’achat. La France pour qui la dernière Playstation ne sera jamais trop chère, mais le Voyage au bout de la nuit à douze euros cinquante sur Amazon Prime toujours hors de prix. La France qui quémande cinq euros de plus pour se noyer toujours sous davantage de merde et rallonger, pour quelques mois encore, ses abonnements Netflix et Disney Plus. C’est la France d’après l’Histoire, à qui même Tinder ne sourit pas ; la France des demi-vivants voués à partouzer depuis l’enfance dans le cybermonde ; la France qui n’a pas son mot à dire, et qui aimerait tant, pourtant, participer au Déluge.

Rester vivant

La France entière est morte vendredi soir dans une même et parfaite communion. Les forces des ténèbres ont englouti les âmes. Je ne pleurerai plus désormais sur le sang d’aucun de tes fils. C’est ton cadavre maintenant qu’on assassine. Je ne suis plus Français ; je veux rester vivant.

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