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Belgique : Émirat ? Soumission, plutôt

molenbeek
Dans une interview au Point, à l'occasion de la sortie de son livre, l'écrivain algérien Kamel Daoud, militant anti-islamiste de longue date, craint de voir émerger en Belgique un émirat « au cœur d'une Europe contrite et aveuglée par la culpabilité et la lâcheté ».

Kamel Daoud n'a pas évoqué la Belgique au hasard. Il est difficile d'établir un palmarès des pays européens les plus touchés par l'islamisme, mais la Belgique figure certainement dans le top 3, en particulier sa capitale Bruxelles. Par rapport à sa population, n'est-il pas celui qui a envoyé le plus de djihadistes en Syrie ? Celui qui a vu pour la première fois une femme voilée siéger dans un parlement d'Europe ? Celui où dans le même parlement bruxellois, un imam a psalmodié une sourate du Coran du haut de la tribune ? Et surtout celui où une cellule de Molenbeek a été au cœur des attentats de Bruxelles (2016) et Paris (2015), le plus meurtrier d'Europe ?

Programme « islamo-compatible »

Plutôt que l'émergence d'un émirat, on évoquera le scénario de Soumission, le roman de Houellebecq. La soumission de la capitale belge est, en effet, bien avancée. Le parlement régional bruxellois compte déjà presque un tiers d'élus d'origine musulmane, la plupart pratiquant un communautarisme effréné. Les candidats ne font pas campagne pour tenter de séduire une majorité de la population, mais s'attellent à convaincre les électeurs de leur communauté, marocaine, turque ou pakistanaise, en s'adressant à elle en arabe, en turc ou en ourdou. Ces élus ne représentent donc plus les Bruxellois dans leur ensemble, mais un groupe ethnico-religieux qui vote pour des candidats de sa communauté, sans trop regarder le programme pourvu qu'il soit « islamo-compatible ».

En effet, la récente campagne électorale pour le parlement bruxellois a été dominée par trois sujets en lien avec l'islam : le port du voile dans les services publics, la poursuite de l'abattage rituel sans étourdissement des animaux, Bruxelles étant la seule des trois régions belges où il reste autorisé et, bien sûr, Gaza qui a occupé une grande partie de l'espace médiatique. Comme on s'en doute, Israël n'a pas trouvé beaucoup de défenseurs parmi les élus d'origine musulmane.

Changement démographique irréversible

La plupart des autres sujets intéressant les Bruxellois sont passés au second plan. Plus préoccupant encore, la campagne s'est jouée sur deux niveaux. Un niveau public relayé par les médias où, en abordant les thèmes communautaristes, les candidats se montraient prudents afin de ne pas créer de polémique. Un niveau plus discret, via WhatsApp, des réunions privées ou sur les marchés, où le discours tenu était plus direct. Ainsi des chalands étaient abordés avec un « c'est pour l'abattage », sous-entendu en faveur de l'abattage rituel, ce qui était immédiatement compris. Ou encore une réunion privée de plusieurs centaines de personnes organisée par le nouveau parti Team Fouad, qui a obtenu trois élus, où les hommes étaient séparés des femmes par un rideau !

Avec l'immigration quasiment incontrôlée qu'a connue la Belgique depuis 2000, la démographie bruxelloise a profondément changé. Les Belges d'origine belge sont devenus minoritaires dans la capitale de l'Europe, 60 % de la population étant désormais d'origine extra-européenne. Ce changement majeur, qui s'est produit en à peine deux décennies, a des conséquences électorales directes. Les élections législatives belges qui se sont tenues le même jour que les européennes ont vu une claire victoire des partis de droite et du centre et la défaite de la gauche. En Wallonie, en Flandre, comme au niveau fédéral (national) belge, des exécutifs de centre droit sont en train de se mettre en place… sauf à Bruxelles. En effet, malgré la victoire du Mouvement réformateur, un parti de centre droit, dans la région de la capitale, la gauche reste majoritaire, grâce aux bulletins des populations issues de l'immigration qui votent massivement à gauche. Une fois que le changement démographique a eu lieu, il est impossible de revenir en arrière.

En conséquence, la neutralité - terme qui est préféré en Belgique à celui de laïcité - des services publics est peu à peu battue en brèche, par la pression des partis de gauche et, parfois, de la justice.

Une longue liste d'abandons

La liste des abandons est déjà fort longue : voile autorisé dans des écoles supérieures et secondaires et dans certains services publics où il était auparavant interdit, tolérance du port de l'abaya qui se répand comme une traînée de poudre, repas sans porc dans les cantines scolaires, enseignement « adapté » dans les faits aux souhaits des parents ou élèves musulmans (sur la Shoah, le cours de biologie, l'art, les activités sportives), tolérance de manifestations contre Israël où des slogans antisémites sont scandés, annulation d'un match de football Belgique-Israël à Bruxelles, etc.

Elle ne fera, hélas, que s'allonger par la pression du nombre de musulmans (quelles que soient les velléités politiques de certains de la freiner) et la faiblesse de la résistance qu'elle rencontre. Soumission donc.

Alain Destexhe

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