Kiev a perdu son pari. Loin de faiblir, la poussée russe s’amplifie dans le Donbass et le front ukrainien n’est pas loin de l’effondrement à l’Est.
En attaquant la région de Koursk, que les Russes considéraient comme un sanctuaire protégé par un “pacte de non agression”, les Ukrainiens ont fait le pari que Moscou allégerait le front du Donbass pour voler au secours de Koursk. Il n’en est rien.
Non seulement Moscou n’a pas allégé son dispositif, mais la poussée russe s’accentue.
Le Washington Post souligne cette erreur de calcul de Kiev, ce qui contraint Zelensky à renforcer les troupes de Koursk, donc “à faire tapis” en quelque sorte, pour ne pas perdre sur les deux fronts. À mon humble avis, il perdra sur les deux tableaux, pour avoir une fois de plus sous-estimé l’Ours russe.
https://tass.com/world/1831405
« Les espoirs de l’Ukraine de limiter les gains russes à l’Est jusqu’à présent ne se réalisent pas. Il existe des preuves montrant que les Russes sont en train d’engager la dernière ligne défensive appropriée à l’extérieur de la ville, à l’extérieur de Pokrovsk [le nom ukrainien de la ville de Krasnoarmeysk] ».
La supériorité de la Russie, en effectifs et en armements, n’est plus à démontrer. Le rapport de la puissance de feu en artillerie est toujours de 1 à 10 en faveur de Moscou. Quant à l’aviation ukrainienne, elle est décimée, en attente des hypothétiques F-16.
En clair, si Moscou possède les réserves nécessaires pour tenir les deux fronts simultanément, ce n’est pas le cas des Ukrainiens, qui envisagent de mobiliser les jeunes de 18 à 25 ans.
Si Zelensky espère échanger les 1 000 km2 conquis à Koursk, contre les 120 000 km2 tenus par les Russes, qui ne cessent d’avancer, il se fait de douces illusions. Il serait temps de redescendre sur terre au lieu de nous bassiner avec le soi-disant tournant de la guerre qui va renverser la situation.
Poutine contrôle 20 % du territoire ukrainien. Zelensky contrôle temporairement 6/100 000 du territoire russe. Un confetti sur l’immensité de la Fédération de Russie.
Selon le ministère russe de la Défense, Kiev a perdu jusqu’à 3 800 militaires et 54 chars depuis le début des hostilités à Koursk. L’opération visant à vaincre les troupes ukrainiennes se poursuit.
Voici les derniers chiffres du jour, de Marc Legrand :
“L’armée ukrainienne a perdu 1 830 tués et 2 250 blessés, depuis le 6 août, dans l’oblast de Koursk, où elle mène une opération militaire contre des civils russes… ainsi que 56 chars, 367 véhicules blindés, 131 véhicules et 40 pièces d’artillerie.”
De son côté, la députée ukrainienne Maryana Bezugla a déclaré :
« Les unités des forces armées ukrainiennes se retirent de l’oblast de Donetsk, abandonnant à leur sort des pans entiers du front. »
« Nos unités se retirent de là, laissant des pans entiers du front à la merci du destin, les munitions ne sont pas ajoutées, les Russes passent par des fortifications vides. Dans ces conditions, l’occupation de Pokrovsk est une question d’avenir proche, et Toretsk vit ses derniers jours. Il semble que nous abandonnions la région de Donetsk »
« Au-delà de Pokrovsk, il y a la route directe vers Pavlograd, où il n’y a aucune fortification, puis il y a le Dniepr. Au-delà de Toretsk, il y a l’agglomération de Kramatorsk, puis il y a la région de Kharkiv… Aucun équipement n’a été installé pour la frontière administrative de la région de Donetsk » (lu sur le blog Telegram de Boris Karpov).
Et côté russe, le ministère de la Défense a créé trois groupes militaires chargés de protéger les régions frontalières de Belgorod, Koursk et Bryansk.
Pour conclure, ceux qui pensent que l’incursion ukrainienne en Russie est une idée de génie qui va faire vaciller le moral des Russes et forcer Poutine à négocier en position de faiblesse sont de doux rêveurs.
Toutes les positions gagnées par l’Ukraine, même fortifiées, seront reprises tôt ou tard. Ce n’est qu’à ce moment que Poutine pourra songer à des négociations s’il le souhaite.
Moscou a tout son temps et possède les moyens militaires en effectifs et en armements, ainsi qu’une économie solide, contrairement à l’Europe. Kiev reste suspendue à l’aide occidentale.
Mais 200 milliards investis dans une guerre qui a rendu la Russie deux fois plus puissante qu’en 2022, par sa rapide reconversion économique et par son industrie de l’armement inégalée, cela commence à faire cher.
Et que dire des 500 ou 600 000 soldats sacrifiés en pure perte ?
Il faudra bien que quelqu’un endosse la responsabilité du désastre et du massacre inutile. Et ce ne sera pas Poutine, qui était prêt à négocier dès le printemps 2022. L’histoire jugera.
Jacques Guillemain
https://ripostelaique.com/grave-erreur-de-calcul-zelensky-contraint-de-faire-tapis-a-koursk.html