Chaque jour qui passe depuis un mois et demi on apprend une nouvelle version du choix que la gauche, alliée à l’extrême gauche, prétend imposer pour la nomination d’un Premier ministre. Et ça change tous les jours.
Ce 21 août, on apprenait en effet, deux novations dont l’une ne manque pas de pittoresque.
La première vient de la présidence de la république : il était question, depuis un certain temps d’une réunion, autour d’Emmanuel Macron, de tous les chefs de partis, fixée, on ne sait trop pourquoi, au 23 août, peut-être en raison des jeux paralympiques à venir. A cette réunion on a inventé au bout de quelques jours, de faire participer Lucie Castets, qui n’est pourtant ni dirigeante d’un parti ni même élue, les associés du Nouveau front populaire prétendant l’imposer comme chef du gouvernement. Or, on découvre, à deux jours de son échéance que cette rencontre avec le chef de l’État se limitera aux quatre partis considérés. Les opposants de droite ne seraient invités que 3 jours plus tard, le 26 août.
Tout cela semble à ce jour conforter l’hypothèse la moins irrationnelle, celle d’un gouvernement rassemblant tous les centristes, face auquel on demanderait au rassemblement national et au groupe droitier d’Éric Ciotti de s’abstenir de toute coalition dite « des extrêmes » qui les conduirait à voter en faveur d’une quelconque motion censure déposée par La France insoumise et les alliés que ce parti conserve. Cahin caha un tel attelage pourrait éventuellement permettre l’adoption d’une loi de finances destinée, sinon à rassurer, du moins à calmer les créanciers internationaux et les autorités monétaires.
Mais la deuxième nouvelle du jour pourrait inquiéter ceux qui penseraient encore que le parti de Mélenchon s’inscrit dans une logique parlementaire et démocratique. La coalition qu’il a réunie en vue des élections législatives du 30 juin et du 6 juillet a, rappelons-le, obtenu en effet, au premier tour un peu moins de 9 millions de voix, soit 28 % des suffrages exprimés, et 180 députés, soit un petit tiers de l’Assemblée, au soir du second tour. À aucun titre, à aucun moment, cette nouvelle « bande des quatre » ne peut se prévaloir d’une quelconque majorité, ni dans l’opinion populaire, ni au parlement.
On se souvient pourtant que le citoyen Mélenchon, dès le soir du second tour, s’est exprimé sur le ton d’un Bonaparte au 18 brumaire, comme s’il était en mesure de dicter la composition du futur gouvernement, menaçant en quelque sorte de transformer ses « insoumis » en insurgés.
Or, ce qu’on aurait pu considérer comme le caprice d’un soir, d’un admirateur de Robespierre, de Chavez et du bolchevisme, trouve encore, 45 jours plus tard, un écho prolongé dans les propos de Mme Panot. Cette furie en effet dirige le groupe de députés de son parti. Et elle menace au micro de France Inter. « Nous irons dire au président de la République Emmanuel Macron qu'il doit respecter la souveraineté populaire, qu'il doit respecter le résultat des urnes et nommer urgemment Lucie Castets à Matignon », osant dénoncer un « coup de force du président qui n'est pas acceptable ». Vient alors l’avertissement révélateur : « Si le président nomme quelqu’un d'autre que Lucie Castets, nous déposerons une motion de censure »
Dans son univers parallèle une telle menace n’a de sens que si elle s’articule sur l’hypothèse que les quelques propositions phares de la démagogie des « insoumis » et du « nouveau front populaire », à savoir le retour à la retraite à 60 ans, l’augmentation du SMIC à 1600 euros et le rétablissement de l’ISF force, ou même justifie, le ralliement d’autres groupes politiques.
Ce qui est grave dans ce jeu dialectique ce n’est pas tant le caractère délirant de tels propos démagogiques ou des menaces de destitution proférées quelques jours plus tôt par le Mélenchon assisté des inévitables Bompard et Panot, mais l’impunité dont ils jouissent et la courtoisie dont les entoure la Macronie.
Quelque part sans doute, l'ancien ministre des Finances de François Hollande, qui deviendra Monsieur En Même temps, puis Monsieur Quoiqu'il en coûte, se reconnaît-il une affinité intellectuelle avec le monde parallèle de la gauche et de l'extrême gauche, ce qui explique cette coupable indulgence sans équivalent à droite.
Cette indulgence à sens unique doit cesser.
Tant qu’on ne mettra pas fin à la nuisance verbale de ces artisans de la destruction et de ces ingénieurs du chaos, tant qu’on ne ridiculisera pas le monde parallèle dans lequel ils raisonnent, tant qu’on ne sanctionnera pas les violations de la loi auxquelles se livrent leurs partisans, eh bien, oui le danger sera bien réel qu’ils transforment la France en un nouveau Venezuela.
JG Malliarakis
https://www.insolent.fr/2024/08/la-gauche-et-son-univers-parallele.html