Les plus anciens se rappelleront comment aux derniers jours de la IVe République les forces de l’ordre avaient tourné le dos au Régime failli. Ce fut sa fin. Tandis qu’Emmanuel Macron procrastine éhontément et que les partis multiplient les combines politiciennes avec, en effet, une inconsciente indécence, nous en sommes là de nouveau : la fin d’une république – la 5e ! – sans l’illusion, cette fois-ci, qu’une nouvelle Xe république sauverait le Pays. La IVe République est morte de la crise algérienne, la Ve, sans doute, de la crise migratoire. Pas si différentes ! La solution monarchique, la seule et vraie solution française, s’imposera-t-elle un jour ? En attendant, une phase de restauration nationale « autoritaire » – souhaitée par une majorité de Français – pourrait bien s’avérer comme nécessité des réalités de ce moment de notre Histoire. JSF
Par Vincent Trémolet de Villers.
« Derrière les larmes et la colère, c’est le constat implacable d’un échec politique, d’une défaite collective. »
Quand, plus de soixante fois par jour, un conducteur en France refuse d’obtempérer, nous ne sommes plus dans l’ordre de l’événement malheureux, mais dans celui de l’impunité arrogante.
« La France a tué mon mari . Par son insuffisance, son laxisme et son excès de tolérance. La France a tué mon mari. » Depuis qu’ils ont été prononcés, avec dignité et retenue, par la veuve de l’adjudant Éric Comyn, ces mots résonnent comme un reproche terrible et poignant. « Mort par la France » plutôt que « mort pour la France », quand l’épouse d’un militaire arrive à une telle extrémité, inutile d’attribuer ces propos à l’émotion ou à la peine. Derrière les larmes et la colère, c’est le constat implacable d’un échec politique, d’une défaite collective. Celle d’une société incapable de protéger ceux qui la protègent, impuissante à punir ceux qui la menacent.
La vie est faite d’accidents, de tragédies, d’affrontements, encore plus pour ceux qui ont la charge de l’ordre public, mais quand, plus de soixante fois par jour, un conducteur en France refuse d’obtempérer, nous ne sommes plus dans l’ordre de l’événement malheureux, mais dans celui de l’impunité arrogante. Un sentiment de toute-puissance qui repose sur les deux piliers de l’idéologie propagée par la gauche radicale : je ne suis pas coupable, puisque je suis une victime ; la loi française est illégitime, puisque « la police tue ». Et quand le gendarme ou le policier meurt, aucun comédien, aucun sportif, aucun prédicateur médiatique pour réconforter la veuve et l’orphelin.
Les mots de Mme Comyn sont un cri d’alerte dans la surréalité ouatée de cette rentrée. Le manège politique vain et stérile qui nous occupe depuis des semaines n’a malheureusement pas effacé le mal français. À La Grande-Motte, nos compatriotes de confession juive vivent sous la menace d’un incendie criminel ou d’un coup de hache homicide ; à Grenoble, des narcotrafiquants tirent à balles réelles dans des rues autrefois paisibles ; à Mougins, donc, un multirécidiviste a endeuillé toute une famille parce qu’il ne voulait pas montrer ses papiers. Menace terroriste, antisémitisme, délinquance ordinaire, agressions gratuites, délitement de l’autorité : les causes profondes de l’exaspération des Français n’ont pas disparu. Devant la violence du réel, les combinaisons politiciennes ont quelque chose de dérisoire ou d’indécent. VINCENT TRÉMOLET DE VILLERS