Beauvau confirme les infos de CNews
Dans sa démonstration, censée être un modèle de journalisme « rigoureux », Libération dénonce notamment l’origine « floue » de l’information relayée par CNews et le JDD. Le quotidien en veut pour preuve que ni les syndicats de professeurs interrogés par leurs soins, ni « une source policière locale », ni le parquet de Lille n’auraient été tenus informés de cette minorité d’enseignants ayant pris le parti de l’élève plutôt que celui de leur collègue. Autrement dit, parce que CheckNews n’a pas réussi à prouver la véracité de l’information des médias de « la sphère Bolloré », alors, nécessairement, cette information ne serait pas fiable, voire fausse. Manque de chance pour ces journalistes, leurs confrères incriminés n’ont pas tardé à leur répondre, source crédible à l’appui.
Quelques heures, à peine, après la publication de l’article, Amaury Bucco, journaliste police-justice chez Valeurs actuelles, assure sur X que l’information de CNews et du JDD a « bien été confirmée auprès de Valeurs, qui ne fait pas partie de la sphère Bolloré ». Dans la foulée, Gauthier Le Bret, journaliste politique de CNews, mis en cause dans l’article de Libération, abonde : « L’entourage du ministre de l’Intérieur nous réaffirme ce soir qu’une dizaine de professeurs, minoritaires au sein de l’établissement, ont pris le parti de l’élève, reprochant à l’enseignante d’avoir demandé à la jeune femme de retirer son voile. » Coup de grâce, son collègue du JDD, Jules Torres, dont l’article est également pointé du doigt par CheckNews, explique à son tour que, « n’en déplaise à Libé, Beauvau confirme à nouveau au JDD qu’une dizaine de professeurs du lycée Sévigné de Tourcoing, certes minoritaires dans l’établissement, se sont rangés du côté de l’élève ». Malgré cette confirmation plurielle de l’information des médias de « la sphère Bolloré », qui plus est fondée sur une source ministérielle, les journalistes de CheckNews n’ont, pour l’heure, ni modifié, ni mis à jour, ni même infléchi leur article. Contactés ce propos, ni Libération ni CheckNews n’ont pour le moment donné suite à nos sollicitations.
Libération, impartial ?
CheckNews, créé en 2017 dans le giron de Libération, ne serait donc pas aussi « rigoureux » ni « impartial » que Libération le proclame. Cela n’est pas si étonnant, quand on regarde de plus près son financement. Outre les 4,2 millions d’euros versés en 2023 au journal par le ministère de la Culture au titre des aides à la presse, le service CheckNews est également membre de l’International Fact-Checking Network (IFCN). Cet organe, qui dépend de l’Institut Poynter (« organisme de recherche sur le journalisme »), a été financé en 2017 à hauteur de 300.000 euros par l’Open Society de George Soros. CheckNews a par ailleurs remporté un prix de l’IFCN en 2018 d’une valeur de 50.000 dollars (42.331 euros), financé par l'ONG américaine de presse Omidyar Network. L'année suivante, Libération participait à une plate-forme européenne contre la désinformation, également financée par l'IFCN et, en partie, par l'Open Society de George Soros (40.000 euros).
Ce n’est pas la première fois que l’officine de vérification de Libération est attrapée en flagrant délit de désinformation par insinuation ou par omission. Durant l’été 2023, alors que la question du pluralisme de CNews était posée dans les médias, les journalistes de CheckNews affirmaient que « la grande majorité [des intervenants] est marquée à droite et à l'extrême droite ». Outre les approximations et le manque de définition de ce bel amalgame, ce que Libération omettait de préciser, c’est que la chaîne subit le boycott d’une partie de la gauche. Par ailleurs, si CheckNews reconnaît que CNews respecte les règles édictées par l’Arcom en termes de temps de parole, ils lui reprochent de ne pas en faire assez... Où sont donc passés les engagements de rigueur et d’impartialité du service CheckNews ?