Discriminations antichrétiennes : un sujet mondial
En Afrique, le rapport de l’AED met en évidence que la violence islamiste s’est déplacée du Moyen-Orient vers le continent africain. Les chrétiens de pays comme le Nigeria et le Burkina Faso en sont les premières cibles, avec des attaques de plus en plus meurtrières visant à éradiquer les populations chrétiennes. Les groupes armés islamistes s’attaquent à ces communautés en raison de leur foi, bien qu’ils touchent aussi les musulmans traditionalistes. Cette année, des dizaines de chrétiens ont été tués dans les régions du Sahel pendant les célébrations de Pâques, et les violences croissantes forcent des milliers de chrétiens à quitter leurs villages. Au Moyen-Orient, des années de conflits ont laissé des traces profondes sur les communautés chrétiennes de Syrie, d’Irak et de Terre sainte, où les chrétiens sont aujourd’hui à peine 250.000, contre 1,5 million avant la guerre.
En Europe même, les discriminations anti-chrétiennes sont aussi en hausse. Le dernier rapport de l’OIDAC [Observatory on Intolerance and Discrimination against Christians/Observatoire de l'intolérance et de la discrimination contre les chrétiens, NDLR] signale une augmentation de 44 % des incidents recensés en 2023, incluant profanations d’églises, incendies et menaces contre des croyants. En France, pour la seule année 2024, 14 églises ont été volontairement incendiées et 854 églises ont été vandalisées en 2023, des chiffres bien supérieurs aux incidents touchant les lieux de culte musulmans, avec 77 attaques recensées en 2023, selon la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH).
Des politiques de protection déséquilibrées ?
Alors que les politiques européennes se concentrent principalement sur la lutte contre les discriminations anti-musulmanes, les discriminations antichrétiennes semblent être souvent minimisées. En Afrique, malgré les appels de l’AED et de Mgr Bachar Warda, archevêque d’Erbil, les réponses internationales sont faibles. Côté européen, la protection des églises et des communautés chrétiennes semble recevoir une attention moindre, malgré la hausse significative des incidents.
Cette situation pousse les dirigeants chrétiens à réclamer une révision des priorités de protection et une reconnaissance des difficultés rencontrées par les chrétiens. En Europe, la majorité chrétienne autochtone devient paradoxalement un groupe de plus en plus marginalisé, exposé à des actes de haine en raison de son héritage et de ses valeurs. À l’échelle internationale, la montée des violences islamistes et la persécution dans des régimes autoritaires comme la Chine et l’Iran montrent que les chrétiens sont confrontés à un défi mondial, nécessitant une réponse coordonnée et équitable pour toutes les communautés religieuses.