Cette annonce relance le débat sur l'utilité des médicaments. Quels sont les grands médicaments, sous-entendu utiles ? Quels sont les petits médicaments, sous-entendu inutiles ? Quels sont les médicaments dont la Sécurité sociale doit prendre en charge le remboursement ? Qu'est-ce qu’un médicament utile ? Qu'est-ce qu'un médicament efficace ?
Efficacité = utilité ? Pas aussi simple !
Nous avons tendance à un peu tout mélanger et penser qu’efficacité est synonyme d'utilité, et à croire que les médicaments qui sont remboursés sont efficaces et utiles et pas les autres. Un médicament qui n’a pas fait la preuve de son efficacité est, pour la plupart des malades, un médicament inefficace. Ce n'est pourtant pas aussi simple.
Est-ce que le fait de ne pas avoir passé de test de QI pour faire la preuve de votre intelligence vous classe irrémédiablement parmi les imbéciles ? Bien sûr que non. De même, un médicament qui n’a pas fait la preuve de son efficacité n’est pas forcément inutile. Pour affirmer leur efficacité, les médicaments sont soumis à de nombreux tests et études cliniques qui coûtent très cher, et certains laboratoires préfèrent ne pas effectuer ces tests et être déremboursés (sachant que le marché pour leur médicament existe), ce qui leur permet d'avoir un prix de vente libre.
Certains « petits » médicaments rendent de grands services
Alors, qu'est-ce qu'un médicament efficace ? Pour faire simple, on peut dire qu'un médicament efficace est un médicament dont l'action est très nettement positive par rapport à celle d'un placebo. On peut, dès lors, estimer qu'il est utile. Pourtant, il peut être très efficace et totalement inutile, comme lors de l'utilisation de chimiothérapie chez un cancéreux au stade terminal. À l'inverse, il est des petits médicaments que l'on peut être tenté de classer parmi les médicaments inutiles mais qui rendent de grands services, comme les veinotoniques à forte dose dans les crises hémorroïdaires.
Dérembourser des médicaments : sur quels critères ?
Pour définir le remboursement des médicaments, la Sécurité sociale fait le choix de s'en tenir à des critères d'efficacité définis par des normes sans tenir compte du service rendu aux malades. Mais a-t-on appliqué ces mêmes règles pour le remboursement des vaccins contre le Covid-19, alors qu'ils n'avaient pas fait la preuve de leur efficacité (pour la bonne raison qu'ils étaient encore au stade expérimental) et qu'on ignorait totalement les effets secondaires pour pouvoir juger d'un rapport bénéfice/risque en faveur du produit ? La situation était, certes, différente et les décisions se prenaient dans la panique. Mais maintenant que nous avons un peu de recul, on peut s'apercevoir de l'inconséquence de certains propos tenus à l'époque.
Pour revenir à ce projet de déremboursements de certains médicaments, d'autres questions se posent. Même si un médicament est efficace et le plus souvent utile, donc remboursé par la Sécurité sociale, comment expliquer que cette dernière accepte de rembourser à des prix très différents le même produit présenté sous des formes différentes ? Pourquoi la Sécurité sociale accepte-t-elle de rembourser autant de prix différents pour une même substance, alors qu'elle pourrait ne baser son remboursement que sur la galénique et la quantité de produit actif ? Et, question subsidiaire : pourquoi accepte-t-elle de rembourser une boîte entière alors que seulement quelques comprimés seront nécessaires au traitement ?
Ainsi, un problème qui semble aussi simple que celui du remboursement ou du non-remboursement des médicaments en fonction de leur efficacité ou de leur non-efficacité est beaucoup plus complexe qu'il n'y paraît. Et malheureusement, une fois de plus, ces mesures, si elles sont appliquées, ne porteront tort qu'à ceux qui n'ont que des moyens limités pour payer leurs frais de santé.